Chapitre 3 : Ivy

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Mon réveil sonne. Autant dire qu'il me fait saigner des oreilles avec son bip bip insupportable. J'appuie sur snooze et fixe l'heure . 5h45.

Je parviens difficilement à me lever, la nuit a été courte et fraîche. Je me dirige lentement vers le petit lavabo dans lequel on m'autorise à me brosser les dents et me faire un brin de toilette. Pour ce qui est de la douche, je n'ai le droit de l'utiliser que tous les deux jours et elle se situe à l'étage. Je trouve ça crade de ne se laver que tous les deux jours, alors je me frotte avec un gant de toilette tous les matins. Je me contemple dans le minuscule miroir qui accompagne celui-ci et constate avec horreur que mes épaules sont courbées. J'arrive à peine à me mettre droite Une atroce douleur m'envahit les omoplates. J'abandonne de toute façon pas besoin de se tenir droite dans cette maison, c'est même interdit...

Je me passe un peu d'eau sur le visage, me coiffe dune simple queue de cheval basse et enfile ensuite un bas de pantalon en toile assez délavé et un gros pull. Me voilà fin prête à affronter la journée. Du moins physiquement.

Je monte les marches gelées des escaliers, les pieds seulement couvert d'un fin tissu que sont mes chaussettes. Mes chaussures, si on peut les appeler comme cela m'attendent au pas de la porte en haut. Ce sont des Crocs blanches, comme on en voit souvent dans les hôpitaux. Je le sais car on m'y a, une fois, emmenée pour une profonde plaie à la main dû à un couteau. J'étais en train de préparer le repas quand je me suis coupée me semble-t-il. J'ai eu droit à quatre points de sutures. Le médecin si je me souviens bien, portait d'atroces sabots blancs ressemblant vachement à ce que l'on ma donné en guise de chaussures. Depuis que je les ai je me dis que je suis utile et que je peux me comparer aux médecins dans les hôpitaux qui sauvent des vies. En revanche moi, je n'aide personne à garder la santé physique mais j'aide la famille Lefebvre à garder la sienne, mentalement. En y laissant au passage, chaque jour un peu plus, la mienne...

J'enfile mes fameuses Crocs et a pas de souris me dirige vers la cuisine. Je traverse le couloir encore plongé dans les ténèbres, éclairé uniquement de la faible lumière de la Lune. Avec le temps j'ai appris à me repérer dans la maison dans le noir. Quand la Lune n'éclaire pas assez le couloir, je compte mes pas pour savoir quand je dois tourner. Ça peut paraitre fou mais c'est efficace. J'ai dû apprendre à me faire discrète pour ne pas mettre le chef de la maison en colère.

Une fois dans le lieu désiré, je ferme la porte derrière moi pour qu'aucun bruit ne séchappe de la pièce. Je dois me dépêcher de préparer la première tournée de petits déjeuners, pour Riley et Roy. Ils vont chasser, comme tous les ans. En plus de dix ans, ils n'ont rapporté qu'une fois du gibier frais. Une vraie catastrophe, pour moi... J'ai dormi, enfin j'ai essayé de dormir avec des cadavres de bêtes sauvages qui me fixaient de leurs grands yeux. Alors certes, elles étaient déjà dans l'autre monde mais elles n'en restaient pas moins effrayantes. De plus, le sanglier et la biche étaient couvert de sang, ceci glaçait le mien. Et puis n'oublions pas cette odeur infame qui accompagnaient les animaux.

Depuis cette terrifiante nuit, je croise les doigts pour que les animaux de la forêt ne se fasse pas tuer. Cela m'épargnera une nuit de cauchemars... Je ne pourrais supporter une deuxième fois la compagnie d'étranges choses qui me regardent avec des yeux globuleux...

Ce souvenir me fait frissonner. J'allume la petite radio du plan de travail et règle le son pour ne pas réveiller les autres habitants de la maison. La musique rock'n'roll matinale me fait du bien. Je peux lever la tête, chanter, danser et m'amuser sans contraintes. Le matin c'est mon moment à moi, Ivy O'Kelly.

Je me prépare une tasse de café que je bois rapidement malgré la chaleur du liquide et grignote un bout de brioche. Je n'ai étonnamment pas d'appétit ce matin ce doit être à cause de cette horrible souvenir, cauchemar, qui ma envahi lesprit.

Orpheline Tome 1 : Pour toujours et à jamais... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant