Chapitre IX - Aïmar

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Village des Hautes-Forges,

Contrée Libre

Aïmar se réveilla bien plus tard que d'habitude. Après avoir mangé le copieux repas que lui avait offert Robs la veille, il s'était directement effondré dans son lit sans avoir pris de douche et sans même avoir pris le temps de se déshabiller. Finalement, il avait dormi presque une journée entière et ce malgré la lumière du soleil qui baignait la chambre depuis le matin.

Dans la cuisine, il constata que le réservoir d'eau était plein. Noël avait dû le remplir pour qu'il ne force pas sur sa blessure en le faisant lui-même. Il fit chauffer de quoi remplir une bassine puis prit un plaisir fou à enlever toute la crasse accumulée depuis des jours sur sa peau, en prenant soin de ne pas trop toucher sa plaie à peine refermée. Il aurait bientôt une belle cicatrice sur le flanc droit. Ce serait la quatrième. Celle sur son bras gauche résultait de la mauvaise manipulation d'une lourde barre de fer aux forges, quelques années en arrière. La seconde, sur sa jambe droite, datait de son enfance. Il devait avoir aux alentours de six ans lorsqu'il s'était emmêlé dans des barbelés en voulant absolument entrer dans une usine désaffectée. Quant à la dernière, il préférait l'oublier. Déjà à cette époque, Feon avait failli perdre la vie à cause de son imprudence.

Et aussi... c'était ce soir-là que ses amis avaient appris la vérité sur lui.

Après avoir mangé rapidement quelques restes, il passa rapidement chez l'infirmière pour changer ses pansements. Elle ne releva aucun problème apparent mais lui recommanda tout de même la prudence. Le village des Hautes-Forges, en plein après-midi, était quasiment désert. Seuls quelques étrangers de passage allaient et venaient dans la poignée de boutiques encore actives. Sur la place, Robs préparait déjà le repas du soir. Aïmar lui fit signe de la main en passant devant son comptoir. Une délicieuse odeur s'en échappait déjà.

- Tu montes encore au Bastion ? lui demanda le restaurateur en épluchant des carottes.

- J'ai promis d'y retourner aujourd'hui.

Il commença alors à arpenter le long chemin menant à la forteresse, en haut de la montagne avoisinante. L'ascension était plus facile que celle de la veille ; la douleur était bien plus supportable.

***

Arrivé au sous-sol du Bastion, il s'avança, presque hésitant, vers les cellules, espérant ne pas déranger leurs occupants. Ses craintes furent dissipées quand il aperçut Joon et Saraeh se rapprocher des grilles de leurs cellules en entendant le bruit de ses pas.

- Bien dormi ? interrogea Joon. Tu as l'air en meilleure forme qu'hier.

- Une journée entière passée au lit aide à aller mieux.

Le jeune homme prit place sur le sol de pierre comme la veille. Il se sentait mieux mais Lauria avait raison ; mieux valait ne pas en demander trop à son corps pendant quelques temps.

Il remarqua alors le livre que posa Joon dans un coin. La couverture lui était familière ; il s'agissait du premier ouvrage qu'il avait lu en arrivant aux Hautes-Forges sept ans plus tôt.

- Je le reconnais. C'est Fenril qui te l'a apporté, je parie. L'histoire des Hautes-Forges t'intéresse ?

Joon hocha la tête avec entrain.

- En arrivant ici, j'ai aperçu de la fumée sortant des bâtiments sur la colline près du village. Fenril m'a appris qu'elle provenait de forges, alors j'ai eu envie d'en apprendre un peu plus.

Aïmar sourit, voyant en lui l'enfant qu'il était en arrivant aux Hautes-Forges. Il vit ensuite le curieux objet qu'était en train de manipuler Saraeh. La jeune femme remarqua son air curieux et le lui tendit à travers les barreaux pour qu'il puisse mieux regarder.

Lumarave I [Fantasy]Where stories live. Discover now