[23] Égarement

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Tout se passe au ralenti.
Quand je cours jusqu'à la chambre B08. Quand je joue des coudes avec tout les infirmiers et médecins qui me barrent le passage.
Quand je vois l'équipe de réanimation s'activer autour le la petite brune qui est étendue immobile.

Mon regard croise celui du docteur Stéphan qui dirige les opérations à côté de la jeune fille. Il me fusille du regard et me montre du doigt. Mathias que je n'avais pas vu me tire à l'extérieur de la pièce. Je vois ses lèvres bouger mais je n'entends rien. Qu'un bourdonnement qui siffle dans mes oreille et me donne affreusement mal à la tête. Je vois le couloir de l'hôpital tourner à toute vitesse autour de moi. Je m'accroche à ce qui me vient sous la main. En l'occurrence le poignet de Mathias.

Mais j'entends quelqu'un l'appeler au loin. Sûrement le docteur Stéphan qui a besoin d'aide. Il me lance un regard désolé et retourne à l'intérieur de la chambre.

Je plaque mes deux mains sur mon front comme pour me calmer et me dirige vers le premier endroit où je pourrais avoir un peu de calme. Mes pas me porte jusqu'à la chambre des internes de garde qui est vide à cette heure de la journée. Je m'assois contre le petit lit et replis mes genoux contre mon buste.
Je sens mes yeux s'embuer et une larme coule le long de la joue. Puis une deuxième, une troisième.

Je pleure à chaude larme assise sur le lino de l'hôpital. C'est comme si tous les sentiments que j'ai enfoui ces trois derniers jours ressortent d'un coup. J'ai l'impression d'être une fontaine et je me mouche comme je peux dans les manches de la blouse.
Oh mon dieu je ne veux même pas penser à l'état dans lequel je suis. Je dois plus ressembler à un mort vivant qu'à un être humain.

Je m'aide de mes bras pour le hisser sur le matelas du lit et m'étend. J'inspire e expire plusieurs secondes, comme le l'a appris ma mère pour me calmer.

Je dois m'endormir car quand j'ouvre les yeux quelques temps plus tard, mes cheveux collent à mes larmes sèches et mes habits sont tout froissés. Je me redresse en position assise et regarde l'heure sur mon téléphone . Il est 12h45 ! Comment j'ai fait pour disparaître presque trois heures ?!

Le bruit de porte me sort de mon hébétement. La poignée tourne et je vois la tête blonde de Mathias passer dans l'entrebâillement.

-Ça fait une plombe que je te cherche. 

Je passe ma main dans les cheveux pour les tirer en arrière.

-Qu'est-ce que tu veux ? je renifle.

Il entre dans la pièce et ferme la porte derrière lui.

-Elle s'en est sortie. Il marmonne en fixant un point derrière moi.

Je fourre ma tête dans mes bras en sentant les larmes remonter : -Je suis une personne horrible ! Je n'arrive même pas à faire mon job !

Mathias s'approche du lit et s'assoit à côté de moi sur le matelas. Il regarde devant lui plusieurs secondes avant de répondre : -Elle aurait fait cet arrêt. Que ce soit toi ou un autre. C'est l'interne de nuit qui lui a administré une trop forte dose de médicaments.

-Quoi ?

-Tu n'aura pas de problème avec Stéphan. Enfin pas trop. il finit en triturant ses mains.

Le silence s'installe dans la pièce et aucun de nous deux ne regarde l'autre.
Soudain la voix de Mathias rompt le calme ambiant en murmurant :
-Au fait comment s'est passé ton rendez-vous ? Tu as eu ce que tu voulais ?

Je fronce les sourcils. Déjà que je n'ai aucune envie de me remémorer la catastrophe de ce week-end, ce n'est pas pour en plus raconter tout ça à Mathias. Il serait trop heureux de voir que mes plans sont tombés à l'eau.

Lonely girlWhere stories live. Discover now