Le parc

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        Lorsque les gens prononcent le mot parc, lorsqu'ils pensent aux jardins c'est toujours le même champ lexical : les oiseaux qui chantent, le bourdonnement de l'eau qui glapit, le frissonnement des feuilles lorsqu'une brise les soulève.

Ils pensent aux vieux qui se baladent lentement, bras dessus, bras dessous. Ils pensent aux amoureux qui se roulent dans l'herbe, se murmurent leur bonheur à l'oreille, sur un banc à l'ombre d'un vieux chêne. Ils pensent aux discussions animées entre les femmes du même quartier et aux terrasses du bar d'à côté. Ils pensent à l'euphorie, au printemps et aux bourgeons.
 
Ils pensent au soleil et non à la pluie, au printemps et à l'été mais jamais à l'automne ni à l'hiver. Ils pensent aux fleurs qui bourgeonnent et s'épanouissent, ils ne pensent pas à celles qui fanent et meurent. Ils pensent aux amours qui se sellent et non aux amours qui se déchirent. Ils pensent aux enfants qui rient et non aux enfant qui tombent et pleurent. Ils pensent aux bonheur et effacent le malheur.

Comment leur en vouloir sans s'en vouloir à sois même ? Tout le monde fait ça.

Un souvenir douloureux refoulé aux abîmes de son esprit. Ses vestiges qui se déversent le soir dans les draps, par des centaines de larmes qui gouttent à nos pieds. On choisi toujours les meilleurs souvenirs pour ne pas avoir à vivre dans les pleurs.

Mais certains endroits qui sont pourtant baignés de bonheur, qui n'inspirent que de la joie peuvent aussi être pires que le bagne.Une prison de sentiments refoulés qui nous submergent en franchissant le grillage orné de plantes venues d'ailleurs. Les émotions se déchaînent comme des vagues trop hautes et qui font flancher la digue de nos sentiments. Tous se déverse en nous comme un flot de douleur et de ressentiment.

Le parc n'a plus rien d'exaltant, tout y est imprégné de souvenirs à l'odeur nauséabonde de souffrance.

Alors on tourne les talons. Pas par lâcheté mais par prudence. Nous sommes emplis de souvenirs que l'on a pas choisi mais nous n'avons pas craqué. Nous sortons respirer un air meilleur. On rend les armes et on restitue au passé notre douleur en espérant un avenir meilleur. Laissant nos pas nous guider loin de ce parc. Laissant derrière nous les rires, les baisers et les fleurs qui sont empreints dune histoire qu'ils ne méritent pas plus que nous.
     

Le parc restera le parc. Beau pour certain, effroyable pour d'autres sans pourtant sourciller. Sans changer.

MOTS POUR MAUXWhere stories live. Discover now