𝐍.𝐎.𝐒 | 𝙎𝙞𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙚́

Prologue

juin 2017

Pour au moins la centième fois de la journée, je vérifiais l'heure affichée sur ma montre, et le temps ne semblait pas vouloir avancer. Il me restait une heure et deux rendez-vous avant la fin de mon service, avant de pouvoir enfin rentrer chez moi. Le temps était à l'orage ici, et sur la région parisienne dans son ensemble. Je soupirais en entendant le tonnerre gronder puis me levais pour rejoindre la salle d'attente qui se trouvait au bout du couloir dans laquelle se trouvait mon bureau jouxté à la salle d'auscultation. Une femme qui portait avec elle un ventre bien arrondi patientait en lisant l'un des nombreux vieux magazines qui étaient posés sur la table à côté des brochures de différentes aides aux nouvelles, ou pas, mamans. Alors que j'appelais son nom et qu'elle leva le visage vers moi, une autre femme pénétra dans la pièce, sa parka était trempée et elle remit ses cheveux en ordre avant de poser son parapluie dans le seau prévu à cet effet. Elle me salua ainsi que ma prochaine patiente qui commençait à se lever pour me rejoindre.

Après lui avoir demander si elle souhaitait de l'aide, ce qu'elle déclina, je lui emboîtais le pas vers la porte que j'avais laissée ouverte. Une série de questions banales, une échographie de contrôle et une dizaine de minutes à la rassurer plus tard, la jeune femme quittait enfin mon bureau. Je pris une minute pour me masser les tempes et pris mon courage à deux mains pour accueillir la dernière maman de la journée. Je m'étais particulièrement prise d'affection pour Naya, une jeune femme qui je me souviens, avait fondu en larme lorsqu'elle avait passé la porte de mon bureau pour la première fois. Elle était apeurée face à son futur rôle de mère et ne l'avais pas encore dit à son compagnon, le père du bébé, de peur de la réaction de ce dernier. Ce temps semblait être révolu puisque le papa avait parfaitement accueilli la nouvelle, même s'il avait reconnu qu'aucun des deux, ni lui, ni sa femme, n'avait prévu un enfant dans la suite de leur projet. A ce jour, la jolie brune rayonnait et paraissait vivre sa grossesse pleinement avec beaucoup d'entrain.

Elle prit place sur la chaise en face de la mienne, et débuta le rituel des questions banales. Tout va bien ? Est-ce qu'il bouge ? Est-ce que vous ressentez des douleurs où que ce soit ? Puis Naya s'allongea et releva son haut afin que je puisse procéder à l'échographie. Le fœtus de six mois était parfaitement installé et grandissait de la meilleure manière possible. J'imprimais l'image pour qu'elle puisse montrer son bébé à son entourage, qui attendait aussi impatiemment que les futurs parents l'arrivée de la petite fille. Karim et Naya n'avait pas voulu connaître le sexe de leur enfant, j'étais donc la seule au courant. En retournant à mon bureau, notre conversation dériva un peu du sujet principal de sa visite.

- La semaine prochaine, j'entre dans mon congé mat', dit-elle en souriant. Et je voulais faire une sorte de baby-shower avec mes copines. C'est pas très professionnelle si je t'invite ?

Je lui avais dit de me tutoyer la première fois que je l'avais vu, elle pleurait à chaudes larmes entre mes bras qui tentaient de la réconforter. Je souris puis lâcha un petit rire face à sa demande.

- C'est plutôt moi qui serais peu professionnelle si j'acceptais, répondis-je.

- Allez Amélia, dit oui ! J'aimerai être entouré de tous les gens que j'aime et qui ont été présents pour moi depuis six mois.

Je souris en secouant la tête, elle était adorable. A la rondeur de ses joues, on lui aurait donné cinq à dix ans de moins que ce qu'elle n'avait réellement. Et c'est bouille toute mignonne me suppliait presque avec ses yeux pour que j'accepte sa proposition.

- Et tu m'as tellement aidée les premiers mois ! Reprit-elle. J'aimerai vraiment que tu viennes.

- D'accord, j'acquiesçais en soupirant.

J'étais vraiment touchées qu'elle pense à moi pour ses invités, ce qui me dérangeait c'était son entourage. Bien que je n'en ai jamais vu aucun, si ce n'est Karim, je savais que le couple était très entouré et que j'allais me retrouver ce jour-là au milieu d'une grande famille très unie et particulièrement soudée. J'allais être le seul maillon inconnu et je n'aimais pas vraiment ça. Mais loin de moi l'idée de contrarier une femme enceinte et surtout pas celle-là, que j'appréciais vraiment.

- Super, elle s'exclama. Je t'envoie toutes les infos par message. Je suis pas encore sure de la date exacte donc je te tiens au courant.

Oui, je lui avais aussi donné mon numéro de téléphone personnel pour qu'elle puisse me joindre à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit si elle rencontrait un problème. Je lui répondis par un sourire franc et après un échange d'usage pour se dire au revoir, je la raccompagnais jusqu'à la sortie pour qu'elle rentre chez elle.