Chapitre 6

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juillet 2017

juillet 2017

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AMÉLIA

En regardant l'heure sur mon microonde je prends conscience que ça fait déjà une heure que je récure les placards de ma cuisine pendant que le deux garçons discutent dans mon salon. Je ne veux vraiment pas les déranger mais je tends quand même l'oreille depuis le début pour intervenir au moindre cri. Je connais Nassim et je sais qu'il peut être très récalcitrant et borné quand il veut.

Comme j'ai terminé mon ménage improvisé, j'ai rangé toute les conneries que j'avais accumulées qui se sont retrouvées au fond des placards et c'est incroyable la quantité qu'il y a, je me suis assise à la table et je traîne sur mon téléphone. Il faut encore une dizaine de minutes pour que la porte jouxtant la cuisine et le salon ne s'ouvre sur Nassim le visage fermé. Instinctivement je me redresse et suis plus qu'étonnée lorsque celui-ci colle presque son corps au mien pour embrasser mon front. Je pose mes mains sur ses biceps en soufflant de soulagement, je remarque qu'il semble bien plus apaisé que lorsqu'il a passé le pas de la porte.

- Merci Melie, chuchote-t-il.

- De rien, et on aura l'occasion de rediscuter de ce soir.

- Ouais, il jette un œil par dessus son épaule vers l'encadrement de la porte où Nabil était adossé. Ok, il murmura pour que je sois la seule à entendre, si tu veux continuer à le voir celui-là je dirais rien, mais reste méfiante.

Sans répondre avec des mots, je ressers ma prise sur ses bras avant qu'il ne s'éloigne de moi. Il réajuste sa casquette en me tournant le dos pour partir, en passant par l'encadrement de la porte ou Nabil est toujours appuyé, ils échangent une poignée de main. Je ne peux pas voir l'expression facial de Nassim mais celle de Nabil qui est face à moi, affiche un sourire qui finit de me rassurer.
Le plus jeune d'entre nous quitte la pièce puis l'appartement pour de bon me laissant avec Nabil, ce qui commence à me mettre un peu mal à l'aise étant donné que je ne sais pas quoi faire. Je lui propose un café malgré l'heure un peu tardive, il acquiesce et s'installe sur la chaise que j'occupais quelques minutes plus tôt. Je pose sa tasse devant lui et m'installe en face en mettant mon sachet de thé dans l'eau bouillante contenu par la mienne.

- Vous vous êtes dit quoi ? Je commence.

- Rien qui te regarde femme, c'était une discussion de bonhomme à bonhomme.

Je le regarde de haut en bas en haussant un seul de mes sourcils. Lui aussi expédie son regard sur ma personne du coin de l'œil, l'air de dire « essaie toujours j'parlerai pas ». Alors je décide d'abandonner, je verrais en temps voulu et j'essaierai de tirer les vers du nez de Nassim.

- Alors dis moi, commence-t-il comme si de rien n'était. T'es médecin à ce que j'ai compris, tu dois bien gagner ta vie alors pourquoi tu restes dans ta cité ?

- Je pourrais te poser la même question N.O.S, je rétorque au tac au tac.

Il sourit et lache meme un petit rire qui m'étonne. Ses coudes sont posés sur la table, il porte la tasse à ses lèvres avant de l'enlever aussitôt sûrement surpris par la brûlure du liquide. Il relève les yeux vers moi et je prends une seconde pour le détailler : il porte une fine veste en jean au dessus d'un t-shirt blanc, il a relevé les manches sur ses coudes pour laisser ses avant bras bronzés nus. Je remarque qu'il porte plusieurs bracelets que je ne prends pas le temps de fixer puis mon regard s'attarde sur ses mains. Je finis par lever les yeux sur son visage et je vois ses yeux qui sont plutôt banals de leur couleur mais assez expressifs ce qui les rends vraiment beau d'après moi. Ses cheveux sont encore relevé en chignon qui laisse ses mèches bouclées sur le haut de sa tête, ses cheveux me rendraient presque jalouse.

- Ça nous fait un point commun, me coupe-t-il. Je suis sur qu'on en a plein d'autre.

Il termine sa phrase par des mouvements de sourcils qui vont de haut en bas. Malgré moi j'éclate de rire, il est charmant et il le sait mais il faudra bien plus qu'une danse de sourcils pour réussir à me rendre idiote. Face à ma réaction, il fronce ses fameux sourcils ce qui fait redoubler mon rire.

- Quoi ? Il demande. Ça marche pas ?

- Non, je ris toujours en essuyant la larme qui perle au coin de mon œil.

- Mais ça t'a fait rire, il sourit en coin.

- Et ? Je me calme finalement.

- Femme qui rit, à moitié dans ton lit.

Cette fois-ci il sourit en montrant toute ses dents, comme je l'ai pensé quelques seconde plus tôt, il est charmant mais je décèle un petit côté enfantin qui le rend aussi très mignon dans le sens chou, comme un petit chaton.

- C'est vraiment une phrase de beauf, je lui réponds.

- T'as un joli sourire, il rétorque en ignorant la phrase précédente.

- T'as des jolies disquettes, je roule des yeux.

Dans d'autres circonstance, avec un autre gars, ces paroles auraient pu être d'une lourdeur affligeante mais bizarrement avec lui c'est plutôt drôle. Ça se voit qu'il n'attend rien et que c'est seulement dans sa nature d'être un brin séducteur.

- Et du coup, Nassim c'est ton p'tit reuf ?

- Tout comme oui. Je t'ai dit que quand j'étais au lycée j'faisais du babysitting avec les petits du quartier et je suis principalement proche de Nas parce que j'étais vraiment très amie avec Younès, son frère. Et comme j'ai pas connu ma mère, la leur a grave été présente pour moi. J'donnerai ma vie pour la leur, comme avec pas mal de gens ici. On est comme une grande famille, on se protège entre nous. D'où le problème avec les gens qui sortent de nul part dont je t'ai parlé l'autre jour.

Il hoche la tête en souriant et boit une gorgée de son café qui semble avoir refroidi.

- Vous êtes QLF quoi, dit-il.

- Ouais, c'est ça, rigolais-je en comprenant sa référence à lui même.

- Si t'es que la famille, même si c'est pas la même que moi, vas-y t'es validée.

- Quel honneur !

Je mets ma main sur mon cœur et baisse la tête pour mimer une révérence. Il rit en me lançant un clin d'œil et termine sa tasse d'une traite puis se lève.

- Bon c'était bien sympa beauté mais j'vais y aller.

Je ne relève pas le petit nom qu'il vient de me porter et le lève à mon tour pour le raccompagner à la sortie.

- Maintenant tu m'dois un service, dit-il en tirant sur l'une de mes mèches de cheveux.

Je dégage sa main par réflexe parce que ça fait quand meme mal ses conneries et je grogne pour la forme.

- Eh la bête sauvage, tout doux, il réplique. Vas-y, a tard plus, je t'appelle si j'ai besoin.

Il me donne son dos et entame les première marche de l'escalier.

- N'oublies pas que j'ai un travail et une vie donc je suis pas à ta disposition ! Je hausse le ton pour qu'il m'entende.

- T'inquiète chica !

Je ne le vois plus mais j'entends son éclat de rire qui résonne dans la cage d'escalier. Je suis vraiment mitigée sur ce type : un peu mignon, un peu drôle, un peu gentil et un peu con.

𝐍.𝐎.𝐒 | 𝙎𝙞𝙢𝙥𝙡𝙞𝙘𝙞𝙩𝙚́Where stories live. Discover now