CHAPITRE 33

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ABDOURAHMANE SALL

Mossane a fait le choix de ne pas me parler de sa grossesse jusqu’à ce que je le sache par mon fils.

Il est vrai qu'à sa première grossesse, je n’avais pas été le meilleur des maris, je n’avais pas été présent à cause de toutes ces histoires qui ont finies par avoir raison de notre couple, mais c’est mon enfant et je méritais de savoir.

Je ne lui en ai pas parlé non plus car je comprends son choix, aussi difficile soit-il pour moi. J’ai attendu qu’elle se décide à m’en parler. Et tout ce que j’ai eu d’elle c’était un message me disant qu’elle voulait me parler.

Je suis allé chez ses parents, le jour de l’anniversaire de Mouhamed. Et à ma grande surprise, je vois qu’elle était sur le point d’accoucher, elle était presque à terme. Elle m’a juste expliqué qu’elle avait voulu vivre cette grossesse paisiblement loin de moi et de tous ces problèmes qu’elle a rencontrés lors de sa première grossesse.

Que dire ? Que faire ? Comment réagir ? A quoi bon même ?

Elle va bien, sa grossesse se déroule normalement et Mouhamed va bien, malgré le fait qu’elle l’ait sevré à un an.

On n’a pas parlé de nous, elle ne me laisse même pas lui expliquer. En fait, elle m’a jugé et condamné sans m’accorder le bénéfice du doute. Pour elle, j’étais coupable et bon pour la « guillotine ». Elle agit avec moi exactement comme je l’ai fait avec elle, sauf que les circonstances ne sont pas pareilles.

Et malheureusement, aujourd’hui je me sens impuissant face à tout ça et je ne sais vraiment pas quoi faire. Je ne veux pas que mes enfants soient élevés par quelqu’un d’autre que moi. Je n’ose même pas imaginer Mossane avec un autre homme. Rien qu’à le dire même, j'ai mal au cœur.

Personne ne pourra jamais comprendre ce que je ressens pour elle, même moi je ne le comprends pas.

Je ne me force pas à l’aimer, je l’aime naturellement. Quand je ferme les yeux, c’est elle que je voie. Elle est là, dans ma tête, dans mon cœur, dans ma peau.

Le matin quand je me réveille, il me faut au moins dix minutes pour assimiler la situation et me rendre à l’évidence que je ne me suis pas réveillé sous le même toit qu’elle. Et chaque matin c’est pareil, depuis qu’elle est partie, tous les matins.

Je ne vis tout simplement plus.

Avec Aïcha, c’est pas encore ça. Elle a retrouvé son calme d’antan. Peut être parce que Mossane n’est plus là ou pour tout ce qui s’est passé. Je ne sais pas. Elle ne me regarde même plus. On ne se parle pas trop en fait. Je ne lui en veux pas car chacun commet des erreurs mais je pense que je méritais de savoir certaines choses. Je ne l’aurai jamais jugé car la seule faute qu’elle a commise a été de tomber sur des salauds de la pire espèce.

Quand je l’ai connu, elle n’était pas trop bavarde ni extravertie. Quand j’ai posé mon regard sur elle, la première chose qui m’avait frappée chez elle c’était l’expression de son regard, que je comprends maintenant. Je l’aimais bien que ça ne sera jamais comme avec Mossane mais avec ses mensonges et ses agissements, elle a réussi à tout détruire et il me faudra réapprendre à lui faire confiance.

LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant