CHAPITRE 26

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ASTOU DIOUF

Après le repas et après avoir fini mon travail, je suis allée dans ma chambre pour faire la sieste. Aïcha est venue taper à la porte.

-Astou, surveille les enfants, ils font la sieste. Je ne vais pas tarder à revenir.

Mais à peine est-elle partie que j'ai oublié ce qu'elle avait dit tellement j'étais fatiguée. On était en fin de semaine et avec la grossesse de Mossane, j'ai plus décharge de travail.

Je fus plus tard réveillée par ses cris et elle a commencé à m'insulter.

-imbécile, je te dis de surveiller mes enfants et tu te paies le luxe de dormir les laissant seuls. Regarde, je les ai trouvé dans la cuisine et maman Coumba s'est coupée avec le couteau. Tu n'es même pas foutu de ranger la cuisine comme il se doit.

J'étais assez surprise par ses cris car je n'étais pas réveillée à cent pour cent mais je l'étais encore plus par la blessure de la petite. J'ai alors essayé de la calmer.

-je suis désolée Aïcha, j'étais très fatiguée et...

-DIMBALIMA ! ni rek nguéne di def, souniou léne yatalé def léne niit rek nguéne commencé di def louléne nekh. May wakh nganane dangay sieste. yaw ak kilafi indi yéna yem, ay badola nguéne wayei doyna seuk (fous moi la paix ! dés qu'on commence à bien vous traiter, vous prenez vos aises. Et tu oses faire la sieste. Tu es pareille à celle qui t'a amené ici, vous n'êtes que de pauvres personnes). Tu vas dégager d'ici tout de suite. Allez lève toi et fous le camp.


-Aïcha yaw indi woma fi teih dou yaw yamay fay bamay dakh (Aïcha, ce n’est pas toi qui m’as engagé et tu ne paies pas non plus mon salaire pour te donner le droit de me renvoyer). Maintenant, tu vas sortir de ma chambre. Je ne veux pas de problème. Je t’ai dit que j’étais désolé mais je ne te permets pas de m’insulter.

Sans répondre, elle est sortit et croyant qu’elle était revenue a la raison, j’entrepris d’aller prendre une douche mais à peine j’attrapais ma serviette qu’elle rentra comme une furie dans la chambre, avec sa fille attachée au dos et qui n’arrêtait pas de pleurer.

Elle m'a alors tiré hors de la chambre et a commencé à m'insulter de la pire des manières. C'est à ce moment que Mossane est arrivée et qu'après tonton Abdou est apparu. Je ne savais même pas qu'il était là. Quand j'allais faire la sieste, il n'y avait que Aïcha à la maison.

Je m'entendais bien avec Aïcha qui m'a même une fois offert une perruque en cheveux naturels. Elle ne m'a jamais traité comme une employée de maison ni Mossane d'ailleurs qui m'a amené ici, mais comme je passais beaucoup de temps avec Aïcha, on a fini par familiariser.


C'est ainsi qu'elle a retourner contre Mossane, me manipulant en me posant toutes sortes de questions sur elle. Et à chaque fin du mois quand on me payait, elle m'en rajoutait toujours. J'étais bien payée et bien traitée ici. Le travail n'était pas difficile. Mes taches consistaient à faire les pièces communes et la chambre des enfants ainsi que la cour.

C'était elles même qui faisaient leurs chambres. Ce n'est que récemment, quand Mossane a eu des complications avec sa grossesse, que j'ai commencé à cuisiner pour elle les jours où elle devait le faire et à faire sa chambre.

Mais là, Aïcha a dépassé les bornes aujourd'hui et je ne voulais pas me laisser faire. Ce n'est pas parce que je suis sa bonne qu'elle doit se permettre de me traiter de la pire manière. Je la menaçais seulement car je croyais que tonton Abdou n'était pas à la maison. Mais à ce que je voyais, il était là depuis très longtemps car j'avais l'impression qu'il venait de se réveiller de sa sieste.

-Abdou, ne me dis pas que tu vas croire cette menteuse. Elle ment et je ne vais pas la laisser se foutre de ma gueule comme ça devant tout le monde, cria Aïcha lorsque tonton Abdou nous a invité à nous assoir.

-Aïcha, tais toi et assis toi. Vas y Astou, je t'écoute, nous dit-il fermement.

Je lui racontais l'histoire dans les détails. Quand j'ai fini, il a appelé Mossane et lui a dit

-Mossane, c'est toi qui l'a amené ici. Je ne sais pas si tu comptes la garder ou pas? Dis moi!

-c'est toi qui la paie non? Mais je pense pas qu'elle puisse rester ici après ce qui vient de se passer. Paie lui les jours qu'elle a travaillés, qu'elle s'en aille.

Puis elle est montée. Aïcha, elle, pleurait et tout ça était bien fait pour elle.

Au lieu de s'occuper de son mari comme il se devait, elle a passé ces derniers temps à organiser et à conspirer pour le baptême du bébé de Mossane qui n'était même pas encore né. Elles disaient qu'elles allaient humilier Mossane en donnant des cadeaux beaucoup plus riches à sa belle famille. Je suis sûre que c'est à cause d'elle et de ses satanées copines et de leurs mauvaises langues que Mossane tombe sans cesse malade et a tout le temps des problèmes avec sa grossesse.

Tonton Abdou m'a payé mon salaire du mois entier alors que je n'avais travailler que neuf jours et m'a demandé de partir.

Je suis allée rassembler mes bagages le coeur serré car rien que pour la chambre où ils m'avaient logée, je pouvais travailler gratuitement.







AÏCHA NDIAYE

Mon mariage est terminé. Abdou sait que je lui ai menti maintenant et il ne me le pardonnera jamais. Pire encore, avec tout le cinéma que j'ai fait ce jour là pour diaboliser sa femme, comment vais-je le regarder en face maintenant?

Et pourtant cette fois ci, je n'y étais pour rien et si j'ai menti à Abdou, c'est bien parce que je ne voulais pas qu'il ait une mauvaise image de ma mère.

Je me suis donnée en spectacle devant ma coépouse, ses amies, les employés de maison et pire encore devant mon mari qui a assisté à toute la dispute sans que je ne m'en rende compte.

Quand je sortais, il n'était pas encore rentré du travail. Il devait faire 16 heures quand Coura m'a appelé pour que je vienne voir des tissus qu'une de ses amies vendait. Elle voulait que j'en prenne pour en faire cadeau à ma belle famille au baptême du bébé de Mossane et la discussion s'est avérée animée et je suis restée oubliant même les enfants.

Une fois de plus, je me mets à l'évidence que j'ai détruit mon mariage toute seule. J'ai été la principale actrice de l'échec de mon mariage. Depuis que cette femme est entrée dans ma vie, je n'ai eu qu'un seul objectif: l'éjecter de ma vie et de celle d'Abdourahmane. Et ce, à tout prix. Depuis que je suis revenue dans cette maison, je n'ai fait qu'essayer de rendre la vie impossible à sa deuxième femme. J'en ai oublié Abdourahmane et la vie que je devais avoir avec lui. Je l'ai négligé, m’embourbant dans mes propres conspirations.

Cette fois ci, personne ne m'a humilié. Je l'ai fait moi même en me rabaissant à me disputer avec ma bonne et pire encore quand Mossane est arrivée avec ses copines. Je n'avais rien pour me défendre et je n'ai pas attendu qu'Abdou me passe un savon, je suis montée dans ma chambre et m'y suis enfermée, attendant qu'il vienne me libérer car c'était tout ce que je méritais. Jamais je n'ai eu aussi honte de ma vie.

Il est revenu très tard, m'amenant la petite qu'il avait amenée à l'hôpital. Comme ce fut le cas pour l'accident de Amadou, je n'avais pas été là pour surveiller mes enfants. Il n'a rien dit, pas un seul mot. Je m'attendais à ce qu'il me crie dessus ou même me dise des choses qui me feront pleurer, qu'il me blesse, j'aurai préféré cela, mais non, il n’a rien dit. Il est ressorti car il n'était pas de tour chez moi. Et c'était tant mieux même.

Le lendemain, je n'ai pas pu sortir de ma chambre tellement la honte me tenaillait. J'ai fait profil bas toute la journée priant que cela passe vite. Abdou est rentré du travail et comme à son habitude, il est passé me saluer, comme si de rien était. Si la honte pouvait tuer! mon Dieu....



LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant