Yeux morts

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Comme toute bonne chose, la fin approche. Demain, je publierai l'ultime chapitre et épilogue de cette fiction, qui répondra à toutes vos interrogations concernant l'avenir des personnages...

Merci  de m'avoir suivie au fil de ces jours, c'est un plaisir de lire vos réactions et de voir vos votes !

J'espère que vous avez aimé. En attendant, bonne lecture avec le chapitre du jour !


Abasourdie, Electre avait longuement dévisagé les deux professeurs, ne voulant pas croire en ce qu'elle venait juste d'entendre.
Elle était la fille de Voldemort. La fille de Bellatrix Lestrange. Elle avait tenté de faire accuser Drago Malefoy d'avoir lancé la marque de ténèbres et elle s'était attaqué aux fils des deux professeurs.
Il était inconcevable qu'ils puissent tous les deux lui tendre la main. Même avec ces liens familiaux ténus qu'ils avançaient, ils n'avaient pas la moindre obligation. Ses parents avaient veillé à ce que sa généalogie reste secrète : il ne tenait à elle d'avouer qui elle était en réalité.

Décidant qu'elle ne pouvait pas réfléchir sereinement face aux deux professeurs qui attendaient calmement une réaction de sa part, elle bredouilla une vague excuse avant de fuir en courant.

Les deux hommes regardèrent la jeune fille quitter la salle comme si elle avait le diable au trousses et il échangèrent un coup d'oeil inquiet.
Finalement, Harry soupira.
- Elle reviendra.
- Toujours aussi optimiste Potter. On attend peut-être un peu trop de cette gosse non ?
- Je ne sais pas comment elle a grandi, mais... si elle a manqué d'attention comme tu sembles le penser... Elle aura envie de voir ce qu'est une vie affective stable.

Drago le dévisagea et renifla.
- Et pour quelle raison elle aurait cette envie ?
Harry s'écarta du bureau contre lequel il était appuyé - et de Drago - pour aller et venir dans son bureau, en se passant nerveusement la main dans les cheveux. Puis, après quelques tours - juste avant que Drago ne fasse une réflexion désagréable sur son incapacité à rester immobile pendant une conversation - il reprit la parole.
- Parce que c'est exactement ce que j'ai fait. Quand j'ai rencontré les Weasley. Dès que je les ai rencontré... Au moment où ils m'ont invité chez eux, je me suis glissé dans leur famille en prétendant en faire partie et j'ai profité de chaque... instant. De chaque geste de tendresse, de chaque moment d'affection en rêvant que j'étais vraiment des leurs. C'est probablement pour cette raison que j'ai fini par épouser Ginny au final.

Le blond resta un certain temps silencieux. Puis ses lèvres s'étirent en un rictus moqueur.
- Belle séance de psychologie Potter. Ton médicomage devrait être ravi...
- Abruti.

Ils échangèrent un regard avant de sourire. Puis, Harry mit fin à la conversation en haussant les épaule.
- Nous verrons bien.

De retour dans son dortoir, Electre s'était jeté sur son lit et avait soigneusement fermé ses rideaux. Elle avait besoin de solitude, pour pouvoir réfléchir à ce qui venait de se passer.
Venant de n'importe qui d'autre que le professeur Harry Potter, elle aurait pensé à une mauvaise plaisanterie à ses dépends. Une façon de se venger d'elle, de ses parents.

Elle ne le connaissait pas depuis longtemps, mais elle avait déjà compris que ce n'était pas le genre du Sauveur.
Elle aurait aimé pouvoir lui trouver un défaut, pour continuer de le détester... Parce que bien qu'il ait tué ses parents juste après sa naissance, elle n'arrivait pas à lui en vouloir.

Elle sortit de sous son oreiller une photographie sorcière abîmée et elle contempla le portrait de sa mère, Bellatrix Black. Sous la masse des cheveux noirs et bouclés, les yeux morts fixaient le vide. Elle avait une moue boudeuse qui lui donnait un air vulgaire.
Jusqu'à présent, elle n'avait pas fait attention à l'apparence de sa mère. Elle avait vénéré l'image, le seul souvenir qu'elle avait. Elle avait idéalisé cette femme, parce qu'elle était sa mère, et parce qu'elle n'avait rien d'autre.

Maintenant, après avoir entendu une autre version - la version de l'autre camp - elle commençait à ouvrir les yeux. La femme de la photo ne ressemblait pas à une mère douce et aimante. Elle avait l'air folle. Folle et dangereuse.
Le professeur Malefoy lui avait dit que si ses parents étaient resté en vie, elle aurait été malheureuse, voire maltraitée. Sur l'instant, elle avait pensé que c'était pour la blesser, ou une manoeuvre pour endormir sa méfiance. Maintenant, elle commençait à le croire.

De toute sa vie, elle n'avait jamais entendu quelqu'un dire du bien de ses parents. Ils étaient puissants, cruels, impitoyables. Il n'y avait pas de récit d'amour romantique entre eux, pas de tendresse ou de bonne action. Voldemort avait visiblement choisi sa meilleure combattante pour lui donner un héritier. Rien de plus.

Les larmes coulaient maintenant librement sur ses joues, dans le secret de son lit. Elle se sentait stupide et pathétique.
Stupide d'avoir suivi aveuglément les préceptes de deux êtres cruels fussent-ils ses parents. Pathétique d'espérer le pardon et le bonheur après avoir été élevé comme une bonne petite disciple des ténèbres.
Electre renifla, et repensa à la proposition de ses deux professeurs. Les deux ennemis étaient liés par le nom des Blacks et ils avaient l'air de penser qu'ils pouvaient l'aider. Ils avaient l'air certains que leurs familles, leurs enfants l'accepteraient comme l'une des leurs...

Avec colère, Electre déchira en deux la photo de Bellatrix et la laissa tomber sur le lit, en sanglotant comme une petite fille. Elle s'essuya rageusement les joues, et se coucha en position fœtale, fermant les yeux très fort pour essayer d'imaginer ce que ce serait de vivre chez les Potter ou chez les Malefoy.

"Ça ne tient qu'à toi de le découvrir". La petite voix dans sa tête la tentait terriblement d'accepter la proposition.
Appartenir à une famille, recevoir des sourires plutôt que des reproches. Elle rencontrerait peut-être les soeurs de sa mère. La lady glaciale et celle qui avait épousé un moldu. Elle ne serait plus jamais seule.

Il fallait simplement choisir un des deux professeurs. Ou juste accepter leur proposition et les laisser décider chez qui elle irait.
Ses larmes s'apaisèrent tranquillement, et elle renifla avant de s'essuyer le visage. D'une main tremblante, elle saisit les morceaux de la photo de sa mère et soupira. D'un geste adroit de sa baguette, elle lança un Reparo. Immédiatement, la photo se reforma, comme si elle n'avait jamais été abîmée.
Electre regarda une fois de plus la femme sur l'image, puis elle se redressa. Au lieu de glisser la photo sous l'oreiller comme elle le faisait depuis toute petite, elle la rangea soigneusement dans sa malle.

Il était temps qu'elle regarde vers l'avenir, son avenir. Elle ne laisserait pas passer la seconde chance qui lui était offerte.


Prompt de demain : Vendu

Famille recomposéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant