Quand le désir ne se contente plus de désirer...

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Tess décroche enfin ses lèvres... Elle voudrait y boire encore un peu. Elysabeth a encore les yeux fermés. La rouquine glisse ses mains sur la taille de Figz qu'elle tient contre elle.

("Je ne suis pas homosexuelle comme Marie. Les lesbiennes ne me ressemblent pas et j'ai couché avec tellement d'hommes. Des centaines... Parfois deux à la fois. Je ne suis pas comme ça. Je suis juste dingue de ce corps. Ce qu'il me procure.
Je ne peux pas être homosexuelle, je n'ai pas le droit, ma vie ne me le permet pas...")

_ Ce baiser est fini ? Demande tout doucement Betty. Elle devrait continuer... Quand elle m'embrasse, je ne pense plus à rien. Tout est déconnecté...
_ Je crois bien...
_ Et tu n'as pas retiré ma robe. Je me demande si tu es malade ?
_ Tu me cherches Elysabeth. Ne me cherche pas trop. (Tess caresse le menton de Betty) Mais je n'ai qu'une parole...
_ Tu as l'air bizarre ? Ça va ?
_ J'ai peur. Est-ce que je dois dormir ici ? Ça te dérange ?
_ Tu as déjà dormi ici hier, tu sais.
_ J'ai peur de dormir à côté de toi. Je ne veux pas que tu me prennes dans tes bras. On n'est pas comme ça, nous.
_ Je suis la personne qui déteste le plus les câlins au monde. Ma soeur m'en réclame toujours. C'est insupportable.

_ Ta sœur... Tu ne lui ressembles tellement pas !
_ Nous sommes rarement sur la même longueur d'ondes. Elle ressemble à ma mère. Et moi à mon père... Ma mère est petite, brune, italienne et mon père grand, roux les yeux bleus et blanc comme un linge.

Elysabeth se demande pourquoi elle raconte tout ça. Pourquoi ressent-elle le besoin de parler à une Tess Figz qui se moque de la planète entière ? Elle pense à son père terrible sentiment de perte. Est-elle vraiment en train d'avoir une conversation normale avec Tess Figz, étendue sur elle ? Effrayant. Le coeur de Tess bat contre sa poitrine et c'est terriblement bizarre.

Tess hésite à jouer avec quelques mèches rousses. Doit-elle faire ce geste en dehors de leur ébat sexuel ? ("tu viens bien de l'embrasser...")

_Et toi, tu ressembles à qui ? Souffle la parisienne avec un demi-sourire.

Tess dévisage Elysabeth. Son regard s'assombrit. La conversation devient trop intime. Elle ne veut pas parler de sa vie à qui que ce soit. Jamais. Elle n'est pas là pour ça. Les gens jugent tout. Les gens commentent tout et il n'y a rien à commenter.

Elle a tout quitté un jour parce que les gens dans ce magnifique village ne faisaient que parler, par derrière, des commérages. Quand l'intimité est livrée sur la place publique, ça vire à la catastrophe. Elle pense à sa mère. Petite enfant indigne, que lui disait sa mère. Sa mère a probablement été plus touchée par cette intimité mise en pâture ! Et toi Tess qu'est-ce qui t'a touché ?

Tess devrait prendre des nouvelles de sa mère. Aller la voir. C'est prévu. Elle espace juste les entrevues. Aller voir sa mère est agréable cinq secondes. Les toutes premières secondes, où elle voit sa mère, où elle la découvre. À chaque fois, elle croit la découvrir pour la première fois puis elle se rappelle que sa mère vieillit. Sa mère est bizarre. Ces cinq secondes sont puissantes ! Elle voudrait à chaque fois sauter au cou de Monique lui demander un geste affectif, un seul. Ces cinq secondes passées, elle regrette déjà de se trouver là ! Elle voudrait repartir. Sa mère ne parle pas ou très peu. Et ce regard si froid. Cette visite n'est pas agréable. Ça lui rappelle à quel point sa mère aurait pu être plus affective avec elle, un peu moins dure, un peu moins, un peu plus... Elle ne peut pas s'empêcher de se rappeler toutes ces disputes entre sa mère et son oncle Arthur, constamment. C'était une gamine, et quel était le sujet de toutes ces querelles de frangins ? Elle.         
(_Laisse respirer ta fille !"
_Tu n'es pas son père Arthur... Combien de fois devrais-je te le répéter ?
_ Alors occupe-toi en... Tu as une fille merveilleuse Monique. Elle ne mérite pas de se prendre des roustes pour un oui et pour un non .
_Tu insinues que je suis une mauvaise mère ?! Tu ne vis pas avec elle Arthur... Tu n'es pas souvent là.

Les folies de TessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant