Chapitre 7

10.2K 402 165
                                    

Depuis la discussion avec Evans, je me sentais comme transformée. Ses dernières paroles tournaient en boucle dans mon esprit. Oui, la famille était importante, mais si elle nous faisait du mal, on avait le droit de fuir. C'était la première fois que j'avais l'impression qu'on me donnait une solution viable, qu'on m'autorisait enfin à ne penser qu'à moi. J'aimais ça.

Le lendemain de notre échange, j'avais directement contacté ma mère pour lui annoncer mon refus concernant son invitation pour les fêtes. Il avait raison sur toute la ligne, je n'avais qu'à fuir.


Les vacances de Noël arrivées, le campus s'était vidé en l'espace de quelques jours. Tous les étudiants avaient quitté l'atmosphère froide et rigide de la fac pour aller retrouver leurs familles. Tous, sauf moi, bien évidemment. Soulagée d'être à l'écart de ma mère, j'étais tout de même frustrée de fêter Noël dans mon petit appartement, seule. Heureusement, ou non, je n'avais pas de quoi m'ennuyer. Les partiels étaient pour bientôt et j'avais été réquisitionnée pour tenir le café l'entièreté des vacances. Des congés suffisamment remplis pour m'empêcher de penser.

Ce n'était que mon deuxième jour au café, mais je sentais déjà l'ennui vouloir me tuer. C'était optimiste de la part de mon patron de vouloir ouvrir un commerce en pleine fête de Noël, mais il fallait se rendre à l'évidence, c'était désert.

Concentré sur le film projeté à la télé dans la salle principale, le tintement de la clochette de la porte me rappela à l'ordre. Soulagée d'avoir enfin un rôle à jouer, je me levai d'un bond du comptoir pour saluer avec gaieté ce miracle tombé du ciel.

— Bienvenue et Joyeux Noël ! Criais-je presque les bras ouverts comme pour célébrer un heureux événement.

Le regard posé sur ce fameux client, je ne pus m'empêcher d'écarquiller grand les yeux en le voyant.

— Monsieur Evans, qu'est-ce que vous faites là ? questionnais-je cet homme qui semblait toujours être là où on ne l'attendait pas.

Gêné par mon approche brutale, il resta immobile près de la porte.

— Bonjour Mademoiselle Simon. Je ne m'attendais pas à vous voir travailler ici le jour de Noël.

Heureuse de pouvoir enfin discuter avec un être humain, je m'approchai de lui pour répondre.

— On m'a réquisitionné pour tenir le café. Il n'y a personne depuis des jours, je suis heureuse de voir enfin quelqu'un.

Sans prendre la peine de me répondre, il balaya la pièce des yeux comme pour valider ou non ma dernière remarque.

— Vous voulez un expresso ? Sans sucre, évidemment.

— Oui, c'est bien ça. Comment vous le savez ?

Une tasse à la main, je me tournais vers lui, un petit rictus moqueur aux lèvres.

— Vous prenez ça à chaque fois. Au bout de plusieurs mois, on connaît les commandes des clients récurrents.

— Oui, c'est vrai. Me dit-il gaiement, visiblement rassuré que je ne l'ai pas espionné.

En pleine préparation de sa commande, je ne pus m'empêcher de jeter de rapides coups d'œil dans sa direction. Posté devant le comptoir, ses yeux étaient comme à son habitude rivée sur son téléphone.

A chacune de ses venues, il mettait de côté son style sérieux pour s'habiller de façon plus décontractée. Emmitouflé sous un gros blouson beige, son look, accompagné d'un jean et de baskets noires, le rajeunissait. Si on lui enlevait sa sacoche d'ordinateur en cuir marron digne d'un adulte actif, il aurait pu passer pour un simple étudiant.

Aimer pour avancer (Professeur X Élève)Where stories live. Discover now