Bonus 9 : Gris de peine

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[Pdv Théodore]

Nous avançons dans ses couloirs qu'au fil du temps, qu'au fil des pas je me suis mis à détester. Je hais chaque regard posé sur nous, je hais chaque tournant que nous faisons. Je hais tout ce qui ferait qu'on va me le retirer. Il est à moi, ils n'ont pas le droit de vouloir ne serait qu'imaginer me le prendre. Je sens encore sa main dans la mienne, cachant ma peine, ma colère et ma haine, je caresse doucement sa paume.
Un autre couloir, un autre tournant. Nous arrivons dans sa chambre. Celle qui est destinée à le faire dormir pour que des personnes trafiquent son cerveau pendant que nous serons en train d'espérer qu'il survive à leurs horreurs. Ils parlent, je ne les écoute pas. Et je crois que même Charlie ne les écoute pas. Je suis même persuadé que personne ne les écoute et qu'en plus de cela ils le savent. Mais ils parlent quand même. Puis ils sortent. Enfin.

Les vêtements de Charlie tombent au sol, je parcours son corps du regard, le désir qui aurait pu s'élever dans mon corps s'éteint bien vite quand je me souviens ou nous sommes et pourquoi. Il enfile cette affreuse chemise ? Je ne suis même pas capable de trouver à quoi c'est censé correspondre. Puis il s'allonge en me fixant. Je le regarde dans ses habits d'hôpital, à travers ses draps blanc dans cette chambre terne.
La réalité de la vérité m'attaque alors, il va partir. Il va m'abandonner, il a pas le droit. Sans que je ne m'en rende compte, une terreur et une peine sans nom me traversent. Alors que ses yeux gris de peine me fixent il se lève et vient se blottir contre moi.

Je le serre contre moi un long moment, me nourrissant de sa présence, de son odeur, de sa chaleur. Je me nourris de quelque chose qui j'espère me reviendrait. La porte s'ouvre, il se blottit un peu plus contre moi et je le serre un peu plus fort. Mes forces me lâchent..je dois le laisser reculer et se rallonger..je le dois...mais ..mais je n'y arrive pas. Je l'aime, tout mon corps, mon être et mon âme et dévoués a ce stupide gamin..

Je laisse retomber mes bras, il baisse la tête et se rallonge. J'imagine encore une fois frapper les médecins et m'enfuir avec lui dans un autre pays. Puis je me souviens que cette stupide maladie lui bouffe la vie..je me souviens de la terreur dans son regard, du tremblement de ses mains, de son corps. Des médicaments, du décompte, des pleurs, des crises. Je n'ai pas le droit de lui infliger ça. Cette opération est sûrement la meilleure option pour lui..

Il se rallonge et se tourne vers moi, je m'entends prononcer des mots que moi même je ne suis pas capable d'entendre. J'attrape sa main et je plonge mon regard dans le sien et peu à peu il ferme les yeux. A mesure que ses forces le lâchent et que je le laisse sombrer dans l'inconscient, je sens ma peine augmenter. Chaque seconde est un nouveau couteau qui perfore mon corps. Chacune de ses respirations de plus en plus lente et profonde est un nouvelle appelle à m'effondrer à genoux. Il parcourt..et j'espère de tout mon coeur qu'il me reviendra.
Je ne suis plus capable de vivre sans lui, je donnerais tout ce que j'ai juste pour ses yeux.

Silence AssourdissantDove le storie prendono vita. Scoprilo ora