Douce obscurité

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L'apparition de la marque des ténèbres avait causé une certaine agitation. Cependant une fois le choc passé, Minerva avait refusé de considérer l'incident comme autre chose qu'une blague cruelle.
Drago avait tenté de protester, en arguant que le sort demandait de la puissance et une maîtrise hors de portée de la plupart des élèves, mais la Directrice avait fait la sourde oreille.

Après tout, la guerre était terminée depuis des années, et il n'y avait plus de Mangemorts depuis bien longtemps. Le monde magique était en paix, bien loin des tensions de l'après-guerre, quand les idéaux de Voldemort avaient encore un écho.

Malgré les avertissements de ses professeurs et de son père, James prenait un malin plaisir à rappeler haut et fort que Drago Malefoy était un Mangemort et qu'il était forcément celui qui avait lancé la marque des Ténèbres.

En voyant Teddy une fois de plus avec Electre, Harry furieux, se décida à le renvoyer chez les Weasley, envoyant un hibou à Charlie pour lui demander de tenir son filleul à distance de Poudlard pour quelques temps. Au moins jusqu'à ce qu'il ait éclairci cette histoire de marque des ténèbres.
Compte tenu de son humeur massacrante, Minerva se laissa convaincre pour qu'il organise des rondes. Harry pensait que Poudlard devait être surveillé de près.

Puisque l'épisode des enfants disparus était encore frais dans toutes les mémoires, personne n'osa protester ou lui dire qu'il se faisait des idées. La première fois, son intuition avait été juste après tout.
Harry avait été jusqu'à appeler Ron, pour lui demander de venir jeter un œil. Dans l'après-midi, les deux amis avaient exploré l'orée de la forêt interdite. Sans surprise, il n'y avait aucune trace de passage. Ni l'un ni l'autre ne s'était attendu à trouver un indice sur l'identité du soit-disant plaisantin, mais l'inspection devait être faite - après tout l'un et l'autre avaient reçu une formation d'Auror, et ils avaient des années de pratique pour enquêter...

Juste avant le couvre-feu, Harry retrouva ses collègues. L'ancien Auror fut surpris de voir qu'ils attendaient tous ses instructions, et il les remercia de leur confiance. Ils décidèrent de faire des groupes de deux. Ron et Hermione furent chargé d'arpenter les couloirs du château. Il y avait en plus les autres professeurs et Rusard, ce qui permettrait de couvrir un maximum de surface.
Neville et Pansy furent chargés d'inspecter les alentours des serres de Botanique. Quand à Harry et Drago, ils se rendraient près de la forêt interdite, pour s'assurer que personne ne réitérerait les exploits de la veille.

Drago ne fit pas le moindre commentaire. Il ne protesta même pas à l'idée d'aller dans la forêt interdite en pleine nuit. Ils s'éloignèrent donc en silence du château, profitant de la douce obscurité uniquement troublée par la lueur de la lune.
- Potter ? Tu penses réellement que... que la personne qui a lancé ce fichu sort va recommencer ?
Harry prit le temps de réfléchir soigneusement avant de répondre. Il haussa les épaules, tout en continuant d'avancer.
- Je ne pense pas non. Mais je préfère être prudent. J'ai comme l'impression que c'est une façon de te nuire.
- Me nuire à moi ?
- Tu portes la marque Malefoy. C'était évident que les regards allaient se tourner vers toi.
- Dès qu'il se passe quelque chose je suis pointé du doigt. Toutes ces années j'en ai entendu à mon sujet. Que j'allais devenir le prochain mage noir, que j'étais l'héritier de... Tu-sais-qui. J'ai souvent reçu la visite de tes anciens collègues, pour tout et n'importe quoi...

Harry marmonna en secouant la tête avant de renifler.
- Et bien qui que ce soit, je ne compte pas te laisser hors de ma vue Malefoy. Tu vas devoir me supporter.
Drago laissa échapper un ricanement moqueur.
- J'ai pas besoin d'un baby-sitter, Potter. J'ai parfaitement survécu toutes ces années sans ton aide tu sais.
Le Sauveur grogna, et accéléra légèrement, les poings serrés. Drago leva les yeux au ciel, amusé malgré lui par le manège du brun.

Arrivé à l'orée de la forêt, Harry attendit Drago, avec un léger sourire, comme s'il avait oublié qu'il était en colère quelque instants plus tôt.
- Ton fils avait l'air inquiet tout à l'heure, Malefoy.
Drago le fusilla du regard, et souffla avant de répondre, maudissant ce fichu Gryffondor entêté.
- Je sais qu'il en a bavé. Si j'avais pu éviter...
- Albus ne le laissera pas tomber...
Le professeur de potions le coupa brusquement.
- Tête de mule de père en fils.
Harry se pencha vers lui, les yeux brillants.
- Plains-toi Malefoy...

Le blond écarquilla brièvement les yeux, avant de reculer d'un pas. Il détourna le regard, comme pour inspecter les alentours, essayant de chasser l'espoir insensé que ce foutu Potter lui donnait. Il était habitué à supporter les conséquences de la marque sur son bras. Les regards dégoûtés ou pleins de colère, le refus de traiter avec lui, l'isolement. Il avait appris à son fils à ignorer ce que le monde sorcier pouvait dire sur leur famille.
Potter et son fils avaient déjà offert beaucoup. Scorpius n'était plus le petit garçon laissé à l'écart, infréquentable. Et lui avait un travail. Le genre d'emploi qu'il n'aurait jamais osé rêver.

Et comme s'il ne lui devait déjà pas tant, Potter voulait le materner pour s'assurer qu'il ne soit accusé de rien. A une époque, il aurait bousculé le brun, l'aurait insulté pour faire passer son sentiment stupide de reconnaissance. Mais depuis qu'ils étaient à Poudlard, il avait appris à l'apprécier, et il y avait bien longtemps que le Sauveur du monde magique n'était plus un ennemi à ses yeux.

Drago sursauta brusquement en entendant un bruit venant des arbres derrière eux et il se retourna d'un bloc, trébuchant. Harry le rattrapa d'une poigne de fer - visiblement ses réflexes étaient toujours aussi bons - et gloussa en lui montrant une chouette s'élever dans le ciel à grands battements d'ailes.
Ils avancèrent entre les arbres sans un mot, et ce n'est que lorsque la lueur de la lune disparut derrière une masse nuageuse que Drago prit conscience que Harry ne l'avait pas lâché.
Il hésita, mais ne chercha pas à se dégager, trouvant du réconfort dans la poigne chaude qui enserrait sa main.

Quelques instants plus tard ce fut Harry qui trébucha, se prenant les pieds dans une racine. Drago le réceptionna, une réflexion moqueuse prête à jaillir.
Il n'eut pas l'occasion de parler cependant, puisque les lèvres de Harry se collèrent contre les siennes, d'abord accidentellement puis volontairement, le déstabilisant complètement.

Famille recomposéeWhere stories live. Discover now