Recueil de Textes {Livre Annexe du Recueil de Défis}

E1 | Défi N-2 #2 ● Image N°1 ●

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 Ce texte appartient à Shad_Eau 

 Bonne lecture, l'image choisie est en média ! 

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  Le ciel se déverse comme ça, croule sur les herbes dorées. Le soleil brûle loin derrière et crache son ardente chaleur faisant rougir le blé. L'air porte une vague odeur de terre aride, ce relent tenace qui prend au nez et agresse la gorge. Lourd, le vent agonise mais pousse les herbes sur son passage à s'incliner. Il cache sa médiocrité le vent. Il cache sa médiocrité puisqu'il n'arrive même plus à chasser les nuages paresseux, inertes, arborant une blancheur hypocrite alors qu'ils ne cachent qu'une sombre pluie. L'été s'étend, maître des lieux.

  C'est là, au milieu du champ, que grandiose et médiocre se côtoient. Se mêlent. Se bagarrent, se brûlent ; du parterre sombre au bleu d'obscurité, du doré enflammé aux nuages clairs.

  Le silence résonne. Dans cet instant de guerre intime, la brise caresse.

  Et puis, deux silhouettes de profil. L'herbe bat leurs chevilles. Alors que tout se compresse et se tord, la fille s'envole en lambeaux. Plantée là, elle défie droite et fière le monde. Pourtant elle n'en a que faire de ce monde. Ses yeux s'ancrent dans ceux d'un amant, un ami, un inconnu, que sais-je ! Lui courbe l'échine, la surplombant d'une tête. Il la cherche et posa la main sur l'une des taches roses qui constituent encore la fille déchirée par la fumée. Ces filaments arborant un gris délicat glissent hors d'elle, douceur au centre de la violence.

  En soi, ces deux êtres auraient pu être vous et moi. Des cheveux bruns, une peau caramel, des mains, deux visages de la société ; un Roméo et une Juliette, un frère et une sœur, séparés par le temps pour longtemps à présent. Ils en vomiront de cette séparation, ils recracheront leur âme, leurs boyaux, tout ça plus tard et ils en souffriront. Mais pour l'heure, seule leur présence compte et ça se voit à leur regard planté l'un dans l'autre alors que pénombre et lumière se battent derrière eux.

  Cet instant irréel sera figé à jamais.