Jour 6 : Il est tard.

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Je ferme durement les yeux alors que nous sommes au milieu de la nuit. Et bien évidement je n'arrive pas à dormir !
Je soupire lourdement. Comme c'était idiot de ma part de croire que Théodore pourrais indéfiniment combattre les symptômes.
Je me tourne légèrement vers lui et observe son visage endormi. Normalement à 4h du matin les gens dorment Charlie.

Je souris attendris par ses petits ( hum hum ) poings serrés et ses lèvres à demi close seulement. Je glisse doucement une main dans quelques- unes de ses mèches rebelles avant d'embrasser avec délicatesse son front et de me lever.
Après le dîner d'hier soir, il a été décidé que nous dormirions ici, les parents de Théodore sont dans la chambre d'ami. Après tout, il a fallu sortir le champagne pour apaiser les esprits échauffés par mes paroles. Et le repas a finalement duré jusqu'à tard. Ma mère a trouvé bon de tout leur expliquer dans les moindres détails. Bien vite j'ai fui avec ma sœur. Théodore nous a rejoint quelques temps après.

Je descends les escaliers en faisant le moins de bruit possible et je me dirige vers la cuisine. D'un mouvement automatique pris au fil des mois j'attrape le jus d'orange, m'assied sur le plan de travail et bois à grandes gorgées.

-Il est tard.

Je force mon cerveau a ne pas paniquer inutilement mais le tressaillement et le fait de m'étouffer ça je peux pas le contrôler. L'ombre qui n'en ai pas une tapote mon dos doucement en rangeant à nouveau le jus d'orange.

-Tu devrais dormir.

-M : Sauf votre respect je devrais faire beaucoup de choses que je ne fais pas.

-Comme ?

-M : J'aurais sûrement dû ne jamais m'approcher de votre fils.

-Tu étais déjà très distant au début avec lui.

-M : Il vous as dit ?

-Il me dit beaucoup de choses.

Je baisse la tête, je ne veux pas le faire souffrir. Vraiment, vraiment pas.
Deux doigts glissent sous mon menton et le relèvent.

-Tu lui apporte bien plus que tu ne lui enlèveras.

-M : Mais..

-Il te suffit de survivre. Tu es fort, je le vois dans ton regard.

Je la fixe un long moment et un sourire doux se glisse à nouveau sur ses lèvres alors que son regard et sa posture me montrent une allure déterminée. Déterminé à ? Me convaincre ?

-M : Comment puis-je le faire alors que je m'étais moi même enterré et que les autres le font aussi.

-Tu as utilisé le passé, et certains croient en toi, ne l'oublie jamais.

Elle tourne les talons et repart vers la chambre d'un pas souple et fluide. Je souris à ses cheveux dansant dans le vent. Il ressemble tellement à ses parents parfois. Je remonte à mon tour dans la chambre, au moment où j'ouvre la porte il se relève sur le lit paniqué.

-Charlie !
-Je suis là.

Je retourne m'allonger dans le lit alors qu'il repose sa tête sur mon ventre à nouveau dans les bras de Morphée. Je fixe le plafond repensant à ses mots tout en caressant les mèches noires.

~~~

-Ou va t'on ?!

-Tsss ! Ne pose pas de question et contente toi de conduire en direction de la rue Édouard.

-Mais je sais pas où c'est !

-C'est pour ça que j'ai mis le GPS gros bêta !

-Douceur, délicatesse et gentillesse tu connais ?

Je fronce les sourcils en frappant son bras. La seconde d'après il masse l'endroit que j'ai frappé avec une plainte. Je roule des yeux.

-Fais pas genre j'ai pas de force.

-J'avoue.

-Petit…

-Je suis grand moi déjà.

Je grogne alors que mon regard pétille d'amusement et il se gare sur la destination que j'avais choisie.

-Un restaurant.

-Notre rencard de la dernière fois avait mal tourné et..une st Valentin en retard ?

Il me fixe amusé avant de se pencher dans ma direction et d'embrasser mes lèvres avec lenteur.

-T :Merci.

-M : Merci à toi.

-T : De quoi me remercie tu au juste ?

-M : D'exister dans ma vie.

Ses yeux s'ouvrent légèrement plus alors qu'il me fixe. Je maintiens avec difficulté son regard, entièrement sérieux et il m'embrasse à nouveau. Avec beaucoup moins de lenteur qu'auparavant. Je souris avant de murmurer des paroles contre ses lèvres le faisant grogner.

-On doit y aller.

Le temps a été vraiment délicieux et je remercierais sûrement jamais assez l'adresse donnée par Lynda. Par la suite nous avons été voir un film d'horreur au cinéma. Il m'a entièrement terrifié. Et alors que nous sortons de l'enseigne, je sens encore la peur tapis en moi et mes mains tremblantes.

-T : On aurait pas pu venir voir un film d'horreur Charlie..

-M : Mais j'adore les films d'horreurs, j'en regardais tout le temps avant-

Je baisse la tête en continuant d'avance et je sens attraper ma main sans un mot.
J'en regardais tout le temps avant que la peur et l'horreur ne fassent réellement partie de ma vie.

Je soupire en lâchant sa main pour partir observer l'horizon. Fermant les yeux, je tente en vain de me concentrer sur les bruits présents pour atténuer la peur glissant encore et encore dans mes veines. Les bruits de voiture, battements de cœur trop rapide. Un klaxonne, mais qui tremble encore. Le vent faisant bruisser les feuilles d'arbres, respiration non rythmée.

Je pose une main sur mon torse en me tournant à la recherche de Théodore alors que j'entends les sons diminuer.

-M : T-Théo, aide moi, une crise..

Je tourne la tête à gauche et à droite désespérément. Où est-il ?! Je crie son nom encore et encore alors que personne ne me répond. Seulement..le silence.

Une main apparaît devant mes yeux, je reconnais les bagues de Théodore qu'il porte toujours. J'essaie de l'attraper mais elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue dans un nuage de fumée. Et c'est ça encore et encore, sa main apparaît comme pour me sauver du noir qui commence a m'envahir puis disparaît me replongeant dans les ténèbres.
Bientôt les mains ne se présentent plus pour me sauver, non en dizaine elle essaie de m'attraper de me tirer dans le noir. Je recule, trébuche et tombe au sol. Elle se rapproche, je recule encore sans cesser de les fixer alors que l'obscurité gagne du terrain au fur et à mesure.

Pourquoi il n'est pas là ? Pourquoi il ne m'aide pas..pourquoi…

Deux mains puissantes attrapent ma taille. J'hurle. Ça y est, elles m'ont attrapées. C'est fini, tout est fini.

-T : Charlie ! Charlie ! Charlie !!!

Je pose mes mains sur mes oreilles, le bruit est trop fort, je veux pas me laisser faire. Une piqûre sur mon épaule.Mes forces m'abandonnent. Je ferme les yeux et me sens sombrer en arrière. C'est fini.

Silence AssourdissantWo Geschichten leben. Entdecke jetzt