Chapitre 23 : Ivy

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Si je pouvais moi-même débrancher mon cerveau, je serais sûrement en train le faire même s'il semble s'être déconnecté tout seul.

Il est là, devant moi, à me scruter de ses somptueux yeux bleus. La casserole que j'avais entre les mains s'est échapper quand j'ai vu Riley, déversant ainsi son contenu sur le carrelage blanc. Des haricots pour être plus précise, c'est tout ce qu'il y avait dans les placards comme conserves tandis que je mourrais de faim, jai décidé d'en préparer. Finalement, je ne mangerai pas ces légumes qui n'avaient tout de même pas l'air appétissant.

Je réagis en ramassant la casserole. Riley se précipite pour m'aider, je le laisse faire.

Un amas de questions se bouscule dans mon cerveau qui surchauffe. Une forte odeur de bière couvre l'odeur caramélisé de Riley. C'est plus fort que moi, je lui reproche d'avoir bu me comportant ainsi comme une mère, inquiète pour son fils.

-T'as bu combien de bières ?

-Quelques-unes, se confit-il.

-Combien précisément.

-Assez pour ne plus m'en souvenir !

Il hausse le ton, je me tais.

Il ramasse en silence les haricots avec ses mains et les balance à la poubelle sans aucune délicatesse.

-Ca m'étonne que tu ne m'ait pas encore foutu dehors, dit-il sur un ton décontracté, qui me rappelle bien qu'il a bu.

Je ne réponds rien à sa remarque parce que je n'ai rien qui me vient à l'esprit. Je le rejoins à la cuisine et commence à laver la casserole dans l'évier. Aussi classe que soit cet appartement, il lui manque bien quelque chose dessentiel, un lave-vaisselle... Riley me regarde, sans bouger, adosser au plan de travail. Je jette discrètement un œil en sa direction, même éméché, il est rayonnant. Le silence est pesant alors j'engage la conversation, s'il se décide à rester, ce qui est probable étant donné que c'est un studio qui appartient à sa mère, autant qu'on évite de se fritter.

-J'ai trouvé un boulot.

-Oh.

-C'est une boutique de couture au centre-ville.

-Ouais cool.

Je ne sais pas vraiment quoi ajouter, il ne semble pas passionné par ce que je lui raconte.

-Je prend mes affaires et je rentre, annonce-je.

Il me barre la route de son imposante carrure. Qu'est -ce qu'il fait ?

Sa main se pose sur ma joue et il la caresse du pouce. Je recule d'un pas, il ne faudrait pas que je tombe dans son piège de séduction. J'ai dit que j'avais besoin de temps et cette phrase est toujours à l'ordre du jour.

-C'est à moi de partir, je suis arrivé en dernier, s'écrit-il d'une voix rauque.

J'attends qu'il prenne ses affaires et qu'il sen aille avant de frapper dans le mur de toutes mes forces avec mon poing. Je suis rattrapée par la douleur, je hurle, je pleure devant mes phalanges ensanglantées. Riley et moi jouons au chat et à la souris et il faut que cela cesse !

Tant pis pour le repas, je me couche fâchée. Diane lui a dit ou je me trouvais... Il s'est pointé et à mis le bazard dans mon cœur et ensuite il s'est barré sans un mot. Quelle bourrique !

Je me roule en boule dans la couette fleurie du grand lit de la chambre parentale. Des larmes incontrôlables s'échappent de mes yeux, je les laisse faire sans résister. Je suis tentée de rappeler Riley, de lui dire que je ne veux pas vivre sans lui, que je veux que tout redevienne comme avant mais le sommeil m'a prise de court.

La nuit a été compliquée, j'ai rêvé de Riley. J'ai même inconsciemment composé son numéro pendant que je dormais, heureusement il n'a pas décroché. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce mec s'est immiscé en moi, il a planté ses griffes dans mon cœur et je n'ai aucune idée de comment le faire disparaitre ne serait-ce qu'une minute de ma cervelle.

Si j'y avait pensé, je lui aurais rendu son pull hier mais ce n'est pas le cas alors celui-ci traine toujours sur la commode. Je passe à côté, je le renifle comme un chien en quête d'une odeur familière. Le caramel s'infiltre en moi, j'en deviens ivre, je pourrais avoir cette odeur sur moi toute la journée.

Je me convins de ne pas me trimbaler avec le sweat de Riley et j'opte pour un petit pull basic et un jean. J'enfile puis lasse mes bottes. Me voilà fin prête pour aller bosser. Je m'y rends le ventre vide.

-Bonjour !

Sophie m'accueille chaleureusement, un peu de bonne humeur me fait du bien.

-Tu n'as pas l'air en forme, remarque-t-elle.

-Sommeil agité, parviens-je à répondre.

-Je vois, ça m'arrive souvent à cause d'Ellie.

L'idée de devenir mère ne m'emballe pas plus que ça même si en règle générale, j'adore les enfants. Je me dis que j'ai encore le temps d'y réfléchir et que je dois d'abord me laisser avoir dix-huit ans, le 8 avril. En fait je viens seulement de me rendre compte que mon anniversaire se situe trois mois pile après celui de Riley.

-On a beaucoup de boulot aujourd'hui, m'annonce Suzanne qui fait son apparition dans une robe de soie blanche.

Elle est jolie avec son petit nœud à l'avant et semble parfaitement ajustée à la fine silhouette de ma patronne. Malgré son âge qui s'approche fortement de la retraite, Suzanne est en forme et elle a gardé sa beauté de jeunesse. En effet, les quelques rides qui se sont installées sur son visage ne l'empêche pas d'être coquette, au contraire. Un fard à paupières, qui vire au beige, est délicatement apposée sur ses yeux, d'un noir sublime, ainsi en ajoutant un gloss clair, Suzanne ne fait aucun faux pas en terme de maquillage.

Je l'admire en commençant à réparer une épouvantable robe, vert sapin. Comme si elle avait lu dans mes pensées Sophie fait remarquer que ce vêtement est moche ce qui me fait sourire.

La matinée passe à toute vitesse comme l'après-midi d'ailleurs. En sortant du travail je décide de passer un coup de fil à Diane. Tout dabord pour la remercier de me prêter son appartement et ensuite pour lui annoncer que je vais pouvoir rembourser une partie des frais que je lui occasionne grâce à mon nouveau boulot. Je passe la fâcheuse idée de lui demander si c'est elle qui a dit à Riley ou je me trouvais.

J'enfile mes écouteurs puis mon bonnet car le vent me glace les os. Une voiture chic passe à côté de moi pendant ma marche pour rentrer et elle attire mon attention. Sûrement parce quelle ressemble à la Jaguar dans laquelle j'étais installée en allant à la fête du 31 décembre.

Je déglutis quand je repense à cette soirée. Ça été le début dune nouvelle aventure et la fin d'une partie de moi. Riley refait surface dans mon esprit, j'aimerais l'appeler et lui dire qu'il me manque, que je ne suis qu'une idiote de lui avoir dit ça et que je ne le pensais pas. Ma fierté reprend vite le dessus chassant cette vilaine pensée de ma tête.

Arrivant dans une rue où la circulation est moins dense, je compose le numéro de Diane.

Après trois sonneries, on décroche.

Orpheline Tome 1 : Pour toujours et à jamais... Where stories live. Discover now