Jour 50 : Mais que prépare t'elle ?

94 13 0
                                    

Face à moi, je fixe cet homme usé par le temps, les épaules carrés, les mains calleuses, le visage reflétant les années de travail en extérieur. Ses yeux d'un naturel si brillant de malice me fixent avec colère sans pareille pendant qu'il hurle encore et encore bougeant les mains pour appuyer ses infâmes mots. Que dit-il ? Je ne sais pas, je l'entend mais de loin, comme un bourdonnement auquel mon cerveau ne porte pas attention.
Mon regard balaye le couloir et tombe sur ma mère dernière lui me fixant de ses yeux gris semblables aux miens a défaut d'être remplis de larmes actuellement. Les miens le sont-ils ? Je ne sais pas, je suis comme déconnecté. Le cerveau est un muscle fascinant vous ne trouvez pas ? Parfois chaque détail est retenu et l'instant d'après seuls les pensées demeurent en parfaites reines de ce royaume de sens.
Un claquement dur me fit revenir à la réalité. Je porte une main à ma joue, et le regard dans celui de mon père.

- Comment ose tu ne pas m'écouter ?! Tu me fais honte ! Pourquoi ne peux tu pas être comme les autres ! .. Normal !
Le reste de ses paroles n'atteint jamais mes oreilles, ma joue me brûle toujours mais l'indignation fut vite remplacer par la colère, je voulut passer pour rentrer dans ma chambre Mais ce ne fut pas de son avis et il attrapa mon poignet tirant fort..trop, mon corps n'étant pas prêt je perdu l'équilibre et je me sentit basculer en arrière. Ma respiration se coupa,mes yeux s'ouvrirent en grand, tendant la main vers le visage horrifié de mon père, et le cri perçant de ma mère , essayant en vain de me rattraper à quelque chose avant que violemment ma tête heurte la rambarde en fer de notre escalier. Je sentit mon corps finir sa chute dans les escaliers, mes os craquent en même temps que mon crâne et je n'entendais plus rien, le vide. Un silence si
Mes yeux se ferment et je sombre encore ..et encore.. dans un silence assourdissant.

J'ouvris les yeux, le corps recouvert de sueur, portant par automatisme ma main sur mon crâne, effleurant la cicatrice dépassant légèrement de mes cheveux. Soupirant je me relève en position assise contre le mur, genoux repliés à mon torse. Je hais ce rêve, je hais cette cicatrice.
Je n'eus pas le temps de terminer la longue liste des choses qui m'insupportaient que ma porte de chambre claqua contre le mur, laissant une touffe brune entrée en furis se jetant sur mon lit et moi au passage, m'étouffant de ses bras.
Il me fallut quelques secondes de plus pour comprendre qui c'était et un nouveau soupir franchit mes lèvres.
- Stella..
Elle ne répondit pas trop occupée à mouiller mon torse de ses larmes, maladroitement je caressa son dos en signe de réconfort. Ironique que je sois celui qui la réconforte.
- Stella, a moins que tu ne veuille commettre un homicide sur ma personne, pourrais tu s'il te plaît me lâcher ? 
Mon ton était naturellement et purement sarcastique ce qui eut le don de la faire lâcher avec un léger rire désabusé.
-Tu es idiot tu le sais ça ?
-Ça fait toujours plaisir merci 
Repoussant la couette, je me relève, nullement gêné de ma presque nudité, sachant très bien qu'elle ne le serait pas non plus. Je sentit son regard s'attarder néanmoins plus que nécessaire sur mon corps et une voix aussi froide que la glace répondit à mes questions.
-Tu as maigri.
De nouveau un soupir sortit de ma gorge.
-J'ai des miroirs et même une balance tu ne m'apprends rien.
-Toujours aussi sarcastique
-Voir même plus
Elle rigola, et un léger sourire effleura mes lèvres. Me tournant face à la porte de la salle de bain, ou trône un miroir mural enfin mural mis sur une porte donc ...portable? Secouant légèrement la tête je fixe mon reflet un instant, des cernes noir accentuant mon regard gris " comme le métal " d'après Stella. Ma peau blafarde par manque de soleil laisse voir, sûrement trop mes clavicules.. Soupirant une nouvelle fois en croisant le regard désolé de Stella, j'ouvre cette porte abandonnant mon pauvre reflet.
-Je vais à la douche fais comme chez toi.
Elle acquiesça par habitude et je refermais la porte laissant par la même occasion glisser mon seul vêtement puis entrer dans la douche allumant automatiquement l'eau chaude. Occupé à me laver je réfléchis à tout ça, ne vous méprenez pas je ne suis pas anorexique, j'ai juste quelque peu du mal à manger parfois ou j'oublie tout simplement, et mon corps n'a jamais été très sculpté par le sport, il est plutôt fin, vous voyez les "femboy" ? C'est plutôt ça.
Une fois terminé, j'enroule une serviette et ressort pour entrer dans une chambre vide. Fronçant les sourcils je balaye la chambre du regard et remarque que certains objets n'y sont plus ma valise aussi par ailleurs.
-Mais que prépare t'elle ?
Non soucieux de mon apparence j'enfile un caleçon jean et pull noir attrapa mon feutre noir écrivit 50 sur ma main gauche puis descendit en bas enfin nous n'allons pas descendre en haut de toute manière. Croisant mon père qui une fois de plus détourne le regard et part s'enfermer, je retiens de peu un soupire et dévale les escaliers laissant ma main glisser contre la rambarde. Je tend légèrement l'oreille et entend les paroles de Ma mère et Stella.
-Tu m'a manqué ma petite, ça fait étrange de ne plus te voir à manger à n'importe quel moment
Un sourire naquit sur mes lèvres, l'oreille collée à la porte de la cuisine.
-Vous aussi Bara, je passerais plus souvent c'est une promesse ! Mais une chose reste flou à mes yeux, pourquoi ne m'as til pas appelée ? Enfin, il le faisait mais comme si tout allait bien ..

Silence AssourdissantDove le storie prendono vita. Scoprilo ora