Dans mon coeur et dans ma tête 2 : Captive

La clé c'est toi

Amélie ouvre les yeux lentement, étourdie par la lumière vive qui baigne dans la pièce. Elle cligne plusieurs fois des yeux, essayant de s'habituer à l'environnement qui l'entoure. Elle est allongée sur un lit d'hôpital, une perfusion attachée à son bras gauche. Tout lui semble flou et confus, comme si elle sortait d'un rêve profond. Soudain, les souvenirs affluèrent. Ugo, son frère, et Louis sur l'île, le sourire de Asha, Sandro son agresseur, et l'arme à feu qui l'a tué. Cette scène qui tourne en boucle dans sa tête, lui fait revivre sans cesse sa mort. La détonation, le corps inerte, le visage d'Elio et surtout son manque de réaction.

Amélie baisse les yeux et observe ses bras. Elle y découvre les bleus qui recouvrent sa peau visible.  Elle frissonne en repensant à la douleur, à la terreur qui l'avait envahie, et à la colère qui bouillonne en elle.

Chaque plaie semble dégager une colère féroce, comme si la douleur avait pris forme et cherchait à sortir de son corps. Elle se mit à trembler, envahie par une rage sourde.

Amélie se leve lentement du lit, prenant garde à ne pas trop solliciter ses blessures. Elle se dirige vers le petit miroir accroché au-dessus du lavabo de la salle de bain de sa chambre d'hôpital. Elle s'arrête devant lui, hésitant un moment avant de lever les yeux pour se regarder.

Elle fixe son reflet dans le miroir, prenant lentement conscience de la gravité de ses blessures. Elle a un gros bleu sur la joue gauche et ses yeux sont gonflés. Les ecchymoses sur ses bras sont encore plus visibles maintenant qu'elle est debout. Elle se sent envahie par une étrange sensation de honte et de colère.
Elle serre les poings, elle déteste profondément Sandro pour ce qu'il a fait, mais elle déteste encore plus ce qu'il lui a laissé, ces marques qui lui rappellent à jamais cette nuit cauchemardesque.

Elle se sent impuissante, comme si elle n'avait aucun contrôle sur son propre corps. Elle aurait voulu effacer ces bleus, faire disparaître toute trace de violence et de peur. Elle aurait voulu se réveiller d'un mauvais rêve et retrouver sa vie d'avant. Mais elle sait que cela est impossible. Elle doit faire face à la réalité, à ce qui est arrivé, à la douleur qui la tiraille et aux marques qui recouvrent son corps. Elle doit trouver un moyen de se reconstruire, de guérir, et de surmonter cette épreuve.

Elle ferme les yeux et respire profondément mais rien y fait cette colère est là, et c'est ingérable pour elle. 

Amélie se retourne lentement pour regarder la chambre d'hôpital autour d'elle. Elle se rappelle d'un moment similaire, il y a quelques années, lorsqu'elle avait choisi de pardonner à Sébastien, après qu'il l'aie envoyé à l'hôpital. Elle se souvint de l'angoisse qu'elle avait ressentie, du doute et de la colère. Elle avait choisi de lui pardonner, de continuer à vivre sans peur. Mais maintenant, elle est différente. Cette fois-ci, elle se sent étrangement à l'aise dans sa solitude, appréciant la garantie de sécurité que cette chambre d'hôpital lui offre. Elle a besoin de temps pour réfléchir à ce qu'elle veut vraiment, à ce qu'elle est prête à accepter et à ce qu'elle est prête à laisser partir.

Alors qu'Amélie est perdue dans ses pensées, le médecin entre dans la chambre. Elle tourne son regard vers elle, prenant conscience soudainement de son environnement.

- Bonjour Amélie, comment vous sentez-vous ?

- Je ne sais pas vraiment...

Face au médecin, Amélie reste figée face à son reflet dans le miroir, les yeux larmoyant de détresse.

- Vous êtes courageuse, vous êtes une femme extraordinaire qui surmontera cette épreuve. Ce n'est qu'une image qui finira par changer.

Le visage d'Amélie se crispe à l'évocation de la guérison. Elle se sent toujours perdue dans la violence des événements qui l'a conduite à l'hôpital. La douleur, la colère et la confusion la submergent à chaque instant. Elle n'arrive pas à se défaire des images de Sandro, son agresseur, et de sa passivité lorsqu'elle l'a vu allongé sur le sol.