Aimer pour avancer (Professeur X Élève)

Chapitre 10

Après avoir échangé quelques textos avec Tom, c'était acté, nous irions boire un verre ensemble le soir de la Saint Valentin. Emma avait été la plus heureuse en apprenant la nouvelle, étant étonnée que je tienne une promesse pareille. Plus impliquée que moi dans ce rendez-vous, elle m'avait déniché une tenue adaptée, selon elle. Au programme, une robe noir cintrée peut-être un peu trop sexy, accompagné d'une paire de cuissardes d'une longueur extravagente. Une tenue bien trop séduisante pour une Sain- Valentin normalement sans arrière pensée. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas eu ce genre de sortie que je ne comptais même plus les années. Entre les études, les petits boulots et les problèmes familiaux, j'avais abandonné depuis bien longtemps la possibilité de commencer une quelconque romance. Ma dernière histoire, si on pouvait l'appeler ainsi, avait duré 6 mois et n'avait été que purement sexuelle. Il s'appelait Lucas, il était bête, simplet et foncièrement égoïste. Avec son attitude nonchalante, il m'avait dégoûté un long moment de la gent masculine. L'amour semblait complexe, semblable à une énigme dont je n'avais pas envie de m'occuper pour le moment.

Serrée dans l'unique pièce qui me servait d'appartement, Emma et moi terminons ma préparation millimétrée. Après avoir enfilé la robe qui semblait faire apparaître des formes de mon corps que je n'avais jamais aperçu, elle me coiffa et m'appliqua une touche de rouge sur les lèvres.

— Tu es sublime Elise. Tu me rappelles le lycée quand on sortait avec la classe. A cette époque tu osais porter ce genre de chose.

Scrutant mon reflet dans le maigre miroir de ma salle de bain, je ne pus démentir ces dernières paroles. Je n'avais pas toujours été à ce point désabusé, à me laisser constamment aller sur mon apparence physique. Avant tout ça, j'aimais me maquiller, m'apprêter, montrer au monde à quoi je ressemblais sous mon meilleur jour. Aujourd'hui, ce souvenir de moi résonnait presque comme une anomalie, tant tout ce que je dégageais me dégoûtait. Je n'étais plus qu'un corps vide capable d'exploser en sanglots au moindre sursaut. La Elise du passé avait disparu.

— Je me trouve jolie, mais je ne veux pas qu'il se fasse de fausses idées s'il me voit débarquer comme ça. Je te le répète, je ne suis pas intéressée.

Elle vint me rejoindre à côté du miroir, replaçant au passage une mèche blonde par-dessus mon épaule.

— On ne s'habille pas pour les autres. Si tu te trouves belle dans cette tenue, alors son jugement t'importe peu.

En route vers notre point de rendez-vous, je sentis un mal grandir dans mon esprit. Du haut de mes talons, j'avais l'impression que tout le monde comprenait qu'il ne s'agissait pas de mon look habituel. Même si de nombreuses filles aux alentours étaient habillées de façon similaire, j'avais le sentiment de ne pas pouvoir me fondre dans la masse. Et si j'en faisais trop ? À peine eu je le temps de cogiter vis-à-vis de ma tenue que j'aperçus au loin Tom, adossé sur un des murs du bar. Les yeux rivés sur son téléphone, il ne semblait pas encore avoir remarqué ma présence. Au fil de mes pas, je me mis à l'observer davantage, tentant d'adoucir au mieux le claquement de mes talons sur le goudrons. Lui qui était habitué aux jeans troués et aux cheveux en bataille, je ne pus le reconnaître. Il portait une chemise blanche prête du corps qui dévoilait la largeur de ses épaules. Ses cheveux, eux, étaient plaqués avec maîtrise vers l'arrière de son crâne. Sa tenue était simple mais lui allait le plus parfaitement du monde. Une chose était sûre, ce n'était pas une simple soirée pour nous deux.

Dans son champ de vision, je le vis entre ouvrir la bouche, me scrutant de haut en bas. Ses pupilles se baladèrent avec envie sur l'ensemble de mon corps, n'omettant pas le moindre bout de peau que pouvait dévoiler ma robe.