Aimer pour avancer (Professeur X Élève)

Chapitre 20

L'heure de notre rendez-vous approchant, je ne pus m'empêcher de scruter cet étrange parking où il devait bientôt faire son apparition. Caché derrière un bâtiment désaffecté du campus, je comprenais pourquoi il avait choisi ce lieu, il était complètement désert. Malgré les températures fraîches de l'automne, impossible de faire partir cette chaleur qui commençait à gagner mon corps. Je devais le voir.

Alors que j'essayais de lisser quelques mèches de cheveux à l'aide de mes doigts, un bruit de moteur interrompit mon geste. En levant les yeux en direction du bruit, j'aperçus une voiture noire s'avancer. Garé à quelques mètres, je vis enfin son visage quand il ouvrit la fenêtre de la porte de sa voiture.

— La porte est déverrouillée, tu peux monter.

Assise sur le siège passager, mon dos se colla au cuir imprégné lui aussi de cette odeur de café. J'avais l'impression d'être au paradis. Après un rapide coup d'œil aux alentours pour vérifier que nous étions bien seuls, il posa enfin les yeux sur moi.

— Excuse-moi pour cette mise en scène, je suis un peu stressé.

Sa voix était rauque et ses yeux encadrés de cernes. Deviner sa fatigue n'était pas un exploit.

— Vous voulez qu'on aille discuter dans un café ou autre part ?

Il ricana avec dédain.

— Non. Je n'ai pas envie d'aller dans un endroit où quelqu'un pourrait nous voir. C'est hors de question.

Son ton moralisateur me fit lever les sourcils. C'était donc avec cette facette de lui que j'allais devoir discuter ? Ça non plus, il en était hors de question.

— Écoute, je vais aller droit au but Elise. Tout ce qui a pu se passer était une erreur. Je regrette terriblement et je souhaiterais que nous ne nous revoyions plus jamais en dehors du cadre scolaire.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me livre tout ce qu'il avait sur le cœur, mais j'avais tout de même l'espoir d'en savoir un peu plus le concernant.

— C'est tout ce que j'avais à dire. Si tu n'as plus rien à ajouter, tu peux rentrer chez toi.

— Non, j'ai plein de choses à dire. le sermonnais-je. Vous avez décliné mes sentiments en me demandant de vous laisser seul, ce que j'ai fait. Et malgré ça, des choses dont je ne suis pas responsable se sont produites.

Un sourire crispé se dessina sur ses lèvres. Je le mettais dans une situation délicate et c'est exactement ce que je voulais.

— Tu sais très bien ce que je veux, que nous n'ayons plus d'interaction en dehors des cours. Tout ça est plutôt simple à comprendre non ?

— Qui est venue à mon lieu de travail me provoquer avec une femme ? Qui m'a suivi dans le parc la nuit de la soirée ? Qui m'a embra...

— Stop ! Arrête s'il te plait.

Il cacha son visage dans ses mains alors que son coude cogna violemment le volant.

— Je veux juste comprendre Monsieur. Je ne pourrais pas avancer tant que je n'aurais pas de réponse.

Il releva sa tête, le regard débordant de chagrin.

—Tu viens encore de m'appeler Monsieur. Tu te rends bien compte que la situation n'est pas normale. Je ne pourrais jamais me résoudre à commencer quoi que ce soit avec ce biais-là.

Il me prit délicatement la main et l'enveloppa à l'aide de ses doigts brûlants.

— Je suis désolée Elise, je ne peux pas me résoudre à te donner ce que tu veux.