S05 - EP 27 ● part IV

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ÉPISODE 147 – (partie 4/4)

Quelqu'un lui aurait dit qu'un jour, il suivrait la prise d'otage de son meilleur ami aux informations, Billy Vitrand l'aurait envoyé se coucher d'une mandale. Il y a un an, un acte similaire à la crêperie Tan's Moment de Namsay l'avait laissé sur le cul, sans le traumatiser. Parce qu'il ne s'était pas senti concerné. Aujourd'hui, il comprenait le cauchemar vécu par les proches des victimes, retrouvées au mauvais endroit, au mauvais moment.

Pour Pamela Vitrand, cela aurait pu être son fils à la place de ce Rudy Leblanc. Certes, son garçon n'avait pas autant de « valeur marchande » que l'héritier de White Enterprise©, mais rien n'avait garanti sa sécurité à Nior. Désormais, elle n'accepterait qu'au prix de longues négociations une virée de ses enfants avec des copains, loin de la capitale.

Nola Vitrand réalisait que sa vie prenait une tournure inattendue. Jusqu'ici, elle n'avait pas pris la mesure de côtoyer la future tête de l'Empire Leblanc. Dire que pendant près de six ans, son frangin avait partagé, dans l'ignorance la plus totale, la vie du prince Rudy Daniel II Leblanc ! Comment cet imbécile avait-il fait pour ne rien voir dès le départ ? On ne pouvait pas faire plus flagrant que son patronyme !

Daniel « II » Leblanc, parce que Daniel premier du nom n'était autre que Daniel-Ritchie Leblanc, réclamé par le preneur d'otage. Comment s'appelait-il déjà, ce connard ? Chayton Pratchett. Un nom qui serait sur toutes les lèvres pendant un bon moment.

Comme de nombreux foyers, la famille Vitrand avait suivi un drame télévisé bien réel. Bill avait appris la nouvelle du cauchemar par Marine, via leur conversation webcam. À ce moment-là, sa petite-amie surfait aussi sur la page de soutien de Rudy. Les publications de plus en plus alarmantes les avaient obligés à se connecter à une chaîne d'infos.

Nola avait rejoint son aîné dans sa chambre et l'avait serré dans ses bras durant toute l'heure de la prise d'otage. Bill s'était demandé si elle se montrait attentionnée à son endroit, ou si elle se raccrochait à son grand-frère pour ne pas craquer. Parce qu'elle avait tremblé tout du long.

Le soir venu, leurs parents rentrés du boulot, tous se recueillaient devant le JT, dans l'attente de nouvelles et d'explications supplémentaires. De réponses, sans doute. La veille déjà, l'apologie de la famille Leblanc avait laissé le peuple en déroute. La prise d'otage relevait du coup de grâce.

En état de choc, Bill avait l'impression de capter les infos en différé. Les retombées de cette sordide histoire d'enlèvement passaient pour une after-party de soirée macabre.

« Le ministre de l'Intérieur, Majid Donnelly, a fait une déclaration... »

— Encore un charognard qui profite de la situation pour se mettre sur le devant de la scène, grommela Bill.

Ce type profitait de l'audimat. Il ne serait pas surpris du nombre de politiques coupables de récupération médiatique.

— Qu'est-ce que le ministre de l'Intérieur, qui se trouvait à Saunes au moment des faits, a à redire de la situation ? lança-t-il, ulcéré.

Nola le dévisagea. On aurait dit qu'il le prenait de manière très personnelle. À l'écran, le ministre répondait à présent à une question de journaliste, aux relents accusateurs.

On cherche à savoir ce que j'ai « fait », mais je ne suis pas de la police. Je n'ai pas les qualifications d'un inspecteur des forces de l'ordre, ni les aptitudes d'un commando d'élite. Tout le mérite revient aux hommes et aux femmes de terrain. C'est à eux qu'on doit ce dénouement moins dramatique. Et ils font d'autant mieux leur travail quand ils n'ont pas dans les jambes des individus non habilités à le faire.

HOT CHILI - saison 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant