E1 | Défi N-1 ● Meilleure Tragédie ●

59 10 14
                                    

  Texte appartenant à louloute2500

  Bonne Lecture :) 

  Trop de bonté dans l'être de ce SDF.

 ***** 

Décompte d'un oublié

J -20

— Le coronavirus arrive ! Le coronavirus ! crachote le haut-parleur de ma vieille radio.

D'une oreille attentive, je suis les propos alarmants que dispense l'animateur.

Des semaines que l'on martèle la même rengaine. Ce mot « coronavirus » est sur toutes les lèvres, dans toutes les bouches. Alors qu'il n'était qu'une menace presque lointaine, le voici désormais entrer dans l'hexagone se propageant à une vitesse effréné.

Tandis que la population tremble et que tous attendent le discours de notre président, des rumeurs de confinement s'élèvent dans la tempête qui nous frappe de plein fouet.

J-15

Sous un crachin particulièrement morose, je prends mon poste. Blotti dans un coin de la devanture du supermarché, ma casquette posée à même le sol, je regarde les clients s'engouffrer dans la bâtisse avec une fièvre peu commune. Les caddies défilent dans une chorégraphie incessante et les esprits s'échauffent.

Circonspect, je guette la meute qui ressort. Leurs chariots débordant de victuailles me notifient que la fin du monde est proche.

Au fil de la journée, la tension déjà palpable monte d'un cran à mesure que les heures s'égrainent.

Perturbé par un brouhaha anormal, je me lève et fixe ces deux femmes qui se battent pour un paquet de papier toilette.

Un rictus méprisant déformant mon visage, je songe à tous ceux qui — comme moi — non même pas de quoi se payer un repas.

Quelle ironie !

Rythmé par les altercations qui se font plus présentes, plus virulentes, je reste jusqu'en fin d'après midi.

Tandis que je ramasse mes affaires j'aperçois l'apocalypse s'abattre dans l'hyper. Désormais, on se presse, on se bouscule sans aucun ménagement foulant au pied notre devise : liberté, égalité, fraternité.

De l'indifférence, aux rayons dévalisés en quelques heures, je vois la pandémie gagner du terrain. Bien plus invasive que le covid-19, l'individualisme que je décèle au fond des prunelles de mes concitoyens qui me regarde à peine me terrifie.

J – 10

Le soleil brillant perce le ciel d'un bleu cristallin dépouillé de nuage. À en croire la météo clémente, cela annonce les prémices d'une magnifique journée.

D'habitude à cette heure et avec pareille douceur, les allées du centre-ville de Besançon sont déjà bondées. Animé par le bruit frénétique des pas des badauds qui martèle les pavés, ainsi que la mélodie de leurs discussions. Mais, aujourd'hui tout est en suspend.

Jour après jour, j'ai été témoin du drame. Les rues anormalement désertent à des heures de fortes influences. Peu à peu, j'ai vu les rideaux des magasins se baisser pour cause de confinement. Le gouvernement a été sans appel : cette solution est notre planche de salue à tous.

Au point où aujourd'hui je suis le seul irréductible à braver l'interdit. Mais il ne faut pas oublier que ce qui est interdit pour vous, ne l'ai pas pour moi SDF.

Recueil de Textes {Livre Annexe du Recueil de Défis}Where stories live. Discover now