Chapitre 6

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Je crois bien que ce trajet en ascenseur a été l'un des plus long de ma vie, après bien entendu celui qui a suivi l'enterrement de ma mère. J'étais seule avec mon père dans l'ascenseur. Il m'avait regardé et m'avait dit un truc comme : « On n'a plus rien qui nous lie ». Je n'ai pas compris le sens de sa phrase sur le coup, puis c'est quand je me suis rendu compte, après plusieurs jours, qu'il ne m'adressait plus la parole pour une raison qui m'échappait à l'époque, que c'était ça qu'il avait voulu me faire comprendre dans l'ascenseur plusieurs jours plus tôt. Que nous étions désormais de parfaits inconnus.

J'arrive devant la boîte aux lettres et l'ouvre. Quelques papiers sont déposés, dont sûrement mon bulletin.

— Alors... pub, pub, argh facture, pub... oh le bulletin, dis-je en faisant défiler le courrier devant mes yeux.

Je souffle un bon coup et n'attends pas plus longtemps pour déchirer sans aucune délicatesse l'enveloppe, je l'envoie valser dans la poubelle la plus proche de moi.

Mes yeux se perdent directement dans les mots — probablement durs — écrits par mes professeurs.

Comme je m'y attendais, les enseignants ont remarqué mon manque de concentration dans la plupart de leurs cours : « Élève présente physiquement mais absente mentalement, plus de concentration nécessaire pour que les résultats suivent derrière ! », « Alexis est toujours dans ses pensées », « Ne fait rien pour progresser », « Notes en chute libre ce dernier trimestre ». Je stoppe ma lecture ici. J'en ai assez lu, de toute façon ce sont toujours les mêmes remarques qui reviennent sans cesse.

Certes je n'ai jamais été très douée à l'école, mais j'ai toujours fourni le minimum de travail pour réussir mon année et ne pas redoubler. À la rentrée en terminale, en septembre, je ne m'étais toujours pas remise de la mort si soudaine de ma mère deux mois plus tôt. Alors forcément, en septembre je n'étais ni concentrée sur les cours, ni motivée à travailler. Cette période m'a fait prendre énormément de retard sur les autres élèves. Je ne croyais plus en rien, encore moins en moi, alors je me suis simplement laissé glisser le restant de l'année. Comme je m'y attendais, ça ne m'a pas fait progresser, loin de là. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, je suis la seule responsable de cette année catastrophique. J'aurais pu essayer de rendre fière ma mère en réussissant ma terminale, mais je n'ai pas eu le courage pour.

Je me laisse glisser contre le mur derrière moi, me prends la tête dans les mains, et puis laisse une larme rebelle couler toute seule le long de ma joue.

En soi, je suis quasiment sûre que ce n'est pas directement le bulletin qui me met dans cet état, enfin si un peu quand même. Mais c'est surtout car je sais que je risque de me faire défoncer par mon père, je le sens. Si j'avais su qu'il prendrait goût à me frapper, j'aurais sans hésiter travaillé beaucoup plus. Mais il y a encore quelques jours il ne m'adressait même pas la parole. Alors je pensais que mon année désastreuse ne lui ferait ni chaud ni froid.

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