E1 | Défi N-6 #2 ● Coup de Coeur ●

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Ce Coup de Coeur est mérité par -Synecdoque- ! 


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  Calembredaines ! Sottises ! Bêtises ! Balivernes ! Billevesées ! Sornettes ! De tous ces mots qui désignent une histoire absurde : « calembredaines » reste le plus avisé. De défense, d'attaque, de parade, de contre-arme mais également pour intimider le foutriquet, c'est un indispensable de la bonne société. Il fait fuir le maraud, insuffle un peu de tenue au plus cuistre et dissuade les plus forbans d'user de leurs mistoufles. Qui n'a jamais point rêvé qu'en un seul mot, le flagorneur cesse de mugueter ? Que cela est bon de faire taire un maroufle dès qu'il détorque un dit en seulement quatre simples syllabes...Quelle belle collection de marionnettes qu'est le monde ; mais leurs fils sont trop apparents, on voit venir la scélératesse à peine leurs becs ouverts, par ma foi ! On ne croise plus dans les rues que jean-foutre et paltoquets. 

  Voici une histoire qui abalourdira les plus malotrus de l'assemblée qui me prêtent leurs écoutilles et qui expliquera pourquoi diable ce mot qu'est « calembredaines » reste toujours bien calé au fond de ma besace : 

  Il y a bon nombre de lunes de cela, étant confiné dans ma demeure, j'eus dû envoyer une missive urgente à la donzelle d'un royaume voisin qui, pour tout vous dire, m'instruit sans me faire débourser ne serait-ce qu'un seul sou ! La peste noire ou une de ces autres sataneries rodait dehors et attendait patiemment que quiconque sorte pour lui ôter la vie... Jarnicoton, nous nous serions cru au temps de ce bon Charles VIII ou moult brigands n'hésitaient pas, sans crier gare, à vous envoyer d'un coup sec d'opinel tout droit à l'alfange ! Tout cela ne sont que divagations mais sont fort utiles pour comprendre à quelque point Belzébuth rodait. 

  Je reprends donc... En ces temps où l'acagnardage envahissait les chaumières, je continuai ardemment à parfaire mon érudition. Chaque soleil nouveau que Dieu apportait était de mise avec un nouvel ordre par pigeon voyageur fraîchement arrivé sur un bout de parchemin, écrit à l'encre fraîche. Cela passait d'une traduction en latin à quelques exercices d'algèbres. Et chaque nuitée, je renvoyai mon travail fait avec le plus grand soin.  

  Un beau matin, ne découvris-je pas avec stupeur que certains de mes travaux ne furent jamais arrivé en possession de mon instructrice ! J'avais donc sur le dos une disparition de mon dut par la faute de je ne sais quelle aspiole et un message empli de surprise m'indiquant que je recevrai donc 0 pour travail non rendu ! Imaginez-vous à quel point je fus dans le margouillis ! Pour ne rien cacher, ma trombine d'éplapourdi ressemblait tout bonnement au chiffre qu'on venait de me desservir. 

  « Calembredaines, m'écriais-je alors, quelle avilance absconce m'est ainsi porté ! Je renvoi aussitôt mon labour ». Et je renvoyai alors, très tôt, avant que les premières pâles lueurs ne chevauchent la rosée du matin, une chouette bien hardie pour porter mon message. 

  L'instructrice, en voyant ce fin mot en fut si fort-aise et amusée qu'elle déclara qu'évidemment mon messager ailé à bien du perdre mon précieux parchemin. Après analyse et réception de celui-ci, je fus gracié de cette si basse notation et même honoré à sa place de la plus haute qu'il puisse être et fut donc affublé d'un 2 en face de mon 0. 

  Comme quoi, d'un si petit mot, on arrive parfois à de grands changements ! 


Recueil de Textes {Livre Annexe du Recueil de Défis}Where stories live. Discover now