"On se demande souvent ce qu'aurait pu être notre vie si un moment de celle-ci n'avait pas eu lieu. Si une simple fraction de seconde s'était passée autrement.
J'ai toujours cru au destin, au fait que le moindre de nos actes peut avoir des conséquen...
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KYLE
Les yeux posés sur l'immensité blanche du plafond, je repense à cette journée et j'ai tout de suite l'impression d'avoir ressenti plus d'émotions aujourd'hui que tout au long de ma foutue vie. Je ne suis pas du genre à m'épancher sur mes sentiments. Penser à ma défunte sœur, me rappelle trop souvent la fureur et la douleur que j'éprouve. Alors par principe, j'ai décidé de rester muet sur le sujet. Pourtant, aujourd'hui la nostalgie a remplacé la colère et, plutôt que de brûler de tout mon être, je me suis laissé emporter par les vagues de souvenirs qui flottaient à la surface. Cette fois-ci, je ne me suis pas noyé et je suis même parvenu à toujours garder la tête hors de l'eau.
Le regard rivé sur Lana, je repousse délicatement son bras et m'assois au bord du lit. La tête baissée entre mes mains, je me laisse quelques minutes de répit. Car malgré les merveilleux moments de cette journée, je n'oublie pas pour autant les plus mauvais. Attrapant mon jean, j'en sors l'objet de tous mes tourments et le tourne en l'examinant. J'ai sans cesse l'image de Lana avec ce morceau de verre entre les doigts. Et son aveu sur Sacha, n'a fait qu'exacerber ce sentiment d'impuissance qui coule en moi. Par deux fois, elle l'a tenu entre ses doigts. Une fois ici et une fois là-bas. Ces deux même fois, elle s'apprêtait à donner de sa vie dans l'unique but d'échapper aux souffrances qui se sont immiscées dans son esprit. À cet instant, alors que j'observe l'objet qui devait mettre fin à ses tourments, je me demande si j'aurai pu faire changer d'avis Kiera pour qu'elle ne prenne pas tous ces foutus médicaments. Dans un soupire, je range le bout de verre, passe une main dans mes cheveux et me rhabille.
- Je reviens vite bébé, chuchoté-je après avoir embrassé Lana lorsqu'elle semble me chercher dans son sommeil.
Refermant doucement la porte derrière moi, je me mets à faire les cents pas dans l'appartement. Sur le point d'appeler Will, je freine mon geste lorsque la porte d'entrée s'ouvre avec fracas sur une petite brune d'1m60, qui fonce sur moi. Un grognement s'échappe de ma gorge quand je comprends que la tornade qui se dirige droit sur moi s'apprête à me faire regretter le simple fait d'exister.
- Toi ! Tout ça est de ta faute ! s'écrie-t-elle en pointant un doigt accusateur sur moi.
La surplombant de toute ma hauteur, je l'observe avec mépris et arque un sourcil tandis qu'elle esquisse de grands gestes.
Ma belle, ton cinéma ne marchera pas sur moi. À ce jeu-là, j'en suis moi-même le roi.
Alors que je m'apprête à la remettre à sa place, j'aperçois ses deux grands yeux brillants baignés de larmes et referme aussitôt la bouche. Elle ne joue plus. Lily est de celles qui, comme moi, ne montre pas leur chagrin. La première fois que je l'ai vu, j'ai tout de suite remarqué ce masque qu'elle portait. Elle se donne un air de fille sûre d'elle et souriante, ponctue chacune de ses paroles de gestes théâtraux et s'obstine parfois même à passer pour une idiote. Mais il faut se méfier des apparences. Elle est bien plus intelligente et sensible qu'elle n'y parait.
