S05 - EP 02 ● part IX

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ÉPISODE 122 - (partie 9/11)

Saisi par le visage en larmes, Jonathan réalisa que c'était la première fois qu'il voyait Dean pleurer. Si le ravisseur avait une dent contre Dean, il tenait sa vengeance. Il n'y avait qu'une façon de briser cet homme.

— M'étouffer ne t'avance à rien, tenta-t-il avec peine.

Mais raisonner Dean ? Tout aussi oiseux. Jonathan rua. Hélas, sa pratique de karaté depuis l'enfance ne suffisait pas à déloger un homme doué en self-défense, d'une force nourrie au désespoir. Dean lui meurtrit à nouveau les omoplates en le plaquant contre le paravent.

— C'est de votre entière faute à vous, les Leblanc.

— Tu viens de la même souche.

Dean ne put le réfuter. Il avait laissé son fils le convaincre de sa sécurité en présence des Leblanc. Il s'en repentait amèrement. Il avait essayé de faire confiance, il en payait le prix avec la prunelle de ses yeux. Pourquoi cela survenait quand il trouvait un point d'équilibre dans sa vie ? Il se découvrait enfin de nouvelles raisons d'exister, et on lui enlevait son ultime raison d'être ! De quoi le punissait-on ? D'être indigne de sauvegarder le monde qu'il bâtissait à la force de ses bras ?

En qui placer sa confiance désormais, si en lui-même il n'y parvenait plus ? Il autorisait la distraction au détriment de sa priorité première. Ce coup du sort l'instruisait sur la perte de son sens des priorités. Une pensée terrible lui vint. Il avait refusé de voir les signaux d'alarme.

Malgré les sous-entendus, les tentatives et les demi-mots de son amant, son fils ne montrait aucune d'ouverture d'esprit sur l'éventualité de son couple avec Red. Comme si, inconsciemment, Rudy pressentait que le phénix éclipserait le soleil. Les faits parlaient d'eux-mêmes. Dans les bras de Red, il en arrivait à oublier Rudy. Son propre sang, la chair de sa chair. La douleur dans ses entrailles l'empêcha de respirer. Sa poigne se relâcha.

— C'est votre faute, répéta-t-il, tel un mantra.

Il avait besoin d'un coupable.

« Tu es seul coupable, Dean. »

— C'est de votre faute, si on a enlevé mon ange. Tu le piges, tête de nœud ? Dis-moi que tu entends ce que je dis.

Il ne savait plus ce qu'il disait. Jonathan opina du chef, sans doute par pitié. Son air pathétique inspirait certainement de la peine. Mais qui supplier pour qu'on lui rende son fils ?

— Tu as besoin d'un sédatif, Dean, conseilla Jonathan.

Avec une pression émotionnelle si élevée, l'esprit et le corps de Dean ne bouderaient pas l'aide d'un calmant. Jonathan regretta sa suggestion, quand elle provoqua un regain d'énergie chez son agresseur, décidé à passer ses nerfs sur lui.

— J'ai vécu des années loin de vous. Rien ne s'est jamais produit. Vous attendiez sa majorité, hein ? Qu'il devienne adulte, qu'il devienne un homme, pour me le ravir !

Le paravent vacilla à nouveau sous l'impact. Jonathan serra les dents. Dean lui cracha au visage :

— Mais c'est mon garçon. Le mien ! Mon petit garçon, mon seul ange. (La rage céda au sanglot, la hargne aux suppliques.) Hé, rendez-le-moi, hm ? Rendez-le à son père. C'est mon bébé, mon unique réussite.

Jonathan inspira par la bouche. À cette allure, la détresse de Dean appellerait la sienne. Or s'ils craquaient tous, ils ne s'en sortiraient plus. Il la voyait du coin de l'œil, Natasha se changeait lentement en madeleine.

HOT CHILI - saison 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant