[12] Papa

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Durant le trajet jusqu'à chez mon père, la phrase de Marc tourbillonne dans mon esprit comme une feuille brune dans le vent automnal. Alors, il s'est toujours souvenu de Jane Eyre, le livre que je lisais le jour de notre rencontre et que j'ai trimballé dans mon sac pendant presque un an. Il m'a toujours soutenu qu'il n'aimait pas les livres comme ça mais il l'avait tout de même lu donc je me plaisais à croire qu'au fond de lui il avait la même passion pour la littérature amoureuse classique. Cette passion qui me consume depuis bien trop longtemps et qui fait que ma bibliothèque n'a jamais été remplis par des romans adolescents mais toujours par des écrits de Jane Austen, des sœurs Bronteï ou encore de George Sand.
Je colle ma tête sur la vitre du véhicule et fixe les lumières des lampadaires qui ressemble à des étoiles filantes à cause de notre vitesse.
Je sais pourquoi j'aime tant ces livres, l'histoire d'amour y parait impossible et le lecteur ne peut s'empêcher de ressentir au fond de lui même le désir d'une idylle qui semble folle. Et il s'y accroche comme si sa vie en dépendait, c'est pourquoi quand une relation aboutit enfin ( ou d'un moins des esquisses de sentiments ) le lecteur se sent pleinement satisfait et le livre devient comme une drogue qui assouvit les passions. La catharsis vous connaissez ? Et bien ces romans sont ma catharsis à moi je suppose...

Le taxi s'arrête brusquement et le chauffeur se tourne vers moi en grognant : - Ça fera 45 € mademoiselle.

Je sursaute presque en entendant sa voix morne et m'aperçoit en jetant un œil par la fenêtre que nous sommes bien devant le petit immeuble de mon paternel. Je lui tends ma carte bleue pour faire la transaction puis je descends sur la chaussée. J'ai à peine le temps de fermer la portière et de me tourner vers la porte d'entrée que la voiture a déjà disparu dans un vrombissement de moteur.

Je compose le code de la porte d'entrée et pénètre dans le hall puis je cherche l'interphone de mon père. J'appuie sur son numéro et patiente quelques secondes avant d'entendre une voix féminine de l'autre côté :
-Bonsoir, Alyssa, je t'ouvre.

Je soupire. Super, en plus de venir à une heure du matin pour gérer mon père, je dois aussi être aimable avec la marâtre !

Je grogne toujours en entrant dans l'ascenseur et en montant jusqu'au 2ème étage où Rebecca, la petite amie de mon père, m'attend sur le palier.
Elle se précipite vers moi et tente de me prendre dans ses bras mais je l'esquive au dernier moment en faisant mine de remettre mon sac sur mon épaule.
Elle semble gênée mais ne relève pas mon impolitesse et me fait rentrer dans l'appartement où je trouve mon père allongé comme à son habitude sur son divan tel un cancéreux en phase terminale.
Je m'approche de lui et lui dépose une bise sur la joue avant de m'assoir près de lui.
Il se redresse sur ses coudes et me scrute avant de dire : -Tu es sacrément bien habillé ! Où était tu ?

-Au mariage d'Elisa. Je répond en farfouillant dans le tiroir de son bureau pour trouver ses dernières analyses.

-Et tu est partie en plein milieu de la fête ?

-A ton avis, je marmonne en plongeant ma tête dans le tiroir.

Mais ne trouvant rien je me tourne vers lui en marmonnant : -Est-ce que tu as fait des examens dernièrement ?

-Ils sont dans la cuisine je crois. il toussote.

Je m'engouffre dans la cuisine où Rebecca prépare trois tasses de café et elle me demande : -Tu veux un ou deux sucre dans ton caf...

-Je ne bois jamais de café. Je l'interrompt en attrapant l'enveloppe sur le plan de travail
Puis je sort de la pièce avec hâte, pour m'éviter d'être faussement aimable.

Une fois revenue dans le salon, j'ouvre l'enveloppe en papier kraft que je viens de récupérer dans la cuisine et entreprend d'étudier les derniers examens de mon père qui datent du mois dernier.
Je constate qu'il n'ont définitivement rien d'anormal et je poursuis en l'osccultant rapidement.

Lonely girlWhere stories live. Discover now