Chapitre 9

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Josette Vins faisait cours en salle 102, comme tous les lundis de 13h30 à 14h30. Comme d'habitude, ses élèves avaient le regard fuyant vers la fenêtre, rêvant d'être dehors à cette heure-ci, ignorant le cours de mathématiques qui se déroulait de l'autre côté.

Évidemment, Josette pouvait les comprendre : la salle 102 était la plus chaude du lycée Voltaire où l'enseignante travaillait depuis plus de vingt ans. Il faisait lourd et tout le monde mourrait d'envie qu'un courant d'air frais vienne rafraîchir tout cela.

Essayant tant bien que mal de capter leur attention sur le calcul littéral, la professeure entendit soudain toquer à la porte. Elle cria d'entrer, sortant tous ses élèves du demi-sommeil dans lequel ils étaient plongés.

Un jeune garçon de première rentra dans la classe d'un pas vif, se dirigeant aussitôt vers elle.

Il lui sembla le reconnaître ; Madame Vins avait été son professeur l'année précédente. Elle se rappelait de son nom, James. Il avait beaucoup grandi en un an et avait déjà l'air d'un homme à présent. Elle avait entendu dire en salle des professeurs qu'il était devenu délégué des premières, mais l'enseignante n'en était pas tout à fait sûre.

James se pencha vers elle et lui récita d'une traite :

 -Il y a un problème dans les toilettes du deuxième étage. Lina est à l'intérieur et elle ne répond pas. On a d'abord entendu des bruits étranges et ensuite plus rien. Puis, on a vu...

Il s'arrêta un instant pour la regarder dans les yeux, l'air de jauger s'il pouvait se confier à elle ou pas.

-Puis, on a vu le sang qui coulait de sous la cabine, acheva-t-il en baissant les yeux. 

Josette mesura aussitôt l'ampleur de la situation. Elle ordonna à un élève responsable de surveiller la classe et sortit à la suite du jeune homme, prenant soin de bien fermer la porte de la salle.

   L'institutrice avait assez d'expérience avec les enfants, en ayant elle-même trois, pour savoir qu'il y avait de nombreuses possibilités sur cet incident. Bien sûr, la première chose à laquelle elle avait pensé en entendant le récit du garçon était un suicide. Mais cela l'étonnait fortement ; elle avait eu Lina comme élève l'année précédente également, et cela avait toujours été une jeune fille sérieuse et avec une étonnante aisance dans sa matière. Elle n'avait pas l'air malheureuse.

Mais tout peut très vite basculer, et l'enseignante le savait. Parfois, la vie peut vous sembler paisible, parfaite même. Vous croyez que rien ne pourra gâcher votre bonheur. Dans ces cas-là, celle-ci va vite vous prouver que vous aviez tort.

C'est pourquoi elle accéléra le pas, dépassant James dans le long couloir des sciences. Au vu de l'expression du jeune homme, ce n'était sûrement pas une blague.

Arrivés au bout du couloir, le professeur ordonna à James de rester dehors, malgré ses protestations, prit une grande inspiration et entra.



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