Chapitre 24

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   Malgré les rideaux qui recouvraient la fenêtre de sa chambre, les rayons du soleil vinrent me sortir d'un sommeil plus que savoureux. La tête ensevelie sous la couette pour profiter des derniers instants de répit, une odeur de café vint me chatouiller le nez. Prête à retourner à tout prix dans les bras de Morphée, un gémissement rauque me raidit. Une main vint me rejoindre sous la couette et se posa sur mes épaules. Dans un mouvement des plus naturel, elle commença de délicates caresses du bout de ses doigts.

— Est-ce que tu as bien dormi ? me demanda-t-il avec douceur, la voix encore quelque peu endormie.

La tête enfin sortit de sous la couverture, j'aperçus son corps à seulement quelques centimètres du mien. Le torse nu, je ne pus m'empêcher de suivre du regard ses abdos se contracter au fil de ses mouvements.

—Oui, j'ai très bien dormi, et toi ?

Son regard était plongé dans le mien, tentant de déceler le moindre soupçon d'émotions qui pouvait traverser mon visage.

— J'ai eu du mal à trouver le sommeil.

— Je préfère te le dire avant même que tu me le demandes, je ne regrette en aucun cas ce que nous avons fait hier. Je le voulais et j'ai passé un moment incroyable avec toi.

Avec rapidité, son dos vint s'écraser contre le matelas, un sourire dessiné sur ses lèvres.

— Tu n'imagines même pas l'épée de Damoclès que tu viens de m'enlever, j'en ai fait des cauchemars toute la nuit.

Son inquiétude me concernant ne faisait que renforcer l'image que j'avais de lui. Malgré ses mises en garde le concernant, il était un homme bon, et il me l'avait une nouvelle fois prouvé.

— Et toi alors ? Est-ce que tu regrettes ?

Il fixa le plafond, hésitant plusieurs fois avant de prononcer une réponse.

— Si tu ne regrettes rien, alors moi non plus. Mais j'aurais aimé un autre contexte, plus de simplicité.

Après notre nuit passée ensemble, je n'étais plus capable de l'attendre, de supporter ses doutes qui le transformaient en cet homme antipathique que je détestais tant. Il me devait désormais la vérité, qu'elle me plaise ou non.

— Alors qu'est-ce qu'on est maintenant, nous deux ? Je me doute que tu ne dois pas aimer la question, mais je ne peux plus supporter ce flou entre nous.

— C'est vrai, je n'aime pas cette question.

Ses sourcils se froncèrent, me faisant déjà miroiter une réponse que je n'étais pas prête d'apprécier.

— J'ai un attachement pour toi que jamais je n'aurais jamais pu soupçonner. Je suis incapable de t'oublier, mais je ne suis également pas prêt à mettre un mot sur tout ce qui passe. Tout ceci est beaucoup trop compliqué pour que nous nous projetions. Pour toi comme pour moi, je préférais ne rien te promettre.

Malgré la violence de ses mots, je n'étais pas surprise de sa réponse. Son corps avait parlé hier, mais aujourd'hui, c'était son esprit qui reprenait le contrôle.

— Je comprends, mais je veux que tu me promettes une chose, une seule. Tu ne dois plus jamais m'ignorer comme tu l'as fait. Même si le remords te ronge, même si la culpabilité t'envahit, même si tu te rends compte que tu as fait la plus grosse bêtise de ta vie, si tu as quelque chose à me dire, dis le moi. Je préfère avoir mal que de rester dans ton silence. Ça, je ne pourrais plus le supporter.

—Je te le promets.

La matinée terminée, il me raccompagna chez moi dans un silence absolu. Des milliers de sujets de conversation étaient possibles, mais aucun de nous n'osait ouvrir la bouche, nous contentant d'écouter le vrombissement du moteur de la voiture. Garé en face de mon immeuble, la réalité m'avait bel et bien rejoins, mettant définitivement fin à cette idylle proche du mirage.

- Écoute Elise, nous en avons déjà parlé mais je tiens encore une fois à souligner l'importance de garder ça secret. Même si tout cela est consenti, notre relation doit rester secrète en vue de la complexité du contexte. Je sais que tu comprendras. conclu-t-il d'une voix lourde.

Sa demande piquait mon égo mais je ne pouvais pas le blâmer. Dans mes rêves les plus fous, nous pourrions étaler notre amour aux yeux du monde, mais dans un la réalité, tout ceci pouvait lui coûter son poste, et ça, je ne pouvais l'omettre.

— Je continuerai à faire comme d'habitude.

— Merci.


Pour la première fois depuis des semaines, je n'allais pas à mon cours d'anglais du lundi matin à reculons, au contraire. Je n'avais qu'une hâte, le voir. Emma essaya tant bien que mal de papoter avec moi, mais en vain. J'étais beaucoup trop absorbée par sa présence pour penser à autre chose que nos derniers moments passés ensemble. Quand mon regard devenait trop insistant, je faisais semblant d'écrire quelques mots sur une feuille, faisant mine d'être une élève seulement très assidue. Je ne pouvais dire si mon jeu était crédible, mais peu importe. J'étais avec lui et c'était tout ce qui importait.

— Depuis quand tu préfères le cours à mes anecdotes de soirée ?

Le coup de coude d'Emma me sortit de mes pensées obscènes, me rappelant avec tristesse l'endroit ou je me trouvais.

— Excuse-moi, j'ai la tête ailleurs en ce moment. Je dors mal.

— C'est Noël qui t'inquiète ? Tu sais, si tu ne veux pas le passer seule comme l'année dernière, ma famille sera très heureuse de t'inviter. Je te jure que ça ne dérangera personne.

Avec lenteur, je posais ma tête sur son épaule recouverte d'un épais pull en laine. Comme à mon habitude, ne trouvant pas les mots juste pour lui témoigner ma gratitude, me contentant d'un geste suffisamment parlant.

— C'est très gentil, mais ça ira. Passer les vacances à travailler au café n'est pas si horrible que ça. J'arrive même à y trouver des bons côtés.

Je souris intérieurement face à ma réponse plus qu'explicite pour quiconque aurait le détail de la situation. Cette année encore, Evans passerait me tenir compagnie au café. Dans ce désert hivernal, nous serions deux à nous réchauffer l'un l'autre sans crainte d'être surpris.

Même si le mot couple ne pouvait décrire la nature de nos échanges, pour moi tout était limpide, il faisait déjà partie de ma vie et mon futur. 










Aimer pour avancer (Professeur X Élève)Where stories live. Discover now