Chapitre 6 : Riley

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-C'est quoi votre problème ? Vous êtes aveugles ? C'est plus une petite fille merde ça devient une femme !

Je m'emporte facilement, prenant inconsciemment la défense d'Ivy.

-Ne me parle pas comme ça Riley ! hurle mon père.

-Vas-y c'est bon je dégage, de toute façon tout le monde s'en fou des autres dans cette famille !

Je sors et claque la porte derrière moi. J'entends mon père râler puis il se calme et retourne sans doute terminer son déjeuner. La partie de chasse raté lui tape sans doute sur les nerfs et à moi aussi. Je ne sens toujours pas mes orteils et mes fringues sont encore humides.

Je fais le tour de la maison puis je monte dans ma chambre. Je n'ai pas vu Ivy. Ai-je seulement envie de la voir ? Oui. J'en meurs d'envie. Mais je dois d'abord prendre des nouvelles de Jade.

J'allume mon téléphone, cinq nouveaux messages, tous de Jade. Elle me demande simplement comment je vais et si la partie de chasse père-fils a été efficace. Je réponds vaguement disant que je ne veux pas parler de la matinée désastreuse que j'ai vécue. Je lui demande si elle compte passer ce soir, elle me dit que non car ses parents lui ont interdits de sortir jusqu'à l'officiel fin des fêtes de Noël.

J'ouvre mon tiroir. Mon carnet a été bougé. Ivy, forcément. Je fais l'impasse pour cette fois-ci mais elle n'aura pas de deuxième chance. Elle a dû regarder, il va falloir que je le mette à l'abri des regards indiscrets. Elle ma donné rendez-vous au pont demain matin alors il est clair qu'elle a louché dedans. J'espère seulement qu'elle n'a pas feuilleté le bouquin.

J'enfile un jogging et un sweat et glisse mes affaires sales dans un coin de la chambre. J'ai faim. Mon père doit avoir quitté la table. Ivy n'a sans doute pas encore manger vu qu'elle se contente des restes.

Je vais chercher de la nourriture et j'en prend deux portions. Je suis de bonne grâce aujourd'hui, je décide donc d'en apporter à Ivy.

Quand j'ouvre la porte de la cave, une odeur étrange m'envahit les narines. Je la reconnais De la drogue

Je dévale les escaliers, merde, ne me dites pas qu'elle a fait une connerie.

Je pose les plats à la va vite sur le lavabo et me dirige vers le corps endormi d'Ivy. Elle a fumé, c'est clair. J'ouvre la lucarne pour évacuer l'air nocif.

-Ivy. Ivy, fais-je plus fort en la secouant.

Aucun mouvement. Elle respire c'est déjà ça. Je laisse couler un peu d'eau froide dans mes mains et lui balance dans la figure.

-Debout la marmotte.

Elle se réveille brusquement et se couvre le visage. Décidément, elle ne veut pas que je la voie.

-T'inquiète ce n'est que moi, je suis seul.

Elle se détend légèrement mais reste sur ses gardes. Je prends ses petites mains dans les miennes pour découvrir son visage. Ses doigts sont froids et abîmés. Elle me reluque bizarrement, je vais mettre cette drôle de situation sur le compte du joint qu'elle a fumé. L'odeur est pestilentielle, elle me chatouille les narines.

Ivy tremble, peinant à s'asseoir sur le matelas, elle me dévisage. J'aime sa façon de me reluquer comme si je sortais tout droit d'une autre planète. Je profite de chaque instant, elle ne laisse que rarement quelqu'un poser les yeux sur son visage.

Ses yeux sont rouges et bouffis par la drogue. Je doute qu'elle comprenne ce qui se passe, elle ne se souviendra probablement pas de ce moment. Je serai le seul à pouvoir entretenir ce doux souvenir même si les circonstances ne sont pas idéales.

Je l'aide à se redresser, elle me fait signe que sa tête tourne. Je décide d'aller lui chercher un peu deau. Je me dirige vers le petit lavabo quand je vois une ombre qui passe devant la lucarne. Bizarre. Un chat peut-être ?

Le crasseux petit robinet grince quand je le tourne, un petit jet irrégulier, coule jusque dans lévier. Un gobelet en plastique dans lequel repose une brosse à dents défrichée jonche la porcelaine. Je vire la brosse et rempli à moitié le verre.

-J'aime tes cheveux, me dit Ivy d'une petite voix à peine audible.

-Je crois que tu plane, je réplique calmement.

Je lui tends l'eau, elle repousse le gobelet.

-Je vais bien. Et je plane peut-être mais ça n'empêche que j'aime tes cheveux, dit-elle en se frottant les yeux.

Pour quelqu'un qui vient de fumer un joint et qui devrait être dans un autre univers, je trouve la cohérence de ses phrases, surprenante, en plus elle semble vraiment apprécier mes cheveux.

En parlant de la clope, elle est encore sur le sol, je ferais mieux de la jeter avant que quelqu'un ne la voit.

Ivy se laisse tomber sur le lit, je suis surpris de son geste alors je sursaute. En quelques minutes à peine, elle dort comme un loir laissant échapper de légers ronflements de ses narines. Je souris, elle est plutôt rigolote quand elle est défoncée, d'abord son obsession capillaire puis sa façon de roupiller sont hilarantes.

Je décide de ne pas la laisser seule alors je pousse ses pieds pour me faire une place sur le lit improvisé. Je sors mon portable de ma poche. Jade ma laissé un message.

Je passe ce soir ? ou bien tu viens ? J'meurs denvie de te voir a+ kiss kiss

Je croyais qu'elle ne pouvait pas sortir ? Cette fille est d'humeur changeante Cest dingue ! Je réponds un vague « tu me manques aussi » suivi dune excuse bidon laissant entendre que nous ne nous verrons pas ce soir. Je suis crevé et pas d'humeur à écouter Jade papoter toute la soirée. En réalité, j'aime regarder cette petite blonde dormir. J'en viens presque à lui trouver un charme que je ne lui connaissais pas.

Je surfe sur Instagram puis Snap et enfin sur Youtube le temps passe sans que je ne m'en rende compte. Etonnant, que personne ne soit parti à la recherche dIvy, enfin ça vaut mieux que personne ne veuille savoir où elle est.

De grands coups contre la porte d'entrée me font lâcher mon portable qui s'effondre sur le sol en se fissurant.

-POLICE ! OUVREZ ! UN TRAFIC DE DROGUE A ETE SIGNALE DANS VOTRE DOMICILE !

Je tressaille. Merde Je panique. Ivy

Je réfléchis en deux speeds. Mon instinct me dit de planquer Ivy dans le placard à bricolage, elle dort, pas de risques qu'elle bronche. S'ils la trouvent, ils vont l'embarquer je ne pourrais supporter une telle chose.

Je m'exécute en la trainant jusqu'à larmoire où je pousse les outils. Après de longues minutes de galère, je finis enfin par fermer la portière de cette foutue armoire en bois.

Les flics vont sentir l'odeur merde merde

Je stresse ne sachant que faire, Ivy a forcément d'autres clopes planquées ?

C'est plus une question qu'une affirmation. J'entends de lourds pas se diriger vers la porte menant à la cave. Riley réfléchis, putain. Mon cur bat la chamade et mes mains tremblent. Je retourne le peu d'affaires que possède Ivy, sans succès. Pas de traces de drogue. Le matelas. C'est le seul truc que je n'ai pas retourné.

Le bruit des policiers se rapproche. D'une seconde à l'autre, ils seront là.

J'invente une excuse bidon pour expliquer la disparition d'Ivy en allumant un joint. Si les poulets me trouvent moi plutôt qu'elle, cela me va. Je sais que mon père me tirera d'affaire, comme à chaque fois.

Nez à nez avec trois hommes armés, je lâche ma cigarette et lève les bras. Je prie intérieurement qu'Ivy ne se réveille pas.

Je croise le regard incrédule et confus de mon père. Je suis honteux de me faire menotter dans ma propre maison pour quelque chose que je n'ai pas fait, cest-à-dire apporter de la beuh dans cette baraque.

Je reste silencieux durant mon arrestation et me fait embarquer devant l'ahurissement de mon géniteur. Il me lance un regard noir quand le policier ferme la porte de la fourgonnette, tout s'est passé tellement vite.

Je devrais être terrifié de ma situation mais la seule chose qui m'importe, c'est qu'Ivy soit en sécurité.

Orpheline Tome 1 : Pour toujours et à jamais... Where stories live. Discover now