Lumarave I [Fantasy]

Chapitre IV - Joon

Forêt des Hautes-Forges,

Contrée Libre

Le vaisseau s'était écrasé avec une violence inouïe malgré les nombreux arbres qui avaient amortis sa chute. A en juger l'odeur carbonisée du bois, tout prenait feu autour du lieu du crash. D'innombrables débris éparpillés jonchaient le sol terreux de la forêt, aperçue de là-haut. L'atmosphère était devenue calme d'un coup. Seuls les crépitements du feu se faisaient entendre. Quel dommage de savoir toute cette nature en proie à la catastrophe créée.

Joon mit plusieurs minutes avant de réaliser qu'il était encore en vie. La mort n'était pas pour tout de suite, encore une fois. Combien de temps lui restait-il donc avant que la prochaine soit la dernière ?

Il finit par réussir à lentement ouvrir les yeux, son corps allongé dans l'herbe fraîche dont il pouvait sentir les quelques gouttelettes restantes de la rosée du matin à travers ses vêtements. Son dos lui faisait terriblement mal et un mal de crâne l'avait envahi, faisant l'effet d'un tambour fou. Il tenta de faire bouger ses mains puis ses pieds et fut soulagé de constater que ses membres réagissent à sa volonté.

Joon soupira. Tout était calme. C'était agréable. Le silence avait tant manqué à sa vie durant ces dernières vingt-quatre heures. L'envie de faire une sieste le titillait sauvagement tant il était épuisé de se battre. Mais cette petite voix intérieure, voix qu'il avait ô trop souvent fait taire par le passé, jaillit et lui implora de ne pas céder à cette tentation trop intense. Il l'écouta. C'était peut-être bien la première fois de sa vie qu'il l'écoutait.

Il bougea la tête pour observer ce qui l'entourait et peu à peu prendre conscience des dégâts qui l'entouraient. Soudain, son cœur eut un raté si fort qu'il trouva la force de se relever en apercevant son amie de toujours près du vaisseau éventré, le corps coincé dans les débris du vaisseau. Inconsciente...

« Oh non... Non, pas elle... Pitié... »

D'une démarche gauche, il réussit à l'atteindre et puisa dans ses dernières forces pour la dégager de là. Elle avait de nombreuses coupures mais c'était l'état de son bras qui l'inquiétait le plus. Un morceau de chair avait été arraché et on pouvait apercevoir le blanc d'un os. Elle respirait avec difficulté.

— Saraeh ? Tu m'entends ? dit-il en la remuant avec précaution.

Pas de réponse. Pas même un simple geste. Pris de panique, Joon dégrafa les premiers boutons de sa tunique de façon à observer sa cage thoracique.

Là se trouvait une cavité, comme creusée dans le corps mais naturellement présente depuis la naissance, avec comme greffée à l'intérieur une petite boule bleutée lumineuse, semblable à une pierre. Son scintillement était plus faible que la normale. Joon déboutonna à son tour sa chemise, laissant apparaître la même pierre juste au-dessus de sa poitrine, mais bien plus lumineuse que celle de Saraeh. Il posa une main sur la sienne et l'autre sur celle de son amie en prenant une profonde inspiration. Après quelques secondes de concentration, il découvrit les pierres. L'éclat de celle de la jeune femme s'était intensifié et son souffle amélioré. Il l'avait sauvé juste à temps. Que ce serait-il passé s'il était arrivé ne serait qu'une minute plus tard...

Saraeh finit par ouvrir les yeux un instant plus tard dans ses bras et le regarda d'un air malade, fatigué et incompréhensif à la fois.

— Joon ? parvint-elle finalement à articuler.

— Tout va bien, d'accord ? On... On s'est écrasés. Fais attention, tu es blessée et... ton bras est dans un sale état.

Malgré les recommandations, elle remua avec prudence son membre. Une douleur insupportable la traversa alors.