Jour 21 : Tais toi et écoute.

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Je me réveille en sueur, la gorge irritée et la respiration tremblante. Longtemps replié sur moi-même j'essaie de reprendre un rythme normal. Que mon corps ne tremble plus comme une feuille face au vent, que ma respiration ne soit pas aussi hachée que si j'avais fait un marathon et que mon cœur cesse de battre au rythme d'une cacophonie entraînante.
Lorsque c'est le cas je passe doucement ma main dans les cheveux humidifiés par la terreur et déplie chacun de mes muscles avec un gémissement de douleur. J'étais tellement crispé que ça en devenait douloureux, un peu plus et j'obtenais la rigidité cadavérique.
Je cherche autour de moi comme par un réflexe stupide sa présence avant de me souvenir qu'il est partit et que je suis donc seul face à mes ténèbres. C'est lorsqu'il pars que je me sens le plus seul, posant mon dos contre le mur, la nuque contre cette surface froide je réalise qu'être seul dans ma tête est peut-être la plus dangereuse de toutes les folies.
Je reste longtemps ici à fixer le plafond le souvenir fugace de sa main sur la mienne, sa respiration, son odeur emplissant les draps, la chaleur de son corps réchauffant le miens. Le souvenir fugace et éphémère du seul qui effleure mes pensées lorsque je suis dans cet état. Pourquoi ? Pourquoi et depuis quand a t il autant de place ? Depuis quand son sourire et son rire grave ont-ils remplacé les chiffres descendants d'un calendrier mortuaire ?
Je secoue la tête, a quoi bon me poser cette question alors que je sais que je ne connais pas la réponse ?
Je tourne la tête vers le réveil posé sur cette table de nuit en bois. {5h50} Tiens j'ai réussi à dormir environ 3h seul, record du moment.

Je me lève donc doucement pour éviter de m'éclater le nez sur le parquet, puis je pars vers la salle de bain, me gelant les pieds sur le carrelage.
Je laisse tomber mes vêtements au sol avant de me pencher pour les ramasser et les jeter dans la panière tel le merveilleux basketteur que je suis. J'entend déjà la petite voix au fond de mon esprit se foutre de ma gueule, petite voix ou une autre de mes nombreuses personnalités ?
Je laisse l'eau brûler mon corps lentement et délicieusement pendant que je le frotte, me parfumant la peau d'un de leurs produits au nom interminable. Lorsque ma douche est finie et que j'entends la maison commencer à s'agiter, j'enfile des vêtements, avale mes médicaments avec une grimace et trace le chiffre. 21 jours, ce lundi je-ne-sais-pas-combien février..attendez si le 22 c'est dans 21 jours alors nous sommes le premier février ? Donc en ce 1 février j'annonce solennellement que j'ai putain d'envie d'aller manger au chinois.N'empêche ce chiffre est plutôt pratique pour retenir les dates, moi qui ai toujours du mal avec les repères spatiaux temporels.

Lorsqu'enfin j'arrive à émergés de mes pensées je prépare mon sac de cours n'oubliant rien des choses essentiels du style écouteur, briquet, clope, ventoline et médicament puis je descend les escaliers rapidement le son des dessins animés m'informant que ma soeur est déjà arrivé, lorsque j'entre dans la cuisine ma mère et son habituel chemise de nuit me souris me tendant mon thermos de chocolat. Je la remercie d'un baiser sur la joue fourrant celui-ci dans mon sac puis j'embrasse la joue de ma sœur sous ses râlements " grand frère je vois plus la télé" et je salue mon père lisant son journal.

Déjà en retard pour les cours, j'enfile mes écouteurs aux sons de la playlist de Scylla puis me dirige vers l'arrêt de bus mains dans les poches de mon pull. Je m'assieds sur ce banc habituel attendant l'arrivée de Bob en intoxicant un peu plus mes poumons, la mélodie de " écoutez moi " dans les oreilles et les yeux balayant mon environnement.
Soudain ils se posent sur cette petite famille et je souris attendris quand ce qui me paraît être le père arrive vers la femme lui faisant l'éternel "bouh" et qu'elle crie sous les rires du petit.

-Alaric ! Chaque matin c'est la même histoire ! Veux-tu que je meurs d'une crise cardiaque ?

Il répond quelque chose que je ne comprends pas, mais le prénom Alaric lui a très bien percés mes oreilles et je fronce les sourcils tentant de voir si c'est vraiment le Alaric de mon cours de sport, lorsqu'ils tournent au coin de la rue j'ai une vision parfaite et c'est bien Alaric et Ella se tenant avec une poussette et un jeune enfant. Alors ? Ils sont ensembles ? Et ont un enfant ?

Silence AssourdissantWhere stories live. Discover now