S05 - EP 31 ● part II

1.4K 235 14
                                    

ÉPISODE 151 – (partie 2/4)

— C'est sa version. Attends d'entendre la mienne.

— Oh la tienne on la connaît, Dean, se gaussa Sonia. Tu voulais juste en mettre plein la vue à tes potes et faire les pieds à ton père. Ce n'est pas plus glorieux, asséna-t-elle sans pitié.

— J'étais amoureux de toi, idiote ! s'emporta Dean.

— Je sais, ronchonna-t-elle, gênée.

Toujours aussi direct, celui-là. Ça n'avait pas changé. Rudy cligna des yeux. Avait-il la berlue ou sa mère rougissait ?

— Ça n'a jamais été le cas pour toi ? T'étais pas amoureuse de lui ?

— Je l'ai cru à un moment, mais je faisais erreur, confia-t-elle avec franchise. Je l'avais dans la peau, mais c'était plus... (Elle hésita.) Oh, et puis zut. T'es un grand garçon. C'était plus charnel... C'était « magnétique ». Parce qu'il était charismatique.

— Ça ne sert à rien de flatter mon ego si tu me brises le cœur dans le processus.

— Silence ! firent Rudy et Sonia, synchrones.

Ouais, dans ces moments-là, tu es bien le fils de ta mère ! songea Dean, aigre.

— Je ne te brise pas le cœur, je te sors de tes illusions, déclara ladite mère. Illusions dont j'ai aussi été coupable, reconnut-elle, mélancolique. C'est ce magnétisme que j'ai pris pour de l'amour, Rudy. Ça s'en apparentait, mais ça ne l'était pas. Je le sais parce que je vois la différence avec Marc. J'aimerais pouvoir enjoliver cette histoire, mais je ne suis pas une grande romantique. Toutefois, j'ai le sentiment que ça aurait pu fonctionner, si on avait trouvé le bon équilibre, dit-elle en regardant Dean avec une certaine nostalgie. Parce qu'on se complétait bien dans le vice, dit-elle, mutine.

Dean remua la tête.

— Admets-le, Dean.

Ils avaient été de parfaits partenaires de crimes. Et de parfaits partenaires de danse.

— Pourquoi vous n'avez pas pu trouver le bon équilibre ? chuchota Rudy.

La tristesse dans la voix de sa mère n'avait pas été feinte, à l'instar du trouble de Dean. Ils n'avaient jamais eu cette discussion du type « bilan après divorce ». Il paraissait que cela aidait quelquefois à se reconstruire. Pas toujours, mais il arrivait que des ex-conjoints passent un cap, aillent de l'avant, en s'expliquant pourquoi ça n'avait pas tenu.

— Tu apprendras qu'une relation foncièrement basée sur l'amour est un non-sens pour l'Empire, maugréa Sonia.

Elle glissa des doigts tendres dans sa crinière malmenée. Sa coupe affreuse la titillait. Les infirmiers la lui avaient vraiment massacrée.

— Et toi, tu as un petit-copain ?

— Change pas de sujet ! coassa Rudy.

Ses rougeurs furieuses le vendirent. Sa mère savait qu'il aimait un garçon ? Timothy, qui d'autre ! Il dirait deux mots à cet échalas. Sinon, elle donnait l'air de bien le prendre.

— Je suis toujours dans le thème, se défendit Sonia. Ta peau te vend, mais d'une force !

— Arrête ! C'est pas drôle.

— Ne t'inquiète pas, tu bronzeras à nouveau, le rassura-t-elle.

Elle venait de saisir que sa pâleur vendait aussi autre chose : sa séquestration. Elle lui en détourna les pensées.

— Mignon comme tu es, tu as forcément un copain. Et vu ta réaction...

Dean se mordit l'intérieur des joues pour ne pas rire. Rudy, ce piètre acteur.

« Piètre pour ces choses-là. Jusqu'ici tu n'es pas fixé sur son état émotionnel. »

Il ne parvenait plus à lire en son fils comme avant. Rudy était un livre fermé. En d'autres termes, Dean venait d'être définitivement banni de la Guilde des Devins. À cette allure, il ne saurait jamais ce qu'il s'était passé. Le chantier de reconstruction de son rejeton s'annonçait faramineux. Pendant ce temps, Sonia ne lâchait pas son bout d'os.

— Comment s'appelle-t-il ?

— Rey...

— Rey ?

— Lee-Cooper.

— Le modèle ! Non, j'y crois pas !

— S'il te le dit, lâcha Dean, blasé.

— Laisse-moi faire ma commère deux secondes.

— Va faire ta commère ailleurs, s'indigna Rudy.

Il n'était pas tenu d'en discuter de ça avec sa mère. Sortir avec un garçon n'impliquait pas qu'il devienne la « copine de maman » !

— Es-tu obligé de tout faire comme ton père ? l'accusa Sonia. Il est sorti avec une mannequin, tu sors avec un mannequin. Cela dit, tu as très bon goût. Comme son père, ton mec est bel homme, apprécia-t-elle. Le professeur Lee-Cooper, nan, Maître Lee, rectifia-t-elle.

Dean grimaça.

— Il y a belle lurette que Marshall n'est plus professeur. Mets-toi à jour.

Rudy ne chercha pas à en savoir plus. L'anecdote appartenait au passé de ses parents. Quant à ce cher Marshall... Ouvrir ce tiroir-là le destinait à déprimer sévère. Et si, durant sa captivité, Rey avait perdu son... Non. Non, non. Il refusait de penser à la mort après l'avoir frôlée il y a moins de vingt-quatre heures.

Rudy se focalisa sur ses géniteurs. Pourquoi cet ancien couple ne pouvait-il pas rester sur cette longueur d'onde ? L'ambiance ne lui déplaisait pas. Elle était géniale même, au regard de leur histoire tumultueuse. Mais inutile de se raccrocher à de faux espoirs.

— Votre câlin, vous n'y couperez pas, vous savez.

— Tu es pénible, tu le sais ? souffla sa mère.

— Tu ne m'apprends rien, bougonna-t-il.

Venant d'elle, cette remarque ne lui avait pas manqué.

— Ce n'est pas drôle si on est que deux à le faire, remarqua Dean.

Rudy fit la moue, pour la forme. Tel un bébé panda étreint par ses parents, il savoura le câlin collectif. Fermant les yeux, il huma leur parfum. Il possédait une mémoire plutôt olfactive. Aussi grava-t-il ce moment dans sa boîte à souvenirs défectueuse. À chaque fois qu'il sentirait ces fragrances, l'émotion ressentie à cet instant ressurgirait. Et contrairement à ses souvenirs, il ne laisserait plus personne lui dérober ses émotions.


*o*o*

TBC ● EPISODE 31 – part 3

*MEDIA*
Intro vidéo : Shinedown - "Evolve", de l'album ATTENTION ATTENTION. Ces lyrics vont à merveille à Sonia.

Opinions are biased, shut up and be quiet
I'm trying to make you understand
This is what you're up against
Powerful, powerless
Leaving with the upset
Here to stay, by the way, I turned it around
In a room full of mirrors I figured it out

I had to take leave of my senses
To draw my own conclusion
Had to swing for the fences
To find my own solution
In a world gone mad, it's all so sad
Look what we've become
Welcome to the age of the new evolution

Evolve, evolve
New evolution
Evolve, evolve
Evolve, evolve

Conditioned to fight it, so bring on the riot
Cause we're all invited to the dance
Raise a glass now for the damned
Terrorized, terrified
Praying for your fucking life
Wide awake, dominate
I figured it out
In a room full of mirrors there's only one way out

HOT CHILI - saison 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant