[22] Nounou

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Je froisse rageusement le mot que je viens de trouver posé sur mon lit.
Puis je le rouvre et le relit comme si j'avais mal compris.

Ma chère Aly,
J'ai une urgence au travail ce matin et je n'ai pas voulue te réveiller.
C'était sympa cette nuit.
Marc

Je déchire en milles morceaux le petit papier et le jeteavec colère dans la poubelle.
Est-ce qu'il se fou de moi ? C'était sympa ? On dirait qu'il parle d'une banale après-midi tennis ! On a couché ensemble merde !
Et puis l'excuse du travail sérieusement ? Qui travaille un dimanche matin ? Même pas le président j'en suis sûre !

Je suis verte de colère. Non, je dirais même rouge de colère. Bon, ma face rougeâtre doit être aussi due au grand tri que je fais depuis ce matin.
Je balance à grands bras des dizaines de livres de ma bibliothèque dans un carton « à donner ». Quand le fameux « Jane Eyre » me tombe sous la main, j'hésite. Après tout à quoi bon garder tout ces livres qui m'ont fait croire à une romance idyllique si cela n'existe pas. J'ai l'impression que Charlotte Bronteï m'a menti !

J'inspire et expire pour calmer ma rage et repose le livre à sa place. Après tout, même si ce bouquin est rattaché à beaucoup de ressentiments qui sont miens, l'histoire de Jane est un classique que j'aime et que j'aimerais toujours.

Je poursuis mon dimanche en changeant mes draps, en passant l'aspirateur ( fait rarissime !) et à descendre les poubelles qui attendent sur mon balcon depuis trois jours.
Je ne prend même pas la peine de m'habiller pour descendre au local, je reste vêtue de mon survêtement de déprime gris et de mes chaussons lapins.

Je descends comme une dépressive les quartes étages et fourre comme je peux mes trois énormes sacs dans la benne verte.
J'entends un sifflement dans mon dos. Je me retourne et me retrouve face à Alex, vêtue d'un pantalon en toile beige et d'une chemise rose pâle, son cardigan gris sur les épaules.

-Oula mauvaise journée ! il s'exclame en fixant ma mine de dix pieds de long.

Il ouvre avec classe le couvercle de la poubelle et y dépose son sac comme si c'était un bien précieux qu'il ne faut pas abîmer.

Je renifle en passant ma main dans mes cheveux décoiffés : -Mouais.

Il me lance un regard désolé et retrousse les manches de sa chemise avant de se recoiffer en disant : -Si ça peut te rassurer, je reviens de chez mes parents, ils vont divorcer.
Nan mais on a pas idée de divorcer à 60 ans c'est fou !

Il lève les yeux au ciel et je souris devant son air exaspéré. Nous commençons à remonter jusqu'à notre étage et sur le palier je lui propose en resserrant ma veste de jogging sur ma poitrine : -Tu veux pas qu'on dîne ensemble ce soir ?

Il sort ses clés de sa poche et les fourre dans la serrure avant de faire une grimace : -Désolé, j'ai un date dans deux heures et demi.

J'ouvre grand les yeux : -Toi ?! Tu as un rendez-vous avec un fille un dimanche soir !

D'habitude Alex est plus du genre, date Tinder le samedi soir, et réveil chez lui avec une fille dont il ne connaît même plus le nom puis il vient manger chez moi le dimanche soir pour débriefer, lui de sa vie de débauche et moi de sainte-nitouche.

Il sourit en poussant sa porte : -Il se pourrait bien que ce soit sérieux...

Je pousse une exclamation enjouée même si au fond de moi je suis plus bas que terre en rentrant chez moi. Alex a une relation sérieuse et moi je suis victime d'une coucherie d'un soir. C'est le monde à l'envers !
Et si même l'Alex volage se case c'est le signe que je vais finir ma vie toute seule !

Lonely girlWhere stories live. Discover now