E2 | Défi N-1 ● Gagnants [Part 2] ●

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Il reste deux autres textes ! 


L-ivre 

Il y a foule autour de moi, pourtant je n'ai d'yeux que pour elle.


Elle se tient au bord de la terrasse. Elle s'est assise dans un fauteuil, un bras reposant sur l'accoudoir à l'extrémité duquel ses doigts se recourbent légèrement, et a replié l'autre juste sous sa poitrine. Sa main de droite, d'une délicatesse de porcelaine, étreint sans contrainte son poignet de gauche, au niveau de la manche. 


Elle est vêtue simplement, sans parure ni fioriture, quoique les couleurs de sa tenue évoquent l'émeraude et l'or. À son décolleté le tissu se plisse, comme un éventail que l'on aurait retroussé, et l'encolure, coquettement, révèle la naissance de ses seins. Son corsage ceint des épaules dont la douceur des courbes évoque ces reliefs de collines, bien loin des aspérités qui se déploient derrière elle. 


Elle me fait face, mais sans tout à fait tourner le dos au paysage, plutôt de trois quarts, un peu comme si elle venait d'émerger de sa contemplation. Des sentiers serpentent à travers l'immensité de la vallée, et un pont de pierres, à arcs, mène à un lac que des montagnes bordent. Leurs sommets, dans le lointain, sont drapés de brume, et le ciel a cette couleur des fins d'après-midi d'été où l'orage ne semble tarder à poindre ; pourtant le soleil persiste et a dardé ses feux sur elle, comme autant de projecteurs, ambrant sa peau de femme du Sud. Sa gorge reflète la lumière, juste là où se trouve le cœur ; toutefois des zones d'ombre subsistent sur sa figure, et la couvrent de charme et de mystère. 


Son visage est encadré par des cheveux dont les boucles semblent avoir été façonnées dans cette terre qu'utilisaient nos ancêtres pour sculpter leurs idoles ; comme par pudeur, ils sont dissimulés sous un voile qui cascade dans son dos, ainsi qu'une enveloppe de fumée. La rondeur de son menton se prolonge de part et d'autre et dessine une mâchoire en triangle, que réhaussent ses pommettes. Tout semble cependant graviter vers le nez, un nez de statue d'Hellènes, avec, de chaque côté, ses yeux. Ses iris sont baignés de cette même brume qui recouvre les monts, et le liseré de ses paupières leur donne l'air de rire. Son arcade a été entièrement épilée, et l'absence de sourcils confère à son expression une singularité, une altération qui me rappelle la face de la Lune. 


Son regard me trouble : bien que ses prunelles paraissent ne pas se mouvoir, c'est comme si elles me suivaient dans chacun de mes déplacements. Mais ce n'est presque rien en comparaison avec ses lèvres, dont elle étire les commissures, si imperceptiblement, qu'elle paraît à la fois sourire et ne pas sourire. Comme si elle avait conscience de ses atouts, mais faisait mine de les ignorer, prenant davantage de plaisir à se faire désirer. 


À vrai dire, je n'arrive pas à savoir ce qu'elle pense. Peut-être se moque-t-elle. Après tout, elle a l'habitude d'accaparer sans effort l'attention. Voler la vedette aux autres célébrités est un jeu pour elle, et je suis loin d'être le seul à m'attarder sur sa physionomie : en réalité, ce sont tous les yeux qui sont rivés vers elle. Présidant depuis sa fenêtre en or, asseyant sa domination sans mots, elle est la reine de ces lieux. 


Ah ! Mona Lisa !


*** 

laguerra_mcdo  

Au fond des ténèbres, au milieu des hordes d'astéroïdes qui se battaient en duel, subsistait un rocher de sang et de pleurs. De sang, parce qu'il était tacheté de volcans, qui abritaient en leur sein des dizaines de milliers de degrés de lave, toujours prêts à se déverser, à s'entrechoquer, faisant de jour en jour s'agrandir le rocher. De pleurs, puisqu'une pluie d'acide ravageait sa surface, réduisant les efforts des volcans à néant, accompagnée d'un martèlement de météorites qui contribuaient à grignoter encore un peu plus le sol.

Recueil de Textes {Livre Annexe du Recueil de Défis}حيث تعيش القصص. اكتشف الآن