"Ma vie dans la tienne" part 2

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Deuxième partie. Avant dernière publication, avant la fin.
Coeur sur vous. Bonne lecture.

Je dédie ce chapitre à l'Erreur, qui se reconnaîtra. Il faut dire que tu m'as grandement inspiré ces dernières semaines. Coup t'os poing coeur.

Tous les jours, Elysabeth regarde son téléphone. Elle espère qu'Erlnout l'appelle, lui dise que tout est fini, que Tess est tirée d'affaire, que tout ça appartient à leur nouveau passé. Mais il n'appelle pas. Elle n'ose plus l'harceler. Non, elle se ficelle... Tous les matins, elle se lève comme un robot, elle n'emporte rien avec elle. Et elle se pose sur ce bout de carré vert, en bas, à la même place, sous les fenêtres closes de l'hôpital, des fausses fenêtres sûrement. Et tous les jours, elle se passe le film de leur histoire. Qu'aurait-elle changé ? Elle a aimé cette course poursuite sans doute. Elle a aimé cet acharnement de Tess. Aujourd'hui, elle ne verse pas de larmes, elle voudrait que Tess s'acharne encore, dans leur décor.

Et comme tous les jours, à la tombée de la nuit, à la tombée du monde, quand les couleurs tombent en ruine, que l'obscurité tapisse tout, elle revient à l'appartement, lasse, inanimée. Sa mère lui dit que Dubois a cherché à la joindre. Ouais, il y a cette question aussi. Et elle sait qu'il faudra trouver du courage pour répondre.

C'est lasse, sans appétit que Betty retire sa robe. Elle aurait envie demain, de s'acheter de plus jolies robes, et se dire naïvement que ça pourrait la faire revenir.

Sa mère l'observe, la porte étant restée ouverte.

_ Tu sais ma chérie...(Ely a toujours un léger sursaut. Il est difficile encore de savoir recevoir cet élan affectif. Elle se demande si sa mère l'a déjà vu en sous vêtements, c'est bizarre. Elle se glisse dans un peignoir, ouvrant les robinets du bain d'angle), tu ne peux pas continuer comme ça. Tu vas finir par tomber malade, tu es dévitalisée.
(Betty, verse des substances roses. Son doigt engloutit l'eau chaude. Elle aime prendre ce bain là, ça la rapproche de Tess. Tout est prétexte à se souvenir... Même si ça lui procure toujours cette entaille du désir sur l'échine, du désir inassouvi)

Ferme les yeux Betty, laisse le souvenir te faire l'amour.

_ Je me sens inutile. Je ne sers à rien. Je suis juste là et j'ai l'air bête. Elle adore prendre des bains. Pff comme tout le monde, paraît-il. Qu'est-ce que j'en sais moi... (Elle ne lève toujours pas la tête, si elle avait le cran, la crampe suffisamment profonde, elle agoniserait dedans...) Aujourd'hui, il a plu des trombes et bien tant pis, je préfère être trempée. (Un temps, la mousse prend de la place) J'ai l'impression qu'elle est en prison. Qu'elle est là parce qu'elle a tué son père. Ce n'est pas elle qui devrait être là, mais tous ces monstres...
_ Tu dois rendre des comptes à ton employeur Betty. Ton arrêt maladie touche à sa fin.
_ Quel est le rapport ?
_ Tu vas devoir faire des choix Elysabeth. Retourner à Privas, continuer ta vie, ton travail ou rester ici avec le lot d'incertitudes qui va avec.
Betty secoue la tête nerveusement.

_ La laisser ? Faire comme si tout allait bien ? Comme si ça n'existait pas ? Comme si elle n'existait pas ?
_ Tu ne peux pas être à deux endroits différents, c'est certain.
_Elle m'a aidé à devenir moi. À mon tour de l'aider à redevenir elle.
_Es-tu prête à tout sacrifier, même ta carrière professionnelle ?
_ Haha ma carrière... Je ne peux plus entendre ce mot. Tout ce qu j'ai fait c'était marcher dans les pas de papa, mais pas mes propres pas. La fonction publique... l'administration je crois que ce n'est pas fait pour moi. C'était peut-être une étape nécessaire pour me découvrir, me connaître moi-même.
_ Et tu voudrais faire quoi ?
_ L'attendre déjà si nos économies le permettent... Démissionner, oui. J'ai toujours cru que c'était abandonner... Mais justement rester là-bas ça aurait été abandonner la vraie Betty que je suis. Ça te semble fou que je mette toute ma vie et mes certitudes en l'air pour une femme que je connais depuis moins d'un an ? Qui a été horrible avec moi, qui m'a menti, qui a un passé plus compliqué que nous, dont je n'ai jamais partagé une once de tranquilité avec elle ? Il paraît que ce genre d'histoire d'amour est voué à l'échec. Mais nous avons des circonstances atténuantes...
_ Non au contraire, je suis contente de t'entendre parler comme ça. Je suis fière de toi... Ce n'est pas fou. L'amour ne rentre pas toujours dans des cases et des codes. Tu pourrais la connaître depuis deux jours et alors ? On s'en moque des autres.
_ Je vais prévenir Dubois et voir les démarches. J'ai envie de pleurer parce que certaines personnes vont me manquer là-bas. J'aimerai leur dire au revoir comme il se doit ? Tu penses que c'est une bonne idée ? Peut-être qu'Eve est là-bas ? En fait, je sais que si je veux retourner une dernière fois là-bas c'est aussi pour cette raison, entre autre.

Les folies de TessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant