Chapitre 6

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Je n'aurais pu dire si ma course avait duré quelques minutes ou bien plusieurs heures une fois arrivé chez moi. Les mots si tranchants de ma mère se répétaient encore et encore dans mon esprit. Son venin, toujours aussi toxique, venait de me laisser une trace qui semblait indélébile. Avec le temps, j'avais réussi à me construire une carapace assez solide pour supporter bien des choses. Mais ramener Carl sur le tapis et le faire passer pour la victime, ça, rien n'était assez solide pour le supporter.

Tentant de contrôler ma respiration les yeux fermés, le regard émeraude d'Evans apparu également dans mon esprit. Il m'avait vu perdu au beau milieu de la nuit en train de hurler à cause d'un coup de téléphone. Qu'allait-il penser de moi désormais ? La situation était si étrange qu'il devait se dire que j'étais folle. Une feignasse complètement timbrée, c'était donc ce que j'étais devenue à ses yeux en à peine quelques semaines ?

Je ne pouvais même pas espérer quelques jours de répit, le café m'attendant souriante demain matin dès la première heure. Je jalousais les gens qui n'avaient pas besoin de travailler à côté des cours pour survivre. À tous ses élèves qui pouvaient compter sur leurs parents pour les aider, peu importe comment. À toutes les personnes qui avaient la chance de ne pas être seules.


Face à mon reflet catastrophique, je n'eus même pas la force de détourner le regard du miroir tacheté de savon et de dentifrice. Le noir de mes cernes mettait en valeur le rouge vif de mes yeux, un mélange de couleur qui n'avait jamais fait ses preuves sur un visage.

Camouflant avec minutie cette mine qui en disait long sur mon état mental, je ne souhaitais qu'une seule chose, que personne ne me pose de questions. Je ne voulais pas me justifier, étaler au monde mes peurs et mes faiblesses. Personne ne devait savoir.

La tête blottie dans ma capuche, j'espérais de tot mon être que cette journée soit la plus paisible possible. Je ne voulais qu'une chose, travailler calmement et rentrer chez moi me cacher le reste du week-end. Je n'avais pas de partiels la semaine prochaine, ni même d'événements prévus, j'allais pouvoir me poser et déconnecter mon cerveau qui avait beaucoup trop fonctionné ces derniers jours.

La porte du café poussée, je me dirigeai en direction du comptoir. Tom était déjà à son poste, le sourire aux lèvres face à un client bavard. Sans adresser aucune salutation à personne, j'attaquais cette journée avec résignation.

— Alors comme ça, tu ne dis même pas bonjour à ton collègue préféré ? s'exclama Tom en posant sa main sur mon épaule.

La tête dans sa direction, je ne lui offris qu'un petit sourire en guise de réponse. Témoin de mon visage exténué, il retourna à sa caisse, n'insistant pas plus à chercher un contact de ma part. En plus d'être beau, cet homme avait compris quand me laisser tranquille, un véritable ange parmi les hommes.

— Un expresso sans sucre s'il vous plaît.

Levant les yeux pour encaisser la commande, ma respiration se fit une nouvelle fois la belle. Ses yeux verts dans les miens, il se trouvait une nouvelle fois en face de moi.

— Bonjour Mademoiselle Simon.

Ma prestation chaotique de la veille me revint immédiatement à l'esprit. Mon cœur haletant à s'en décrocher, j'exécutai sa commande sans même prendre la peine de lui répondre.

— Mademoiselle Simon, je voulais savoir comment vous alliez.

— Ça va.

Agacé, il soupira en saisissant sa boisson que je lui tendais.

Aimer pour avancer (Professeur X Élève)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant