HOT CHILI - saison 5

S05 - EP 21 ● part I

ÉPISODE 140 – (partie 1/4)

Chayton Pratchett détestait les paramètres incontrôlables. Il accumulait les bourdes depuis ce matin. Les pions dont il avait voulu se débarrasser s'étaient pointés avec un flingue. Pourtant, il n'avait pas donné à Garry des raisons de se méfier. Mais Paolo s'était révélé un élément difficile dès le départ. D'un autre côté, après l'avoir défiguré une fois, il était normal que l'homme se méfie. En outre, l'émission de la veille sur Menews TV les avaient assez terrorisés. Plus effrayé par les Leblanc que par lui, Paolo avait tenté sa chance.

Éliminer un Marine, l'imbécile ! Toujours était-il que l'arme l'avait un peu pris au dépourvu, sans le déstabiliser, cependant. Il les traquait avec calme, jusqu'à ce que les sirènes de police contrarient sa chasse. Il soupçonnait l'un d'eux d'avoir appelé les secours. Paolo était blessé, mais rien de fatal. À présent, un putain de mauvais dosage ruinerait ses plans.

Dans le pire des cas, Rudy se payerait une overdose, avec des hallucinations, une amnésie et une détresse respiratoire, passé le stade de la tachycardie. Rien qui le tuerait sur le coup, mais mieux valait qu'il ne soit plus au volant, à ce moment-là. Encore un point giratoire, un retour à l'avenue abandonnée pour éconduire les berlines suspectes, et la place Blue Square les attendrait au bout. Seulement, la voie directe restait la plus risquée. Il éteignit le GPS et revint au garçon qui réclamait sa maison et son père.

Durant la seconde guerre mondiale, la scopolamine avait été utilisée comme sérum de vérité. Rudy ne lui disait que le fond de ses pensées depuis le début de leur échange. Comprenant qu'il n'obtiendrait pas gain de cause, le garçon ravala ses larmes. À la surprise de Chayton, il reprit leur conversation. Ouais, inutile de te bercer d'illusion avec un homme qui a perdu sa foi en l'humain.

— Si la construction est finie, il n'y a plus besoin de... d'envoyer... des troupes...

Chayton grogna et se pinça l'arête du nez. Il se montrerait peut-être indulgent. Le gamin essayait tant bien que mal de rassembler ses esprits pour rester lucide. Il n'était pas à l'abri de question stupide. Il le lui concédait, Rudy avait les nerfs solides mais pas l'intelligence allant avec.

— Tu n'ignores pas que le marché du pétrole est générateur de conflits armés. C'est un commerce à risque dans ces contrées. Ta famille mettra les moyens pour le préserver. Même si ça doit se compter en vies humaines. Certes, les revenus servent l'économie nationale, mais ça reste un business du sang. Ça génère des fonds destinés aux expérimentations nucléaires en haute mer par les forces navales... Quoi ? fit-il, sarcastique, face à l'air hagard du jeune homme. C'en fait trop pour toi ? Mais c'est loin d'être terminé, Rudy. Prends à droite.

Rudy n'avait plus la force de répliquer. Ses méninges démissionnaires en étaient encore aux révélations sur Daniel-Ritchie et Dean. Le grand-père de son père aurait écarté ce dernier de son schéma de succession, selon Chayton. Sur quelle base se reposait-il ? Loin de ses états d'âme, son geôlier vidait son sac.

— Elan adorait l'armée, parce qu'il s'y sentait considéré à sa juste valeur. Je me suis engagé pour respecter sa mémoire. J'ai essuyé tout type de réflexions désobligeantes de mes amis et ma famille. Pour eux, Elan ne s'était pas engagé par patriotisme, mais parce qu'il recherchait la reconnaissance de notre père. Reconnaissance que j'avais déjà.

Bart Pratchett ne voyait aucun intérêt à estimer le fruit d'une aventure d'un soir, qui n'avait pas été loin de lui coûter son mariage. La mère de Chayton avait recueilli sous son toit le fils adultère de son époux, pour taire la rumeur. On présentait Elan comme un pupille, un cousin, ou le rejeton d'un membre du petit personnel. Du moment que les langues s'émoussaient, Mrs Pratchett était prête à tous les sacrifices pour la réputation de son foyer.