Avenue des grands rêves

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La Pontiac Firebird décapotable filait à toute allure sur la route à quatre voies. Une odeur d'asphalte brûlant et humide se répandait dans l'atmosphère et je pris une grande bouffée d'air afin de profiter de ce parfum si particulier qui amorçait la fin de l'été.
      Un bref coup d'œil dans le rétroviseur me permit d'admirer le bleu du ciel d'une soirée estivale. Ce bleu d'encre profond qui se dégradait vers l'horizon en une teinte plus sombre encore, presque noire. La brise était encore chaude et le vent qui dansait dans mes cheveux, encore tiède. Devant moi, le ciel se teintait de nuances flamboyantes, chargé de légers nuages éclairés par les derniers rayons du soleil d'un rouge sanguin. Nous roulons, lui et moi, fuyons la nuit qui nous poursuivait. Il écrasa sa large paume sur ma cuisse tout en me lançant ce regard qui me faisait fondre depuis le premier jour.
Ce regard d'un bleu si étrange. Pas d'un bleu azur et clair que l'on connaît trop bien, décrit dans des centaines de romans assommants. Non, ce bleu était celui d'une vieille paire de jean usée, celui d'un ciel de mois d'août orageux que quelques éclairs déchiraient violemment. Il avait ce regard d'un bleu marine tanné et épuisé, las et pourtant si intense. Peut-être était-ce ce bleu qui me promettait que tout irait bien et que nous échapperions aux griffes des ténèbres. Peut-être était-ce lui, depuis le début. Lui et ses yeux bleus-gris. Lui.
La décapotable filait à toute allure sur la route à quatre voies et comme un goût de liberté, nous fuyions la nuit qui nous poursuivait pour se rapprocher un peu plus du soleil.

MOTS POUR MAUXWhere stories live. Discover now