Chapitre 25 : Et les jours défilèrent....

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Les jours passaient et se ressemblaient. 

Pour le plus grand bonheur de sa mère, Gaspard et Richard revinrent à la maison. On les accueillit en grande pompe, comme s'ils étaient partis à la guerre. Gaspard délaissa sa garçonnière pour la maison familiale. Le choix était surprenant mais lady Julia mis cela sur le compte des dangers auxquels avaient fait face Thémis durant son enquête. 

Enquête qui fut retirée à la jeune inspectrice pour passer sous la responsabilité d'un enquêteur « plus expérimenté ». Il arrêta plusieurs londoniens des Bas-Quartiers sur qui il pouvait rejeter la faute sans que personne ne se plaigne de l'injustice commise. Il ne manquait plus qu'inventer un mobile pour clôturer l'enquête, rendant ainsi heureuse la reine Victoria. Kingdom venait souvent rendre visite à la jeune femme afin de lui raconter les dernières bévues dudit « expert ». Dieu, que ces commérages l'amusaient !

La maison irradiait d'une chaleur printanière qui la plongea dans une douce torpeur. L'accalmie avant la tempête, murmurait son intuition. Thémis décida de faire la sourde oreille. La froideur dont fit preuve Lord Richard lors de son enquête n'était qu'un lointain souvenir. Ce fut une famille à nouveau unie qui se joignit aux festivités automnales. L'illusion actuelle était parfaite. Qui aurait douter de leurs intentions lorsqu'on voyait la complicité entre la sœur et le fripon qui lui servait de frère ?

La seule ombre au tableau était le scepticisme de Roy. 

Leur attitude, trop enjouée à son goût, éveillait sa méfiance. Roy se demanda si c'était une manière comme une autre de se racheter après avoir vendu Thémis pour des privilèges. Quelle tristesse de voir leurs relations faussées par la cupidité ! Il avait beau les observer, rien ne les trahissait. Ça le rendait fou de ne pouvoir percer leur véritable nature ! Lui et le Primum accompagnaient la jeune femme à chaque sortie : leurs fiançailles et son ascension en tant que « tête de famille » leurs fournissaient l'excuse parfaite pour la suivre partout où elle allait. Heureusement, Thémis s'était liée d'amitié avec Lysandre qui, en plus d'avoir un effet apaisant sur elle, était une excellente guerrière.

A la lumière des récents événements, la jolie elfe abandonna l'idée de sa vengeance. Elle qui voulait dévoiler leurs sentiments mutuels grâce au plus ancien des subterfuges — la baronne de Rostchild, personnification de la jalousie des femmes —, avait été forcée d'abandonner sa vengeance lorsqu'elle sentit son Primum prendre compagne. Thémis était, dans le réseau constellationnaire de la meute, l'étoile brillant de mille feux. Elle respirait la fraîcheur et le nectar de jours meilleurs. Son éclat était mis en valeur par le point ensoleillé à ses côtés. Reliés tous deux par une corde écarlate, ils communiquaient aux métamorphes une force nouvelle.

Roy tenta de parler avec sa sœur mais cette dernière lui rappela les derniers événements : l'automobile avait eu un succès retentissant ! Le moteur à gaz fut rapidement remplacé par le pétrole, officialisant ainsi le contrat avec les Etats-Unis. Il fut facile pour Gaspard de convaincre les américains d'importer leur plus grande richesse. Il avait suffi de leur faire miroiter un accès illimité à la haute société londonienne. Leurs bagages débordant d'argent seraient toujours bienvenus ; le continent sauvage d'où ils venaient, moins. 

Afin d'assurer aux Barowmerry un lien permanent avec Midas, Gaspard était prêt à sacrifier la pureté de leur lignée. Il avait prévu d'épouser une de ces américaines qui viendraient — assurément —, chercher un titre de noblesse. 

Ainsi, Barow'Entreprise contrôlait tant le marché de l'automobile comme l'importation de pétrole en Angleterre. Ou presque, car c'était auprès des surnaturels qu'ils quémandaient le matériel nécessaire : l'hydrocarbure était puisé par les wichtlein ; les ouvriers humains suppléés par des gnomes, plus robustes... 

Les Barowmerry devenaient les médiateurs dans la nouvelle ère où la loi du plus fort prévalait. La présence — de plus en plus nombreuses —, de créatures fantastiques dans les rues et salons londoniens, était la preuve flagrante que les pétales de ladite ère avaient éclos. 

Carpe Diem : Folies NocturnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant