Minneapolis , Été 2018
Détruite par le décès de sa mère et délaissée par son père après qu'il a sombré dans l'alcool : c'est ce qu'est Alexis Hall, jeune fille de 17 ans à qui la vie n'a pas fait de cadeau.
Son quotidien va être bousculé à l'instant...
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Cet après-midi, je suis enfin de retour chez moi et ça fait franchement du bien. Je dois juste passer récupérer mes affaires à l'appart des garçons pour retourner habiter dans le mien. J'espère juste qu'ils ne seront pas là, je ne supporterais pas de les revoir de sitôt. Mais ça m'étonnerait fortement qu'ils y soient, ils doivent plutôt être en train de se cacher je ne sais où.
En arrivant devant leur porte, je toque tout de même par précaution. Aucun bruit ne se fait entendre. J'abaisse la poignée et comme je m'y attendais, constate que la porte est verrouillée. Je sors alors la clé que Caleb m'avait donnée il y a plusieurs semaines et pénètre dans l'appartement.
À mon plus grand étonnement, personne n'a l'air d'être passée ici depuis mon anniversaire. C'est étrange. Ce qui voudrait dire qu'ils n'ont pas dormi ici du tout et ont sûrement trouvé un autre endroit où loger.
Dans le salon je constate que mon calendrier est toujours posé sur la table basse. Les cases n'ont pas été cochées depuis mon anniversaire et je m'empresse de rattraper mon retard.
Je vais dans la chambre de Connor et remarque qu'elle est restée intacte depuis quatre jours, tout comme les autres pièces.
Cependant un détail m'interpelle.
La photo que j'ai observée la semaine dernière, celle où les cinq gars sont affalés sur le canapé, a été décrochée du mur. Je la saisis du bout des doigts et la retourne. Cinq petits mots y sont inscrits. Cinq petits mots, qui, sans même le savoir, viennent de changer ma vie.
« Nuit du 4 juillet 2018 »
Je fronce les sourcils et des bribes de chaque moment que j'ai trouvé étrange ces dernières semaines me reviennent subitement en tête.
Notamment les paroles de Jayden « Me dîtes pas que vous êtes toujours bloqués sur ce qui s'est passé l'année dernière ?! », « Sérieux les gars c'était y'a un an, tournez la page ! », « J'étais bourré, j'avais pas toute ma tête. ».
Celle de Caleb : « Tu t'es cassé comme un voleur et tu t'es même pas pointé au commissariat bordel ! »
Celles de Connor quand il me parlait de la photo que j'ai en ce moment même dans les mains : « On s'était sacrément bien bourré la gueule ce soir-là. », puis il avait ajouté, plus bas et plus pensif : « Je m'en rappellerai toujours... »
Ma parole : « Tant qu'il a tué personne, moi, ça me va. ». J'avais vu leur visage devenir livide après mes paroles, mais je n'avais pas compris pourquoi.
Et puis bien entendu il y a cette nuit-là où j'ai tagué l'immeuble, j'avais surpris une discussion entre les garçons, Connor s'était adressé à ses amis : « Tu comprendras quand t'auras fait le lien. Quand vous comprendrez vous me tiendrez au courant pour qu'on trouve une façon de lui annoncer la nouvelle, je pense qu'elle aimerait connaître la vérité. ».
Mais il y a aussi les gestes, les regards et les réactions qui en disaient long sur le fond de leur pensée.
Quand j'ai annoncé la date du décès de ma mère à Connor.
Le regard qu'avait lancé Caleb à Connor le matin de mon anniversaire. Connor avait hoché la tête, et les gars paraissaient choqués. Il venait de leur faire comprendre quelque chose.
Je rigole nerveusement. Ça me parait soudain être une évidence.
Jayden a tué ma mère en voiture.
Car il était bourré, il a pris la fuite.
Avec à son bord : Caleb, Louis, Jeffrey et Connor.
C'est pour cette raison qu'ils ne sont plus amis, parce qu'il ne s'est jamais pointé au commissariat.
C'est pour cette raison qu'ils ont réagi bizarrement à la blague « tant qu'il n'a tué personne, moi, ça me va » alors que ce même type avait tué ma mère sans que je ne le sache.
Si j'avais su, putain. Si j'avais su.
Des larmes de rage s'écoulent sur mes joues et je sors de la chambre en claquant la porte.
Et je hurle pour me défouler.
Je hurle pour ma mère qui a été tuée à cause de ce putain d'imbécile de Jayden.
Je hurle pour le temps que j'ai mis à comprendre que je vivais avec une partie des gens responsables de la mort de ma mère.
Je hurle pour évacuer cette colère qui me monte à la tête à une vitesse folle.
