E1 | DÉFI N-7 ● Gagnant { 1 }●

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Le texte de VALEM77 ! 

(La mise en forme n'a pas disparu pour la première fois, Light est joie) 


***

Allongé sur mon lit, un sachet de pop-corn éventré à portée de main, je zappais d'une chaîne à l'autre. Mes yeux commençaient à piquer, signe annonciateur de leur fermeture imminente. Le soleil venait à peine de se lever, mais moi, je vivais lorsque l'obscurité approchait. Depuis quelques mois, « Chasse et Pêche » et autres émissions animalières avaient remplacé le sommeil de mes nuits.

Cela avait commencé insidieusement. Petit à petit, je m'étais isolé de mes amis, de mes parents, de mon frère. Même de mon chat. « Crise d'adolescence » avait diagnostiqué le médecin que ma mère m'avait envoyé consulter après mon décrochage scolaire. J'avais fini mon année ici, entre les quatre murs de ma chambre, sortant à peine pour me rendre aux toilettes. La salle de bain ne recevait plus que rarement de mes nouvelles.

Un rai de lumière traversa la pièce et alla frapper le mur où s'alignaient les photos de mes proches. C'était la première fois que je les regardais depuis que j'avais franchi la barrière de mes six ans. Des souvenirs heureux, de ceux que l'on prend en photo. Un tour de carrousel lors d'une fête foraine; un gros gâteau arborant fièrement ses bougies, surmonté d'un visage à la mine gourmande; une balade en famille dans la campagne ensoleillée d'une journée d'automne.

À une autre époque, l'évocation de ces jours heureux m'aurait fait sourire. À présent, je doutais d'avoir vécu des moments comme ceux-là, simples et joyeux. Mes pensées s'étiolaient souvent, sans que je ne sache pourquoi. J'avais toutes les peines du monde à me concentrer sur mes pensées, comme si ce n'était plus moi qui les dirigeais. Bref, j'étais complètement largué...

Tandis que le soleil envahissait mon antre et réveillait l'armoire assoupie, le bureau ankylosé et la carpette bleue engourdie, je sentais le sommeil me gagner.

En zappant au hasard, je tombai sur une rediffusion du dernier discours léthargique du Pape lorsque, tout à coup, il s'adressa à moi :

— Yvan, tu dois aller répandre ton essence sur le monde.

Interloqué, je m'assis sur mon lit et sentis un stress remonter des profondeurs de mes entrailles, un picotement qui mit en alerte tous les pores de ma peau. Il s'adressait à moi et à moi seul. Comment était-ce possible ? Devant mes yeux horrifiés, son visage se déforma, se recouvrit d'une pellicule visqueuse, comme si sa peau se transformait en gélatine. Ses yeux perçants accrochèrent mon regard. Ils virèrent au rouge cramoisi.

Une terrible odeur de chair brûlée envahit soudain mes narines, puis je vis cet homme en habits blancs s'enflammer, telle une torche vivante. Pourtant, ce feu qui le dévorait ne semblait nullement le gêner. Il recommença à me parler, de sa voix profonde et inquiétante.

— Tu es le nouveau messie, tu dois sauver ce monde de la destruction !

Je sentis mes membres se contracter, comme s'ils ne répondaient plus à mes ordres. Un fil épais sortit de mon poignet gauche et se tendit en meurtrissant mes chairs. Un liquide visqueux et empestant le fer commença à couler le long de mon avant-bras. Un deuxième tendon perça la peau de mon poignet droit, y faisant les mêmes dégâts. En m'arrachant un cri de douleur, ils se tendirent soudain et écartèrent mes bras horizontalement, formant une croix avec le reste de mon corps.

— Lève-toi ! reprit la voix. Marche vers ton destin !

Mes jambes se raidirent et mes pieds prirent appui sur le parquet ciré qui craqua sous mon poids. Sans que je puisse esquisser le moindre geste pour l'éviter, un pieu de bois transperça la plante de mes pieds et se tailla un chemin jusqu'à s'enfoncer dans mes chevilles.

Recueil de Textes {Livre Annexe du Recueil de Défis}Where stories live. Discover now