Minneapolis , Été 2018
Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau.
Son quotidien va être bousculé à l'instant...
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Ce matin, je me réveille assez tard, ce qui est dans mes habitudes, et donc tout à fait normal. Je suis ce genre de personne qui assure que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais je suis aussi la première à ne pas le faire. J'aimerais pouvoir le faire, mais je n'ai pas la force nécessaire pour sortir de mon lit avant 10h30.
Ça fait trois jours que mon père a levé la main sur moi. Les hématomes sont toujours présents mais moins apparents qu'au premier jour. Je ne l'ai pas revu depuis. De mon côté, j'ai tout fait pour l'éviter afin que la scène de l'autre jour ne se reproduise.
J'imagine qu'il a dû passer ses journées dans un bar au coin de la ville, ou à errer dans les rues de Minneapolis à la recherche de quelque chose à faire pour se distraire.
En ce qui concerne mes nouveaux voisins, je les ai aperçus à plusieurs reprises. Le courant entre eux et moi passe super bien et depuis que je les ai rencontrés, j'ai cette impression de me sentir vivante. C'est étrange puisque je n'avais plus ressenti ça depuis l'année passée. Tous les matins en me levant, je suis motivée pour tout, comme pour lire des livres que j'ai achetés il y a des mois, mais dont je n'ai jamais eu la motivation de jeter un simple coup d'œil à la première de couverture. Pourtant c'est apparemment un super moyen pour penser à autre chose, pour s'évader.
J'ai carrément trouvé la motivation de ranger ma chambre. C'est pour dire.
Je jette un coup d'œil à mon téléphone et constate qu'il est 11h. Je finis par me lever malgré l'appel de mon lit qui m'implore de replonger dans ma couverture et d'y rester le plus longtemps possible.
Depuis la mort de ma mère, j'ai pris cette habitude de cocher les jours qui passent sur un calendrier. J'ai le sentiment que faire ça me relie à elle d'une certaine façon. Ces petites croix me raccrochent à son souvenir.
En me rappelant que c'est aujourd'hui que mon bulletin scolaire doit arriver, je décide d'aller à la boîte aux lettres. C'est le dernier bulletin de ma scolarité étant donné que je viens d'achever ma terminale, mais je sais d'ores et déjà qu'il ne sera pas brillant, comme les précédents de cette année. Je n'ai pas envie de le découvrir car je sais déjà qu'il ne me fera pas plaisir. Mais je suis tout de même curieuse de découvrir les commentaires qu'ont noté les profs, ce qu'ils pensent de moi. Ça m'a toujours amusé de voir leurs commentaires qui se ressemblent d'année en année.
J'enfile rapidement un jogging plus un sweat et sors de chez moi.
Je me dirige d'un pas lent vers l'ascenseur, car oui, il a enfin été réparé. D'après ce que j'ai compris, c'est un des voisins du deuxième étage qui est allé se plaindre à la mairie il y a quelques jours pour qu'il puisse être de nouveau fonctionnel. Enfin bref, tout ça car le moteur déconnait.
J'entre dans l'ascenseur et m'adosse, nonchalante, contre la paroi métallique. J'appuie sur le bouton indiquant « 0 », pour arriver au rez-de-chaussée.
