Lonely girl

[33] Révélations

-Comme tu le sais sûrement, après le lycée je suis allé étudier dans une grande université en Angleterre.

J'hoche la tête. Je me souviens qu'aller étudier à Oxford était son plus grand rêve. Je dirais même une obsession. Il sacrifiait tout ses week-end et ses vacances pour travailler et se préparer aux sélections d'admissions. Évidemment, son travail acharné a été récompensé, et il a été l'un des seul du lycée à réussir ce concours élitiste.

-Je me suis retrouvé à 18 ans à peine tout seul, dans un pays étranger, à devoir me débrouiller tout seul.
Au début je sortais peu, j'alternais entre les cours et ma chambre étudiante. Mais un jour j'ai rencontré un gars, Bob, il était du genre fêtard de l'extrême. Je me sentais super seul, donc j'ai commencé à sortir en boîte avec sa bande de potes.
Au début, je pensais que je gérais, mais les sorties du samedi soir sont devenus des sorties du vendredi, du jeudi, du mercredi...

Il parle d'une traite et marque une pause pour reprendre sa respiration. Les mots semblent l'étouffer et il lutte pour continuer :

-Je sortais encore avec Lauren à l'époque. Elle était beaucoup plus impliquée que moi dans cette relation et au mois d'octobre, notre couple allait déjà très mal.

Je me tortille sur le bord du lit, un peu gêné de rentrer ainsi dans l'ancien couple Marc/Lauren. J'ai l'impression de violer son intimité même si ces révélations viennent du principal intéressé.

-Je lui ai proposé qu'on fasse une pause jusqu'à ce que je rentre à Paris, mais elle ne voulait pas. Quand je suis revenu chez mes parents elle voulait absolument qu'on se voit. Je suis allé la voir pour qu'on discute sérieusement, elle pensait régler nos problèmes en se montrant plus... entreprenante. Alors évidemment je rentrais en Angleterre avec encore plus de problèmes et d'interrogations.

Plus les semaines passaient, plus elle m'appelait et moins je répondais. Je me sentais affreusement coupable de ne pas ressentir la même chose qu'elle et j'espérai lâchement qu'elle me quitte. Je ne rentrais même plus en France le week-end pour l'éviter à tout prix.

C'est là que j'ai deconné. Au lieu de mettre un terme à notre relation je me suis dit que si ça lui faisait plaisir de nous croire ensemble alors tant mieux et j'ai commencé à voir d'autres filles à la fac.
J'avais l'impression que ramener le plus de filles possibles dans ma chambre pourrais chasser cette frustration qu'enjendrait toute la merde avec Lauren.
Mais c'était un vrai cercle vicieux : plus je me sentais mal, plus je sortais me mettre complètement minable et couchait avec la première fille qui passait.

Je ne peux empêcher un frisson de parcourir mon corps. L'histoire qu'il me raconte est tellement loin de l'image lisse que je me suis toujours faite de Marc, que j'ai l'impression qu'il me raconte une conte ou un synopsis de film. Je me retient de faire des commentaires. Je sais bien que c'est pratiquement impensable pour lui de se confier ainsi, et je ne veux pas gâcher ce moment.

-A Noël je suis évidemment rentré chez moi, et j'ai décidé que c'était le moment de stopper cette histoire qui nous faisait à tout les deux du mal.
Je lui dit que je ne l'aimais plus et qu'il fallait qu'on arrête tout avant de se détruire.
Mais elle était en larmes, elle disait que c'est me perdre qui allait la détruire. Ses études se passaient mal et elle pensait que j'étais son principal pilier. Je ne l'avais jamais vu aussi mal. Elle m'a affirmé qu'elle mourrai sans moi. Alors comme un con je lui ai dit qu'on allait essayer d'arranger les choses.

-Et ? je lache, ne comprenant pas trop où toute cette histoire mène.

Il passe ses doigts dans ses cheveux et inspire avant de reprendre :