Chapitre 23

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La semaine qui a suivi mon hospitalisation, mes amis sont passés tous les jours me rendre visite à l'hôpital. Pendant de longues heures, ils sont restés à mon chevet pour m'accompagner dans ce moment étrange. Pour me changer les idées, Louis a carrément sorti ses blagues les plus pourries pour m'arracher le plus de sourire possible. Caleb a ramené son ordinateur portable pour que je puisse regarder des films, car malheureusement pour moi, je n'ai pas de télé dans ma chambre. Jeff, après s'être emporté face à moi, à celui qui a été le plus doux et sans aucun doute le plus présent pour moi. J'ai vite compris qu'il s'en voulait toujours de s'être autant énervé. On a eu une conversation par rapport à ça, il s'est excusé et je lui ai juré de le tenir au courant si j'avais le moindre problème. Depuis il a passé ses journées entières à l'hôpital. Hier au petit matin, j'ai même reçu un appel de Caleb qui était mort d'inquiétude et qui me demandait si son ami n'était pas avec moi. Je lui ai assuré que non. Puis quand une infirmière est venue dans ma chambre, pour me dire qu'elle n'en pouvait plus de Jeff qui avait passé sa nuit à faire des allers-retours entre la salle d'attente et la machine à café, j'ai cru halluciner. Non seulement il était resté à l'hôpital toute la nuit pour une raison qui m'échappe, mais en plus il n'avait prévenu personne.

Dès que l'heure des visites est arrivée, il était le premier dans ma chambre. Je lui ai demandé ce qu'il lui avait pris et j'ai été stupéfaite de voir ses yeux s'embuer de larmes avant qu'il ne me raconte une histoire. Son histoire.

Il m'a tout dit sur lui sans aucune retenue, comme si on se connaissait depuis qu'on était enfant.

Il n'a pas pris de pincettes et est directement entré dans le vif du sujet. Son père battait sa mère quand il était gosse. Il y a eu une fois où ça a été plus loin que les autres fois et elle s'est retrouvée à l'hôpital. Jeff a passé nuits et jours à attendre à son chevet que sa mère aille mieux, malgré le fait qu'elle ne portait pas de grand intérêt à son fils, elle était la seule personne qui le séparait de la solitude. Elle a fini par sortir au bout de plusieurs semaines. Et par chance, quelques mois plus tard, son géniteur a été tué dans un accident tout bête : il a chuté dans des escaliers en béton à son travail et est mort sur le coup. Jeff m'a avoué n'avoir ressenti aucune tristesse à la mort de son père. Ce qui est compréhensible.

Puis est venu le moment où il m'a expliqué que me voir au fond de ce lit d'hôpital lui avait rappelé sa mère, que ça avait réveillé de vieux souvenirs, qu'il avait eu peur et qu'il s'était donc énervé contre moi pour ne rien leur avoir dit, car cet accident aurait sûrement pu être évité. Je lui ai fait signe d'approcher, ai fait un peu de place sur mon petit matelas d'hôpital pour qu'il puisse s'allonger à mes côtés, puis je l'ai serré dans mes bras un long moment. Il a fini par s'endormir contre moi et c'est là que j'ai compris à quel point il avait souffert et que la vie n'avait pas été clémente avec lui non plus. Il a dormi de longues heures, fatigué de sa nuit blanche passée dans la salle d'attente ou à la machine à café. Il n'a pas bougé d'un centimètre, blotti dans mes bras et l'air serein. J'ai eu l'impression de jouer le rôle de mère, celle qui ne lui a jamais apporté l'amour qu'il souhaitait tant.

Luck SmilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant