Jour 4 : Reste

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Je ferme les yeux. Doucement en inspirant j'essaie de mettre de côté les paroles que j'entends. Je sais que ce n'est pas méchant. Ils veulent simplement exprimer ce qu'ils feront. Mais je ne peux pas faire comme ci ça ne me touchait pas. Comme ci le peu de confiance ou d'importance qu'ils importaient à ma vie ne me briser pas le coeur.
Doucement je repasse les moments qui ont fait que j'arrive ici, la fin de la discussion, le repas avec Alaric, Ella et le petit Yoko, notre film, notre discussion face aux étoiles, nos corps entremêlé, le soleil doux et calme, la venue de ce couple a nouveau dans notre petite bulle et ...maintenant. A partir de quand ça a dérapé pour se transformer en ça.

Je soupire lentement dans la barbe que je n'ai pas, alors que je sens mon dos se courber et mes coudes se poser sur mes genoux, un bras se glisse contre le miens et des doigts s'enrouler au miens. Je trouve la faculté de nos corps à s'emboîter parfaitement magnifique. C'est comme si...nous étions fait pour être ensemble. Je ne crois pas au destin mais..si il y en a un et que je l'ai dans ma vie grâce à ça, alors je ne cesserais de remercier le serpent. Il m'apporte tellement que les mots ne sont pas nécessaires.

-S : Je pense que nous irons d'abord à Londres pour voir les parents de Xavier.

-X : A partir de là nous visiterons un peu mon pays puis on prendra le bateau pour l'Amérique.

-S : On fera un Road trip dans les différents pays qu'on aime puis on reviendra en Eurasie.

-X : Une escale dans les pays japonais, puis en Afrique et dans différents lieux culturels ou touristiques.

-S : En Allemagne, suisse, Belgique etc

-X : Et bien sûr pendant ses voyages on prendra des photos ou autre pour pouvoir faire un album !

-S : Nous partirons la semaine après l'opération de Charlie, le temps que tout soit réglé.

Ils se taisent tout essoufflés et joyeux, des sourires grandissant jusqu'à leurs oreilles et des yeux brillant d'impatience. D'impatience pour ma mort. " tout" mon enterrement ? C'est ça Stella ? Tu t'attends à ce que je meurs ? Pour que tu puisses aller vivre ton petit exile amoureux sans que le boulet d'amis d'enfance soit là à te pourrir l'existence ?

Je me crispe, la prise sur ma main s'affermit. Je n'ose pas le regarder, mes pensées sont si horribles, la haine que je ressens est si égoïste. Pourquoi, pourquoi moi je devrais mourir et quitter celui que j'aime et eux pourrait vivre bien tranquillement ? Pourquoi moi je n'ai pas le droit à ça ?! Pourquoi hein !

Je sens ma jambes s'activer à intervalle régulier, ils continuent de parler des lieux qu'ils sont si pressés de voir, de leurs destination première et dernière, vêtement valise argent. Tout est prêt dans les moindres détails. Si ça ce trouve leurs tenues noirs est même accroché dans leurs chambres bien en évidence au dessus de leurs valises identiques " mais avec un stickers pour les différencier lui c'est un lion moi une lionne "
Les rois de la savane. Le couple goal.

M : Désolé , j'avais oublié je dois donner un coup de fil. Je reviens.

Je me lève sans regarder personne et je pars de l'appartement attrapant mon téléphone et le pull de Théo pour que l'excuse soit plus crédible. Je dévale les escaliers au même rythme que mon cœur bat. Saccader. Je marche au même rythme que mes pensées. Sans interruption. J'observe mon environnement si hostile à même rythme que le poisson de jalousie coule dans mes veines. Brûlant.

Je m'assieds sur la balançoires la même que la dernière fois. Resserrant le pull autour de moi alors que je me balance lentement. Les enfants quittent le parc, la nuit tombe. Je suis si seul. N'est-ce pas ce que je voulais ? Que chacun est une personne ? Pour que ma disparition passe inaperçue ? N'était-ce pas ce que je désirais au plus profond de mon âme ?

L'ai-je vraiment voulu un jour seulement ? L'Homme n'est pas fait pour être seul, l'Homme est un être de sociabilité. Je dois sûrement être pas si différent des autres.

-T : Tu comptes appeler qui ? Ta conscience ?

Je sens son souffle sur ma nuque alors qu'il stoppe la balançoire. Ses bras entourent maintenant mon corps et ses mains essuyant mes larmes.

-T : Baby…

-M : Je veux pas..je suis horrible..j'ai ressenti une haine si intense. Une jalousie si dévorante à l'idée qu'ils pourront eux vivre ensemble..

-T : Ne t'en veux pas, c'est totalement normal.. Ils ne s'en sont pas rendu compte. Mais leurs paroles étaient comme s'enterrant presque. Je ne peux pas m'imaginer ce que tu as ressenti alors qu'ils étaient là à parler de ce qu'ils feraient alors que toi tu serais soit mort soit presque mort. Tu essaies de te battre et il te tire vers le bas.

Je me tourne contre lui et observe son visage à travers mes yeux troubles.

-M : Tu as ..tu as dit que nous irons boire un café à Londre..

-T : Et on le feras, ce serait injuste que nous nous n'ayons pas l'occasion de grandir ensemble.

Je ferme les yeux avec un sanglot et il m'embrasse lentement, je m'y perd oubliant tout le reste.

-M : Reste..reste prêt de moi.

-T : Toujours.

-M : Comment fais tu pour me supporter ?

-T : Comment ça ?

-M : Je suis un gamin en manque d'attention et d'amour.

-T : Tu es un adorable chaton, je ne te supporte pas. Ta présence comble un vide en moi Charlie.

-M : Je- mon dieu ce que tu dis est si beau.

Lentement je caresse sa joue, effleurant ses pommettes, ses lèvres, ses paupières. Son sourire sèche mes larmes et je reste un long moment à contempler la beauté qui se présente à moi. Qu'il est beau, que je l'aime.

-M : Théo?

Il penche la tête sur le côté, il me paraît si adorable en cet instant alors que les rayons de lunes terminent d'éclairer ses cheveux et sa peau. Je fixe ses prunelles noir, le nourrit de courage et me rapproche de lui. Colle mon front au sien.

-T : Ne le dis pas.

-M : Pourquoi ?

-T : C'est comme un au revoir, si on le dit revenir ne sert à rien. Si tu le dis maintenant tu pourrais ne pas revenir, puisque tu l'as dit.

-M : Et si je ne le dis pas ça veut dire que je resterais ou reviendrais pour avoir l'occasion de le dire.

Il hoche lentement la tête et je dépose un doux baiser sur ses lèvres.

-T : Rentrons à la maison.

Silence AssourdissantWhere stories live. Discover now