Famille recomposée

Larmes

Depuis qu'il avait rencontré Harry Potter, et qu'il avait vu comment son père revenait à la vie en sa présence, Scorpius en était venu à presque idolâtrer le héros du monde sorcier.
Il comprenait pourquoi Albus était un garçon aussi gentil, parce qu'il avait immédiatement vu la ressemblance entre son meilleur ami et Harry.

Scorpius était heureux maintenant qu'il était à Poudlard : il avait un ami proche, avec qui il s'entendait parfaitement. Son père avait quitté l'isolement de leur Manoir pour le rejoindre à Poudlard où il était devenu professeur. Un professeur sévère et exigeant mais juste.
Depuis qu'il était né, Scorpius n'avait jamais vu son père ainsi : il souriait, riait et était plus détendu. Il semblait avoir perdu l'ombre qu'il avait en permanence dans ses yeux gris.

Ils s'étaient rapprochés tous les deux : ils n'avaient jamais eu autant de moments père - fils que depuis cette année, même si Drago avait toujours été un père attentif et aimant. Scorpius avait toujours eu une confiance totale en son père, mais cette fois, il savait qu'il pourrait compter sur lui en n'importe quelle circonstance.

Quand son fils vint le voir dans ses appartements en ce samedi matin, Drago l'accueillit avec plaisir. Venir à Poudlard avait été la meilleure décision de sa vie. Il y avait retrouvé un second souffle, une nouvelle vie.
Scorpius aussi avait profité de cette décision : son petit garçon triste et solitaire était en passe de devenir un magnifique jeune homme plein de vie. Il était toujours timide. Mais il s'épanouissait.
Et une fois de plus, il devait le bonheur de sa famille à Potter. Potter père et fils.

Drago se rendit immédiatement compte que quelque chose tracassait Scorpius. Son fils était hésitant et évitait son regard, comme s'il voulait dire quelque chose mais qu'il n'osait pas.
Avec un soupir, le professeur de potions le fixa un long moment avant de lui demander brusquement les raisons de sa visite.
Scorpius rougit et hésita avant de soupirer et de s'asseoir face à son père.

- C'est à propos d'Albus.
Drago réprima un sourire et une remarque. C'était toujours à propos d'Albus. Scorpius s'était érigé en protecteur du fils Potter, et Drago ne pouvait pas le lui reprocher - surtout depuis que le garçon avait bravé la forêt interdite sans la moindre hésitation pour en sortir son ami.
Le plus jeune des fils Potter avait une sorte de fragilité qui donnait envie de le couver. Lui-même devait avouer qu'il en avait fait un de ses élèves préférés même s'il ne le montrait pas.
Pourtant, le petit brun n'était pas sans défense ; il était aussi timide que Scorpius, mais il avait du caractère. Le même caractère que son père au même âge. Les mêmes yeux décidés. Albus n'était totalement démuni que face à son grand frère...

Drago leva un sourcil en voyant Scorpius se mordiller la lèvre, et se pencha.
- Et bien ? Qu'est ce qui se passe ? C'est si grave ?
- Papa... Est-ce que le professeur Potter t'a parlé de ce qui se passait... chez lui ?
Hésitant Drago fronça les sourcils.
- Je ne suis pas certain de savoir ce dont tu parles.

Scorpius soupira, et haussa les épaules.
- Je suppose que tu en entendras parler, de toutes façon. Les parents d'Albus vont divorcer.
Drago hocha la tête.
- Je suis au courant, effectivement. C'est Blaise qui s'occupe de cette histoire.

Le jeune garçon garda le silence, fronçant le front comme s'il réfléchissait. Puis il leva les yeux vers son père. Drago se fit la réflexion que si Albus avait les yeux émeraude de son père, son propre fils avait hérité de ses yeux couleur mercure. Comme si leurs enfants leurs montraient ce qui aurait pu se passer s'ils avaient été amis dès le début au lieu de se détester avec tant d'intensité.
Finalement, Scorpius se frotta les yeux dans un geste enfantin, le faisant paraître terriblement jeune aux yeux de son père.
- Albus est en larmes tous les soirs.
Drago se pencha un peu plus, posant une main rassurante sur l'épaule de Scorpius.
- Pour quelle raison ? Quelqu'un l'embête ? Son frère ?
Scorpius secoua la tête brusquement.
- Il est persuadé que ses parents divorcent à cause de lui. Il pense que... sans lui, il n'y aurait pas autant de problèmes.
- Pourquoi il ne va pas en parler à son père ? Il me semblait que ton ami avait compris que Potter l'aimait pourtant ?

Scorpius grimaça.
- Al pense que toute la famille de sa mère va le détester. Et il m'a dit que son père les adorait vraiment beaucoup.
Drago soupira et grogna.
- Déjà... Granger et son mari ne le détestent pas. Et ils ne le détesteront jamais. C'est même sa tante qui a parlé en premier de cette histoire de divorce.
- Je lui ai déjà dit que le professeur Granger-Weasley n'était pas du genre à le détester.
- Il est têtu comme son père à ce que je vois. Je ne connais pas le reste de la famille Weasley en détail, mais ils ne sont pas du genre à détester un petit garçon perdu dans une histoire d'adultes.

En voyant son fils hésiter à nouveau Drago sourit, s'attendant déjà à la question suivante.
- Papa ? Pourquoi les Malefoy et les Weasley sont ennemis ?
Drago se laissa aller dans son siège et soupira.
- Exactement ? Je l'ignore. Une vieille histoire. Une querelle qui a eu lieu il y a des centaines d'années probablement. Une histoire de promesse de mariage rompue peut-être. Et puis... chaque génération a continué de détester la famille ennemie.
- Donc ça ne te gêne pas que je sois... ami avec Rose Weasley ?
Drago ricana.
- C'est maintenant que tu le demandes ? Je ne suis pas aveugle mon fils. Et non, ça ne me gêne pas.
Scorpius rougit, mais ne répondit pas.

Drago se leva.
- Allez Scorpius. Retourne voir ton ami, j'ai une conversation à avoir avec le professeur Potter. Je pense qu'il aimerait être tenu au courant de ce qui se passe pour pouvoir rassurer son fils.
Scorpius eut un large sourire et se jeta contre son père pour l'enlacer. Il déposa un baiser sur sa joue et partit comme une fusée, visiblement pressé de rejoindre Albus.
Drago soupira et se frotta les yeux. Les semaines à venir allaient être compliqué pour le Sauveur visiblement. Le blond grogna en se souvenant de Potter buvant jusqu'à l'ivresse à cause de la belette femelle. Et voilà que maintenant son fils s'en rendait malade...
Il drapa sa cape sur ses épaules et sortit de ses appartements, décidé à rendre une visite à un certain brun aux yeux verts.