Chapitre 15

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— Repenser à l'odeur de renfermé me dégoûte d'avance. rouspétait Emma à l'autre bout du fil.

— Ne m'en parle pas. Et avec mon job au café, je n'ai pas eu le sentiment d'avoir de vraies vacances.

— Tom te tient compagnie ou tu es toute seule ?

— Oui, il était avec moi et avant que tu me poses la question. Et non il ne s'est rien passé entre nous.

Je l'entendis ricaner, visiblement amusé d'avoir été percé à jour aussi vite.

— Tu me brises tous mes rêves, j'aurais adoré qu'il t'accompagne pour la soirée de rentrée. J'aimerais beaucoup rencontrer ce prince charmant et voir à quel point tu rates quelque chose.

— Je ne pense pas aller à cette soirée. murmurais-je timidement. Je ne suis pas sûre de vouloir commencer cette nouvelle année avec une gueule de bois. De toute façon je vais devoir te laisser, il est tard, on en parlera plus tard.

— Comment ça tu ne viendras pas ? On ne raccroche pas tant que tu ne m'as pas juré que tu m'accompagneras comme tous les ans.

Un sourire diabolique se dessina sur mes lèvres, prête à ne pas me laisser faire.

— Bonne nuit Emma.

— Élise, si tu raccroches je te harcèle toute la...

Avec sadisme, je lui raccrochai au nez sans hésiter un seul instant. Elle allait me le faire payer, mais je préférais fuir face à un débat que je n'aurais pu gagner.

Mon téléphone caché sous mon oreiller sous mon oreiller, je m'allongeais, prête à supplier Morphée de me laisser lui prendre la main. Les yeux rivés sur le plafond, le visage d'Evans me vint directement à l'esprit. La rentrée approchant, j'allais enfin pouvoir le voir, l'entendre, lui parler, peut-être même l'effleurer.

Me perdant avec violence dans mes fantasmes, mon téléphone me coupa de ce paradis, sonnant avec bruit.

— Non Emma, je n'ai toujours pas décidé si je t'accompagnerais. Mais si tu m'offres une bière ce weekend, je changerai peut-être d'avis.

Mon portable collé à mon oreille, je n'entendis pourtant aucune réponse. Seul un souffle lointain vibra prêt de mon tympan, un son qui me fit frissonner tant il était inquiétant. Mon écran affichait un numéro masqué, je n'avais donc aucun moyen de savoir qui se trouvait de l'autre côté du combiné. Le souffle se rapprocha, laissant apparaître un grattement de gorge masculin et particulièrement rauque.

— Je crois que vous vous êtes trompé de numéro, je vais raccrocher.

— Élise, c'est Carl. Est-ce qu'on peut parler un instant s'il te plaît ?

Une boule d'angoisse prit place dans mon estomac, écrasant sur son passage tous les autres organes qui se trouvaient là. Mon corps, déjà gagné par les tremblements, ne pouvaient se mouvoir, paralysé par cette voix immonde.

— Je t'avais dit de ne plus jamais me parler. criais-je presque d'une voix qui se voulait sans peur.

— Je t'appelle pour que tu viennes t'excuser auprès de ta mère. Tu ne donnes aucunes nouvelles et tu n'es même pas venue à Noël.

— Tu veux que je m'excuse après tout ce que vous avez fait ? J'espère que c'est une blague ?

Mon calme envolé, seule la rage prenait possession de mon corps déjà en ébullition. Je ne souhaitais qu'une seule chose, qu'il prenne peur et qu'il raccroche.

— C'est bien de ça dont je parle. Tu es toujours là à nous ressasser cette malheureuse histoire. Tu ne crois pas que tu en fais trop ?

Par réflexe, je jetais mon téléphone au sol, raccrochant au passage cette conversation lunaire. Son insinuation m'avait fait ressentir une douleur puissante, comme un coup de poignard logé entre mes poumons. Essuyant mes larmes à l'aide de ma manche de sweat, je tentais de convaincre mon pauvre cœur que tout cela n'était que le fruit de de mon imagination, que dans le monde réel, on ne demanderait jamais à la victime de s'excuser. Malgré ma fuite et mon silence, ils étaient toujours là, comme des chasseurs traquant leurs proie jusqu'à l'épuisement. Si même la fuite ne pouvait me protéger d'eux, alors qu'elle carte me restait-il à jouer ?

Aimer pour avancer (Professeur X Élève)Where stories live. Discover now