Minneapolis , Été 2018
Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau.
Son quotidien va être bousculé à l'instant...
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Du coin de l'œil, je vois Connor se redresser subitement sur sa chaise. Je ne sais pas pourquoi ma réponse l'a fait tiquer, mais quelque chose me dit que je le saurai bientôt.
Il a probablement dû faire le lien entre mon anniversaire et la mort de ma mère. Ses yeux me fixent intensément, ce qui commence à sérieusement me gêner et à peser puisque même si moi je ne le regarde pas, je sens son regard sur moi. Je n'aime pas ça.
— Tu ne vas pas à l'université ? s'étonne Louis en penchant la tête sur le côté.
— Non. Mon père n'a pas les moyens. J'ai essayé d'avoir une bourse, mais je n'ai pas réussi.
Il faut dire qu'avec des résultats comme les miens, je ne risquais pas de la décrocher cette bourse. J'aurais eu mes chances l'année dernière, mais pas cette année.
Il hoche la tête et je remarque que les autres sont tracassés par quelque chose.
— Et tu veux faire quoi, plus tard ? reprend-il.
— J'aimerais être psychologue, rigolé-je, mal à l'aise, mais sans les études c'est compliqué.
Je baisse un peu la tête et souris tristement. C'est vrai que depuis que mon père m'a annoncé que je n'irai pas à l'université — même si je m'en doutais — je n'ai plus vraiment d'objectif dans la vie. Je n'ai plus le goût ni la motivation de faire quoi que ce soit. Mais bon, mon géniteur a trouvé une solution à mon problème et m'a donc annoncé qu'à la rentrée en septembre, je commencerai à travailler en tant que caissière dans un magasin de vêtements.
— Mais bon. Ce n'est pas grave, ajouté-je après plusieurs secondes.
— C'est dommage quand même, fait remarquer Jeffrey.
— Un peu, mais bon, y'a pire dans la vie. Je ne suis pas la plus à plaindre.
Il hoche la tête, puis échange quelques regards avec les autres gars.
— Et tu vas faire quoi à la rentrée, du coup ?
— Je vais travailler. Dans un magasin de vêtements, dis-je sans entrer dans les détails, lui faisant comprendre que je ne souhaite pas continuer à parler de mon avenir peu prometteur.
On change de sujet de conversation puis le repas continue dans la bonne ambiance. Louis essaie de m'apprendre à manger une pizza en temps record, mais ne se rend pas compte qu'il est le seul à trouver ça fascinant, ce qui nous fait tous bien rire.
Je les aide ensuite à débarrasser les cartons qu'il faudra aller jeter aux poubelles, puis on s'installe dans le salon pour regarder un film.
Après de longues minutes de débat, on choisit finalement de regarder un film d'horreur, enfin ce sont plus les gars qui choisissent, moi je me contente d'approuver leur choix à contre-cœur. Je déteste les films d'horreur. Je leur ai dit mais ils ont juste rigolé et affirmé que ça serait justement drôle à voir.
— On peut encore changer vous savez ? je tente pendant le générique, espérant secrètement qu'ils accepteront.
Les têtes se tournent vers moi.
— Je te jure Alexis, que si tu parles pendant le film je te fous dehors, dit calmement Connor mais de façon totalement sérieuse.
Je m'enfonce dans le canapé alors que Louis réprimande Connor tout en se retenant de rigoler.
***
La pub arrive enfin et je pars nous refaire du popcorn. N'y tenant plus, Caleb a fini par m'avouer qu'ils avaient déjà vu ce film mais qu'ils l'avaient choisi pour me faire chier. Je ne l'ai pas mal pris mais j'avoue avoir été très amusée face à cet aveu.
Je sors du sachet les popcorns et les mets dans un bol que je place dans le micro-onde.
Alors que j'attends patiemment, je sens tout à coup quelque chose frôler ma hanche et glisser sur ma taille. Je sursaute et me retourne brusquement, surprenant le regard de Connor sur moi. Mais qu'est-ce qu'il fabrique ? Il est de nouveau tout près de moi. Cette proximité me rend nerveuse pour une raison qui m'échappe, mais pour autant je ne souhaite pas qu'il s'écarte, alors je n'esquisse aucun mouvement.
— Putain Connor, tu m'as fait peur, m'exclamé-je.
— Je sais.
Je lève les yeux au ciel pendant qu'il sourit comme un con, visiblement fier de lui. Il reprend néanmoins son sérieux et me demande d'une voix qui ne laisse transparaître aucune émotion :
— Ta mère est morte le jour de ton anniversaire ?
Je souffle. Ce gars manque cruellement de tact, c'est un fait. Ne voyant aucune raison de lui cacher ce détail, je lui réponds simplement :
— Oui.
Il hoche la tête. Ce n'est qu'à cet instant que je me rends compte que sa main s'appuie toujours contre le plan de travail derrière moi, frôlant ma hanche au passage. Je suis certaine qu'il le fait exprès, alors j'écarte vivement sa main, ce qui lui vaut un nouveau sourire face à ma réaction. L'alarme du micro-onde sonne juste à ce moment et je me retiens de lâcher un soupir de soulagement. Je me retourne pour sortir le popcorn. Mais je sens toujours la présence de Connor dans mon dos, ce qui me perturbe fortement, j'essaie de ne rien laisser paraître. Plus j'apprends à connaître ce mec et plus je le trouve lunatique.
