HOT CHILI - saison 5

S05 - EP 04 ● part VIII

ÉPISODE 124 - (partie 8/9)

Investigation, jour 5.
Jet privé de la famille Leblanc.
20 h 05.

Nil introduisit enfin la réunion de famille :

— Bien, que savons-nous et qu'avons-nous ?

Première nouveauté, le débriefing se déroulait en altitude, dans un décor fastueux de cuir beige, bois noble et rainures d'or. Le choix du mobilier du jet privé ne donnait pas dans le luxe ostentatoire. Mais si l'aménagement du moyen de transport était confortable et pratique, les matériaux recouvrant les surfaces rappelaient tout de même qu'il coûtait pas mal de millions de dollars.

Quatre heures plus tôt, Nil recevait un appel de l'oncle de Rudy, Dan Leblanc. L'homme mettait à la disposition de son équipe un Gulfstream, si l'enquête se poursuivait à Balmer. Le poil hérissé, l'inspecteur avait vu d'un mauvais œil ce parfait timing. Les Leblanc possédaient définitivement une antenne dans son service. Là encore, ce pouvait être l'œuvre de Vince, par le truchement de son fils, anticipant la suite des opérations après l'obtention de la commission rogatoire. La corrélation avec le dernier rebondissement en date restait questionnable. Mais Nil ne se méfierait jamais assez.

Seconde nouveauté, le vol accueillait sept passagers au lieu des six membres permanents de l'Équipe. L'agent Adam Perry rejoignait le club, car Nil avait besoin de renfort fiable pour évoluer en terre inconnue.

Makiko cessa de « tailler » ses ongles et leva la main comme une première de la classe. Nil espéra qu'elle n'ait pas à utiliser cette arme au cours de l'enquête. L'agent Umejima « aiguisait » ses ongles au lieu de les limer. Elle les coupait en pointe, puis les couvrait d'un film durcissant, pour qu'ils entaillent au sang. En close-combat, cette femme se battait salement.

Sans tenir compte du bras levé, Peter prit la parole, les yeux rivés sur son jeu de majong sur tablette.

— On a un gamin dont on ne sait s'il a été enlevé ou s'il a fugué.

— On a soit un môme qui fait vivre un cauchemar à son père, pour punir ses cachotteries au sujet de sa liaison, soit un jeune adulte manipulé, enchaina Maria.

Elle réprima son sourire, consciente de l'agacement de Makiko. Répondre sans autorisation de prise de parole contrevenait aux règles. Mais seule Makiko était à cheval sur ces fichues règles, quand l'éditeur lui-même n'en tenait pas compte. Asticoter Makiko amusait tout le monde de manière tacite. Paloma rajouta sa part :

— On table tout de même sur un enlèvement. Rudy agit certainement sous la contrainte, psychologique, chimique, ou les deux. Sinon, il n'aurait pas abandonné son amulette d'une réelle valeur sentimentale.

Feignant d'ignorer le regard vexé de Makiko, elle retira le stylo coincé derrière son oreille et griffonna des fleurs sur son bloc note. Sa collègue leva à nouveau la main.

— À moins qu'il ne fasse aussi la gueule à son petit-ami, intervint Mike, en plein nettoyage de son arme de service. Rey Lee-Cooper, qui lui a offert l'amulette, entretient toujours sa relation avec miss Bianca Bacchum.

Makiko leva de plus belle la main. Adam suivait la scène, se demandant ce qui lui échappait. Nil les prit en pitié.

— Je t'écoute, Makiko.

— Tout d'abord, ce que nous savons.

Elle fit tout un show en se rencognant dans son siège. Paloma et Peter grognèrent en chœur. Ils venaient de comprendre leur bourde, ils n'avaient pas répondu à la question de Nil. L'inspecteur attendait d'eux ce qu'ils savaient et ce qu'ils avaient. Pas leurs hypothèses ou spéculations. Nil demandait un bilan des faits et leurs conséquences immédiates ou plausibles.